La Banque Alimentaire du Var : un acteur essentiel pour nourrir les plus fragiles

Créée il y a 35 ans, la Banque Alimentaire du Var est un acteur essentiel de l’aide alimentaire dans le département. S’appuyant sur ses 70 bénévoles et ses 7 salariés, la structure collecte et distribue quelque 2.000 tonnes de denrées alimentaires chaque année, soit l’équivalent de 4,3 millions de repas pour près de 30.000 personnes !

L’augmentation de l’aide liée à la crise sanitaire a impacté les stocks, et l’association lance un appel à la mobilisation générale en vue d’une rentrée économique et sociale qui s’annonce très difficile pour de nombreuses personnes…

Nous avons rencontré Martine Hergat, vice-présidente de la Banque Alimentaire du Var, afin qu’elle nous présente cette structure.

Pouvez-vous présenter votre parcours personnel et professionnel ?

J’ai un parcours professionnel atypique ! J’ai d’abord travaillé 15 ans pour le Ministère de la Justice comme greffière dans le domaine du droit pénal. Dans le cadre de mes fonctions, je suis intervenue dans les tribunaux correctionnels, les procès d’Assises, auprès des juges pour enfants et des juges d’instruction…

Puis j’ai démissionné pour suivre une formation de maitre-nageur. J’ai effectué un parcours professionnel dans les milieux de la montagne, dans les massifs alpins, auprès des pisteurs secouristes. Enfin j’ai travaillé dans le privé comme gérante de société dans la sécurité et une complémentaire santé, avant d’être à la retraite.

Mon parcours au sein du Ministère de la Justice m’a beaucoup appris, j’ai pu approfondir ma connaissance du genre humain, c’était passionnant !

Je crois être fondamentalement animée par mon désir d’aider autrui, en lui manifestant empathie et altruisme. C’est ainsi qu’il y a 7 ans je me suis engagée comme bénévole à la Banque Alimentaire du Var.

Quelles sont les responsabilités que vous occupez ?

Je suis aujourd’hui vice-présidente. En raison des compétences administratives acquises au cours de ma carrière, je suis chargée d’établir les conventions de partenariat avec les associations, de mettre en œuvre la collecte nationale en fin d’année, et de développer les projets d’insertion des jeunes en grande précarité.

A ce titre, nous avons une convention de partenariat avec la Protection Judiciaire de la Jeunesse, la Ligue de l’Enseignement de Toulon dans le cadre des chantiers éducatifs et l’Ecole de la Seconde Chance de la Grande Tourrache.

Les jeunes viennent par groupes, accompagnés de leurs éducateurs, 2 jours par semaine pour nous aider à faire les préparations et pour aider les bénévoles.

Environ une trentaine de jeunes bénéficient de ce dispositif depuis bientôt 1 an, et nous voyons déjà les retombées positives. Par exemple, cette expérience à la Banque Alimentaire a donné envie à certains d’entre eux de suivre une formation de magasinier.

Quelles sont les grandes missions de la Banque Alimentaire du Var ?

Elle existe depuis 35 ans. C’est une des 79 banques alimentaires  de France, rattachée à la Fédération Française des Banques Alimentaires, elle-même rattachée à la Fédération Européenne des Banques Alimentaires.

Chaque Banque Alimentaire est autonome dans sa gestion. La nôtre couvre le département du Var et elle agit comme une plateforme de collecte et de redistribution de denrées alimentaires à plus de 80 associations partenaires, qui elles-mêmes redistribuent ensuite à leurs bénéficiaires.

Chaque année, environ 6.600 bénéficiaires reçoivent les denrées alimentaires que nous collectons, soit un total d’environ 30.000 personnes !

Nous redistribuons les denrées alimentaires issues de la ramasse quotidienne dans plus d’une trentaine de magasins (Carrefour, Intermarché, Casino, Auchan…)  sur le bassin MPTM. Une fois collectées, les denrées sont acheminées et triées dans notre entrepôt.

Nous recevons des dons issus des magasins (Plateformes Grande distribution) et de l’industrie agro-alimentaire, nous récoltons également des denrées lors de notre collecte nationale fin novembre de chaque année, grâce à la générosité citoyenne.

