L’UDV remet à MTPM un diagnostic de la précarité
La Métropole Toulon Provence Méditerranée a missionné l’Union Diaconale du Var pour établir un diagnostic de la précarité alimentaire des étudiants et des jeunes dans les villes de Toulon, La Garde, La Valette et La Seyne. Ce diagnostic a été remis par l’UDV à MTPM le 6 mai dernier.
Nous vous en parlions déjà dans IOTA, en janvier dernier. La Métropole Toulon Provence Méditerranée a missionné, il y a plusieurs mois, l’UDV pour établir un diagnostic de la précarité alimentaire des étudiants et des jeunes sur son territoire. Une étape de plus dans la démarche lancée par l’UDV avant le premier confinement intitulée « Restaurer l’autre » qui se traduisait notamment par la mise en place du programme TABGHA (plus d’informations sur TABGHA ICI) ou encore par la coordination entre l’UDV via Les Amis de Jéricho, MTPM et la Marine Nationale de l’aide alimentaire pour les sans-abri logés dans six hôtels de la Métropole en pleine crise COVID (lire l’article ICI). Cinq mois plus tard, ce diagnostic a été rendu par les équipes de l’UDV à MTPM. Il a été présenté et remis en mains propres le 6 mai dernier.
Les chiffres clés du diagnostic (sources disponibles dans le rapport ci-joint) :
– La Métropole TPM compte 15 286 étudiants.
– 35 % des étudiants de MTPM sont boursiers (contre 36,8 % en France).
– 14% des personnes qui bénéficient des dons alimentaires de la Croix Rouge et du Secours Populaire de Toulon sont des étudiants.
– 44% des bénéficiaires varois des Restos du Cœur sont des jeunes de 18 à 25 ans.
– Entre 18 et 28 % des jeunes de moins de 30 ans de Toulon, La Garde, La Seyne et La Valette vivent sous le seuil de pauvreté.
– 20 % des étudiants en France vivaient en dessous du sein de pauvreté avant la Crise COVID.
– 70 % des étudiants en France déclarent avoir des difficultés financières.
– 33 % des étudiants interrogés en France ont rencontré des difficultés financières pendant le premier confinement.
– 19 % des étudiants interrogés en France ont dû se restreindre sur des achats de première nécessité durant le premier confinement.
– 16 % des étudiants en France se privent au moins d’un repas par semaine.
Emmanuel Grossetête, Chargé de mission Écologie Intégrale à l’UDV, rédacteur de ce diagnostic avec Gilles Rebèche, sociologue et diacre délégué diocésain à la solidarité dans le Var, nous en dit plus.
Emmanuel, quelle a été votre méthodologie de travail ?
Si l’UDV est experte en matière d’accompagnement social, elle a dû découvrir et appréhender un public qu’elle ne connaissait pas forcément très bien: les étudiants. Par ailleurs, nous nous sommes vite confrontés à une difficulté concernant l’hétérogénéité du public : des jeunes précaires, avec des problématiques diverses et complexes, pris en charge dans différentes structures et comptabilisés probablement plusieurs fois ; des jeunes considérés comme « invisibles » car non répertoriés par certains mais comptabilisés par d’autres ; et des statistiques portant sur des catégories d’âges différentes.
Aussi, pour nous aider à travailler cette complexité nous avons décidé de nous entourer d’un comité d’experts en lien avec la réalité du terrain. Ce comité était composé de représentants du service social de l’Université de Toulon, de la Maison des Étudiants et Information Jeunesse, de la Fédération des Étudiants de Toulon, de Toulon Var Technologie, de la Mission Locale de Toulon et d’étudiants bénéficiaires de l’aide alimentaire. C’était donc une approche systémique et coopérative. Nous avons pu réaliser 113 entretiens sur les quatre communes concernées, au sein de 7 structures d’enseignements, de 11 services sociaux publics, de 6 Associations d’étudiants, 22 associations d’entraide sanitaire et sociale et 12 entreprises d’économie sociale et solidaire
L’étude a débuté en novembre 2020. Nous nous sommes réunis trois fois avec le Comité d’expert à Toulon Var Technologie et avec de très nombreux échanges pour confronter les résultats et les analyses. Le diagnostic final a été présenté le 6 mai dernier aux élus de la Métropole.
Au-delà du bilan que vous dressez dans le diagnostic consultable en pièce jointe, que retenez-vous de ces quelques mois de travail sur ce thème ?
Nous avons pu mesurer la détresse étudiante sur le terrain. Ils affrontent les difficultés avec beaucoup de courage et font preuve de résilience et d’entraide. Ces étudiants sont à l’orée de leur vie, et on leur en demande beaucoup : ils se construisent psychologiquement et professionnellement, mais doivent assumer des problèmes qui ne devraient pas être les leurs. Le plus dommageable c’est qu’au bout de la chaine, les chances de réussir ses études ne sont pas les mêmes selon les soutiens financiers mais aussi psychologiques, des familles et des amis notamment, dont l’étudiant bénéficie.
Mais, au-delà de ces difficultés, ce qui m’a frappé, c’est de me rendre compte des efforts et l’humanité déployés par les structures d’enseignements supérieurs pour les accompagner, la multitude d’entraides citoyennes, de petites actions et d’initiatives solidaires qui sont menées pour aider les étudiants. En matière d’aide alimentaire, bien sûr, mais également de logement, d’aide psychologique etc… Toute une solidarité s’est mise en place depuis des années au-delà des actions menées par les services publics ou les associations. En temps de crise, l’homme peut faire preuve d’une résilience incroyable et c’est assez merveilleux à constater !
Le point avec Valérie Pruniaux, directrice de la Citoyenneté et de la Proximité à la Métropole TPM au sein de la Direction Générale Adjointe de l’ Habitat, des solidarités et de la Citoyenneté.
Madame Pruniaux, expliquez-nous tout d’abord ce qui vous a poussé à commander un diagnostic de la précarité alimentaire des étudiants et des jeunes ?
Dans le cadre de l’inscription de Toulon Provence Méditerranée au plan pauvreté décliné par l’État, la Métropole a voulu s’inscrire dans une démarche de solidarité via un plan triennal (2020-2022) portant sur trois thématiques principales :
– La lutte contre la précarité alimentaire.
– L’insertion socio-professionnelle des publics en difficulté.
– La coordination et l’accompagnement socio-juridique des locataires.
Nous menons de nombreuses actions dans ces domaines et il nous fallait un état des lieux pour pouvoir pérenniser ces actions dans le domaine de la précarité alimentaire des étudiants.
Pourquoi avoir choisi l’UDV pour faire ce diagnostic ?
Parce que l’UDV a une connaissance très pointue des publics qui rencontrent des difficultés. Elle dispose d’une réelle expertise en la matière, d’une excellente connaissance du territoire et bénéficie de la reconnaissance des partenaires associés à ce diagnostic. Elle a la capacité à mobiliser des profils complémentaires et efficaces très ancrés dans la réalité, ce qui permet une analyse pointue et la mise en place d’actions concrètes.
Quel bilan tirez-vous de ce diagnostic ?
Il était nécessaire ! Et il confirme un ressenti ! Il permettra de poser des axes de stratégies et d’actions dans lesquels MTPM sera impliqué en tant que coordinateur des actions. L’UDV a émis des recommandations dans ce rapport. Nous allons pouvoir nous en inspirer pour être encore plus actifs dans la lutte contre la précarité alimentaire des étudiants et des jeunes.
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