La résistance de la force d’aimer !
Le lendemain de la tuerie au Bataclan, en novembre dernier, j’accompagnais Mgr Aldo Arbach, évêque de Homs et de Yabroud en Syrie. Il était à Toulon pour signer officiellement l’acte de jumelage et de solidarité entre notre Diocèse et le sien. La presse ne pouvait s’empêcher ce matin-là de l’interroger sur l’attentat de la veille. Il était très triste de cette nouvelle et un peu agacé qu’on vienne l’interroger sans bien réaliser que lui-même vivait au quotidien dans l’ambiance des bombes et des attentats !
Un journaliste lui demanda : « pensez-vous que nous sommes confrontés à une guerre de religions ? ». Il répondit du tac au tac : « oui certainement, je pense en particulier aux religions du gaz et du pétrole qui ont de nombreux adeptes ! ». Cet humour dans la répartie n’était pas du cynisme mais du réalisme politique, il avait la force prophétique d’une voix autorisée qui obligeait l’interlocuteur à ne pas déraper dans des stéréotypes émotionnels !
«L’humour, disait un philosophe, est un mot qui fait la synthèse entre les mots amour et humilité !».
Pendant l’été, j’ai souvent repensé à cette rencontre avec Mgr Arbach en méditant devant les réactions identitaires survenues après les nouveaux attentats de juillet et août commis en France ! Il est si facile de devenir complice des attiseurs de haine et de céder à la surenchère de la violence en perdant le contrôle de ses passions !
Puissions-nous dans tous nos efforts pour soigner le « vivre ensemble » au cœur de nos stratégies associatives, de nos chantiers, de nos événementiels, être capables de résister à cet engrenage de la peur de l’autre. Les Rencontres Nationales du Sport Solidaire au Pradet, la pose de la première pierre de l’éco-hameau St-François à Draguignan, le pèlerinage Fratello des sans abri chrétiens et musulmans à Rome invités à aller à la rencontre du pape François seront autant d’exemples dans les semaines à venir qui nous rappelleront que la force d’aimer et le désir de servir les plus faibles restent les moyens les plus réalistes pour « entrer en résistance » contre l’absurdité de la méchanceté et de la violence !
Et si nous sommes découragés n’ayons pas peur de nous désaltérer à la source du silence et de la prière.
Résister à la méfiance et aux à priori, résister à la peur de l’autre, résister à la désespérance et au fatalisme est, à n’en point douter, la toile de fond de tous nos projets associatifs de la diaconie. Résistons donc avec amour et humilité : c’est vital !
Diacre Gilles Rebêche, délégué diocésain à la solidarité.