Des conventions permettent également que des dons entre magasins et associations se fassent directement pour celles éloignées de Toulon.

Chaque don est enregistré et répertorié pour assurer une traçabilité en cas d’alerte alimentaire pour le frais et les surgelés notamment.

Chaque mois un menu est établi afin de respecter l’équilibre alimentaire.

Les associations viennent chercher les préparations une fois par mois, tous les 15 jours ou une fois par semaine.

Ce que nous donnons aux bénéficiaires est considéré comme un complément alimentaire. Nous l’évaluons à environ 4 kg de denrées par personne et par semaine.

La Banque Alimentaire du Var vue par Bruno Bourdeau, graphiste au service communication de l'UDV

La Banque Alimentaire du Var vue par Bruno Bourdeau, graphiste au service communication de l’UDV

Sur combien de personnes pouvez-vous vous appuyer pour décliner vos précieuses actions ?

Notre équipe compte 7 salariés et un peu plus de 70 bénévoles mais tous ne sont pas « permanents ». Je profite de cet article pour lancer un appel aux bonnes volontés car nous manquons cruellement de bénévoles !

Nous recherchons des bénévoles prêts à s’investir au minimum deux matinées par semaine, pour assurer 8 heures de présence. Les « postes » à pourvoir sont notamment ceux de chauffeurs accompagnateurs, aide aux préparations et installation d’un logiciel chez nos partenaires.

Une vingtaine de bénévoles supplémentaires ce serait parfait !

Quels sont vos principaux partenaires ?

La Direction Départementale à la Cohésion Sociale (DDCS), le Conseil Départemental du Var, la Métropole Toulon Provence Méditerranée (MTPM), la Région et la Croix-Rouge (nous livrons les centres de distribution de la Croix Rouge à Toulon, Brignoles, Draguignan, Saint-Maximin et Sainte-Maxime).

Nous travaillons bien sûr avec de nombreuses associations membres de l’UDV telles que les Amis de Jéricho, Amitiés Cité, Garrigues, Logivar, Promo Soins, ainsi qu’avec le Secours Catholique et la société Saint-Vincent de Paul.

Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez ?

Je dirais que ce qui nous pénalise le plus c’est la pénurie récurrente de bénévoles. Les formes de l’engagement bénévole ont changé depuis quelques années, nous avons de plus en plus de mal à trouver des bénévoles qui s’engagent dans la durée.

Je crois que cette transformation de l’engagement est liée à l’individualisme ambiant qui se développe partout dans notre société. Il n’y a qu’à prendre le volant pour se rendre compte des dégâts du chacun pour soi, et du manque de convivialité et de civisme…

Ce déficit de bénévoles est très compliqué à gérer, cela nous demande une « gymnastique » considérable, notamment lors de l’élaboration des plannings…

Quels sont les principaux enjeux pour les mois à venir ?

La crise du coronavirus a entraîné une augmentation massive des sollicitations. Contrairement à d’autres associations, nous avons fait le choix de rester ouvert tous les jours et nous avons répondu présents !

Nous avons par exemple aidé de nombreux collectifs citoyens qui se sont créés pendant le confinement.  Nous sommes passés de 6.000 à 7.000 bénéficiaires et cette augmentation de notre aide a eu un impact conséquent sur nos stocks qui, du coup, se sont amenuisés. Nous essayons d’avoir en permanence 3 mois de stocks devant nous.

L’enjeu principal pour nous aujourd’hui est de reconstruire nos stocks avec le soutien des pouvoirs publics. Nous comptons également beaucoup sur la prochaine collecte nationale qui aura lieu du 27 au 29 novembre. L’année dernière nous avons pu collecter 161 tonnes en un weekend, ce qui est très conséquent !

Nous redoutons beaucoup la rentrée de septembre et nous anticipons une crise majeure : la situation économique dans notre département est très préoccupante, le confinement puis le déconfinement ont laissé des traces, le chômage augmente, certaines entreprises vont fermer… il y aura forcément de forts impacts sur les ménages. Économiquement la rentrée va être compliquée pour les familles.

