Hiver : les paroisses et l’UDV se mobilisent !
En janvier, l’alerte climatique s’est déclenchée dans le Var. 4 lieux relevant du dispositif « astreinte climatique hivernale » ont été mobilisés à Toulon et Draguignan. Pour échapper au grand froid, les sans-abris ont été hébergés dans différents lieux, dont 2 salles paroissiales. Nous vous livrons le récit de cette mobilisation.
L’histoire commence pendant l’hiver 2009-2010, à Paris, lorsqu’une quinzaine de paroisses se sont mobilisées pour accueillir dans leurs locaux des personnes sans abri. Cette opération baptisée « Hiver Solidaire » a été conduite avec l’aide de l’Ordre de Malte, « Aux Captifs la Libération », le Secours Catholique, Les Cités du Secours Catholique. L’action était prévue pour durer de novembre à mars. Le but était l’accueil de gens du quartier connus des paroissiens, sorte de contrat de confiance destiné à changer le regard des uns et des autres, et à créer une relation durable au-delà de l’hiver.
Depuis plus de 4 ans, le diocèse de Fréjus-Toulon et le réseau de l’UDV se sont inspirés de cette expérience et l’utilité sociale d’une telle opération a été reconnue par les services publics. Ce dispositif d’extrême urgence – appelé « Astreinte climatique hivernale » – offre un accueil possible à 85 personnes dans le Var. Une première alerte est lancée lorsque la température oscille entre 0° et -5°, puis une 2ème pour une température descendant en dessous de -5°. Pilotée par le 115, c’est la Préfecture qui déclenche l’alerte à 16 heures. L’accueil se fait de 20 heures à 8 heures. Les personnes disposent de matelas gonflables, de draps jetables et de couvertures. Le soir ils ont soit une collation, soit un repas suivant les lieux d’accueil, et le matin un café leur est offert avant le départ.
Il y a aujourd’hui 8 sites d’accueil dans le Var et répartis à : Fréjus, Brignoles, Draguignan, Sainte-Maxime, Le Beausset et Toulon. Ludovic Teillard, secrétaire général de l’Union Diaconale du Var, est le référent de ce dispositif auquel se joignent l’Ordre de Malte et le Secours Catholique.
Cet hiver, l’alerte a été déclenchée les 15, 16, 17 et 18 janvier. Trois lieux ont été activés sur Toulon :
- la paroisse Notre-Dame des Routes, chemin de Rigoumel, avec 8 places ; une navette a été organisée par les soins de l’Ordre de Malte pour en faciliter l’accès.
- l’église Saint Cyprien, place du 4 Septembre, avec 12 places ; ici, le matin, les accueillis avaient la possibilité d’aller à l’accueil de jour des Amis de Jéricho, tout proche, pour le petit déjeuner et la toilette.
- la Résidence solidaire Les Favières, C.D. 46, avec 10 places.
- A Draguignan début janvier, le Hameau St-François a reçu une fois 3 personnes.
Ainsi les paroissiens accueillent des sans-abri en leur offrant de quoi dormir dans un endroit chaud et de quoi se restaurer pour une durée qui, en fonction de la température, peut aller de quelques jours à plusieurs semaines. Aucune compétence particulière n’est demandée aux bénévoles, leur investissement se fait par la rencontre de l’autre. Cependant, la difficulté étant de trouver des volontaires pour assurer un accueil en continu sur une longue période, on table plutôt sur l’urgence de la situation.
Cet accueil fraternel est une étape sur un chemin où les partenaires apprennent une relation d’amitié. Le manque de connaissance et l’imaginaire véhiculé sur les personnes de la rue (violence, alcoolisme, folie, hygiène…) font naître une certaine crainte au départ. Il faut donc commencer par braver les préjugés et tout ce négatif environnant pour adopter une attitude positive. Il y a alors une sorte d’apprivoisement réciproque qui constituera peu à peu le marchepied de la rencontre vraie. Respect et simplicité sont les deux clés de ces échanges de personne à personne. La précarité se vit toute l’année et en connaît les quatre saisons avec chacune ses difficultés spécifiques. Si un « maillage d’amitié » parvient à s’établir, il pourra devenir tremplin pour celui qui n’a plus la force d’agir sur sa propre vie. La chaleur de l’accueil participe à une réhumanisation de la personne en difficulté, dévalorisée par son propre regard sur elle-même autant que par celui de l’autre. Si de tous temps, il y a eu des lépreux, « il faut malheureusement constater de nos jours que les mutilations du cœur sont bien pires que celles du corps » a dit récemment le Pape François.
L’expérience vécue dans notre département montre une église de proximité. « J’ai vraiment eu ces soirs-là, l’impression d’être utile à quelque chose » affirme un bénévole qui a choisi, comme ses compagnons de solidarité, de pratiquer l’indifférence zéro !
Aline Racheboeuf, auteure bénévole à Iota