TABGHA 2021 fera date !

Après une première journée d’échange en mars 2020, le projet TABGHA, qui veut dire Table Associative pour une Bonne Gestion Humanitaire de l’Alimentation, a réuni de nombreux partenaires de la lutte contre la précarité alimentaire à l’ISEN Toulon, le 17 juin dernier.

Rendez-vous était donné dans les locaux de l’ISEN, à Toulon, jeudi 17 juin dernier, pour une journée d’échange autour de la précarité alimentaire. La deuxième de ce type, après celle de mars 2020, qui concrétisait déjà la mise en place d’un projet visant un double objectif d’équité sociale (donner à tous de quoi manger décemment) et de respect de l’environnement (lutter contre le gaspillage, gérer les déchets et favoriser une consommation saine) (voir l’article paru en août 2019 dans Iota ICI). Un projet impulsé par l’UDV, coorganisé avec le Comité Départemental d’Éducation pour la Santé (CODES 83) et soutenu par de nombreux partenaires (la Préfecture du Var, l’Agence Régionale de Santé, le Ministère des Solidarités et de la Santé via la « Stratégie nationale de prévention et le lutte contre la pauvreté », la Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités (DDETS) ou encore la Mairie de Toulon avec la présence le 17 juin de Dominique Andreotti, adjointe aux solidarités de la ville de Toulon).

Dominique Andreotti, adjointe aux solidarités de la ville de Toulon, était présente

Devant une quarantaine de personnes, le président de l’UDV, Thierry O’Neill, a d’abord pris la parole avant de céder la place aux différents intervenants comme Lionel Poulet (CODES), Angélique Fritz (DDETS), Marie Amandine Vermillon, co-fondatrice de Belle Bouffe, une association lyonnaise qui agit, comme l’indique son site Internet, « pour moins de gaspillage, plus de transparence, de justice et d’autonomie alimentaire » (cliquez ICI) et Laurent Seux, responsable du programme « Ensemble, bien vivre, bien manger » du Secours Catholique Caritas France, qui peut se décliner par « écouter la clameur de la terre et les cris des pauvres et y répondre ».

La journée a permis de faire un retour sur les trois ateliers préparatoires qui l’ont précédée (celui du 17 mai autour de la réduction du gaspillage et des déchets, celui du 27 mai sur le thème « associer les personnes à la confection des repas » et celui du 8 juin sur les outils et pratiques permettant de « restaurer l’autre »). La matinée étant consacrée à un échange d’idées et d’expérience en amphithéâtre, l’après-midi à des ateliers à thème en plus petits groupes.

« Intéressant d’avoir des regards extérieurs, de Lyon ou de Paris »

Pour Gilles Rebèche, diacre délégué diocésain à la solidarité dans le Var, et fondateur de l’UDV, « Il faut garder la culture de ce genre de journées. Donner à manger ce n’est pas seulement du pain mais c’est aussi du sens, du projet, de l’amitié, de la reconnaissance. Je plaide beaucoup pour l’éthique de la considération car ce n’est pas la même chose de recevoir un colis alimentaire et d’être reçu à table. Cette question de l’aide alimentaire pose la question du vivre ensemble dans la société. C’était intéressant d’avoir des regards extérieurs, de Lyon ou de Paris et de pouvoir s’appuyer sur des partenaires qui ont mis à contribution leur savoir-faire » (voir plus bas  l’interview de Gilles Rebèche parue dans l’édition toulonnaise de Var-matin le lendemain de cette journée d’échange).

Laurent Seux, responsable du programme «Ensemble, bien vivre, bien manger» du Secours Catholique Caritas France : « Nous nous inscrivons dans le droit à l’alimentation ».

Laurent Seux, micro en main, lors de sa prise de parole

Présent à cette journée d’échange TABGHA du 17 juin dernier, Laurent Seux a dressé un bilan sans appel sur l’urgence à placer la précarité alimentaire au cœur des débats.

