« Désarme les, désarme nous »

Billet d'humeur Après les attentats à Paris, de nombreux rassemblements ont eu lieu

Après les attentats à Paris, de nombreux rassemblements ont eu lieu

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Après la sidération devant la violence des attentats de Paris, plusieurs rassemblements inter-religieux se sont organisés en compagnie des autres représentants de la société civile.

J’y ai participé de tout cœur ! Même si ces rencontres étaient empreintes d’émotion et de ferveur, illuminées par le respect, la compassion et même la prière, j’avoue avoir été gêné à la clôture de chacune d’elle quand il me fallait chanter le dernier verset de la Marseillaise : « qu’un sang impur abreuve nos sillons ». Pour dire vrai, plus qu’une gêne, ce fut pour moi impossible de les prononcer…

En partageant ce malaise avec mes amis musulmans et juifs, j’ai été rassuré de réaliser qu’ils éprouvaient le même malaise que le mien ! L’un d’eux me précisa même : « prononcer ces phrases c’est un non-sens, c’est comme si l’on rentrait dans la surenchère de la violence en faisant l’éloge de la barbarie et en avançant dans l’inhumanité ».

On ne voulait pas pour autant bouder la joie de chanter avec tous La Marseillaise dans un même élan républicain ! Nous avons trouvé la parade en modifiant légèrement la phrase incriminée par : « Qu’un chant d’Espoir éclaire notre Union ». Je ne pense pas, bien au contraire, que ce soit une offense au patrimoine de la Nation !

Comment ne pas faire mémoire de l’invocation de Christian de Chergé, prieur du monastère de Thibirine en Algérie, quand sa communauté était menacée par les terroristes : « Seigneur, désarme les, Seigneur désarme nous ». Puisse cette prière habiter nos cœurs en ces temps difficiles pour ne pas céder à la peur, pour garder le gout de la rencontre fraternelle à mains nues, pour reconnaître nos propres préjugés et rester disponibles à la joie du vivre ensemble, dans une biodiversité citoyenne, même en chantant La Marseillaise !

Diacre Gilles Rebêche

 


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