Extraits :
« A l’initiative du programme dont je suis responsable, il y a une réflexion assez forte qui est menée sur le fait que la question de l’alimentation peut faire l’objet de mesures concrètes pour agir auprès des démunis ! Le Secours Catholique a mis la question de l’alimentation au centre de ses préoccupations. Ce qui nous marque, c’est la réalité d’une forte fracture alimentaire entre ceux qui peuvent manger ce qui veulent manger.
Il y a trois catégories :
– La première est composée de ceux qui mangent à leur faim et à leur guise et dont le pouvoir d’achat leur permet de choisir leur alimentation.
– La deuxième regroupe ceux qui y arrivent à peu près selon leurs revenus.
– La troisième, c’est ceux qui n’ont d’autre choix que demander à manger. Le nombre de personnes bénéficiant de l’aide alimentaire était de 2,7 millions en 2009, il est de 7 millions aujourd’hui ! Cela interroge….
La crise COVID a fait émerger de nouvelles demandes, comme celles faites par les étudiants. La moitié des bénéficiant de l’aide alimentaire y ont eu recours en 2020. Cela prouve l’ampleur de la crise COVID. Il faut aussi souligner les impacts sur la santé : plus les budgets sont serrés, plus les choix sont contraints et plus la qualité nutritionnelle baisse. On trouve d’ailleurs des écarts d’espérance de vie très forts entre les différentes classes sociales.
Enfin, il y a aussi ce que j’appelle « La terre ». 22 % des agriculteurs français vivent sous le seuil de pauvreté ! C’est la catégorie socio professionnelle qui est le plus représente sous le seuil de pauvreté.
Pour faire face à tout cela, le Secours Catholique plaide notamment pour une augmentation des minimas sociaux. On sait qu’une alimentation de qualité, c’est cher. Nous nous inscrivons dans le droit à l’alimentation.
Pour se faire, nous travaillons sur quatre points :
– Les projets liés à l’alimentation doivent être collectifs et participatifs. Les personnes en précarité doivent y avoir leur place.
– Il faut être dans une logique territoriale et partenariale car la question de la précarité alimentaire se traduit de manière différente selon les lieux.
– Il faut prendre en compte la dimension culturelle des personnes, leur dignité.
– Il faut établir un cahier des charges respectueux d’une alimentation durable ».

TABGHA 2021 en chiffres :

Cette journée d’échange du 17 juin était la fin d’un cycle de 3 ateliers consacrés au thème « Alimentation et précarité́ : comment revisiter nos lieux et nos pratiques de restauration, en respectant la santé alimentaire, la lutte contre le gaspillage, le pouvoir d’agir et la convivialité́ ? ».

3 ateliers avaient été proposés en amont pour approfondir ce vaste sujet :
– « Comment réduire le gaspillage alimentaire et les déchets »
– « Faire simple et ensemble. Associer les personnes à la confection des repas et préparer des repas ».
– « Echange de pratique et d’outils d’animation pour restaurer l’autre ».

67 personnes ont participé à ces ateliers représentant 22 structures différentes: CODES 83, UDV, EPAFA -UDV, ASPI, AVAF, La Fabrique, GEM Fort ensemble, CCAS Draguignan, L’Equitable, La Croix Rouge, Le Conseil Départemental, Ste Douceline, ISA – UDV, Logivar – UDV, Promo Soins Maures Estérel – UDV, Résine Jardin Draguignan, Le Jardin solidaire de la Castille, Les Amis de Jéricho – UDV, Amitié Cités – UDV, La Coop sur mer, L’Econome, Kaïré – UDV.

37 personnes ont participé à la journée d’échange représentant 18 structures différentes : UDV, CODES 83, le Secours Catholique Caritas France, Belle bouffe de Lyon, le Conseil Départemental, Ste Douceline, ISA – UDV, Les Amis de Jéricho – UDV, Archaos, CAAA – UDV, le Service diocésain à la solidarité, L’Equitable, la Délégation varoise du Secours Catholique, Les Resto du Cœur, Table Ouverte/Fraternité St Laurent, La DETTS, La Coop sur mer, Kaïré – UDV.

En tout, 60 personnes différentes ont participé à ces 3 journées de réflexion (ateliers + journée d’échange) représentant 30 structures différentes.


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