Un autre enjeu est de développer la redistribution alimentaire dans les zones blanches, au nord et à l’ouest du département où il n’y a pas de structures de distribution. Nous avons notamment noué un partenariat avec le GES Sendra sur Draguignan.

Pour terminer notre échange, souhaitez-vous profiter de cette tribune qu’est IOTA pour passer un appel ? 

Oui, nous lançons un appel aux candidats pour du bénévolat bien sûr ! Nous travaillons également sur un appel aux dons financiers et alimentaires : tout geste généreux en notre faveur sera le bienvenu !

Et bien sûr, nous aurons besoin de bonnes volontés et de bras pour la collecte annuelle du 27 au 29 novembre. Aider l’autre à se restaurer et répondre présents tant que nous le pourrons, voilà notre credo !

Découvrez la Banque Alimentaire du Var en images grâce aux photos réalisées par Bruno Bourdeau : vous pouvez cliquer sur une image pour l’agrandir ou utiliser les flèches de votre clavier pour les faire défiler. Vous retrouverez la suite de l’article après le diaporama. 

La Banque Alimentaire du Var en quelques chiffres
  • 2.000 m2 de stockage
  • 2.000 tonnes de marchandises reçues chaque année
  • 80 associations ravitaillées chaque semaine
  • Soit environ 7000 personnes aidées chaque semaine
  • 70 bénévoles impliqués et 7 salariés
  • Fonctionnement continu 365 jours/365
  • 4 grandes missions : collecter, distribuer, accompagner, nourrir
  • 30 000 personnes en précarité aidées chaque année
  • Soit l’équivalent de 4,3 millions de repas

Infos pratiques : la Banque Alimentaire du Var est ouverte du lundi au vendredi de 7h30 à 14h30. Adresse : 257 Rue Denis Papin, 83130 La Garde – 04 94 61 23 88.

La naissance de la Banque Alimentaire du Var

La Banque alimentaire du Var est née il y a 35 ans au sein de la diaconie, dans les locaux des Amis de Jéricho, où étaient stockés les surplus européens que les personnes accueillies allaient chercher à la gare de Toulon en provenance de Bruxelles.

L’idée de la création de la BAV est née d’une conversation entre Pierre de Riberolles, à l’époque directeur de Jéricho, et Gilles Rebêche, diacre, pour trouver une solution à l’approvisionnement du restaurant social et des lieux de distribution alimentaire gérés en ce temps-là par le Secours Catholique, l’Armée du Salut et la Société Saint-Vincent de Paul.

C’est grâce à Jean Druel, bénévole de l’UDV et de Pax Christi habitant au Pradet, que s’est constituée l’association BAV dont les premières réunions de conseil d’administration se sont tenues dans les locaux du presbytère de la Pauline, à la Garde.

L’intégration de la BAV dans la fédération des banques alimentaires lui a permis très vite de trouver une autonomie de fonctionnement et un partenariat plus élargi… dont les fondateurs d’il y a 35 ans se réjouissent !

Les Banques Alimentaires en France

« J’ai faim ». C’est par ce cri d’indignation, lancé par Sœur Cécile Bigo dans le journal La Croix le 13 mars 1984, que tout a commencé. Quelques mois après cette tribune qui a fait date, la première Banque Alimentaire voyait le jour à Paris, sous l’impulsion du monde associatif et du fondateur du mouvement, Bernard Dandrel.

Et avec elle, c’est toute une dynamique solidaire qui se mettait en place. Cette dynamique n’a cessé de croître : en 35 ans, 4 milliards de repas ont été distribués. Les Banques Alimentaires sont toujours là, fidèles au poste et à leurs engagements.

Depuis le premier jour, leur mission n’a pas changé : les Banques Alimentaires sont toujours là pour collecter des produits alimentaires et permettre aux associations de les redistribuer aux plus démunis. La lutte contre la précarité et le gaspillage alimentaire reste leur ambition première.

Ce qui a changé, en revanche, c’est l’ampleur de leur action. Aujourd’hui, ce sont 108 implantations réparties sur l’ensemble du territoire métropolitain et d’Outre-Mer qui se mobilisent tout au long de l’année pour collecter les denrées – plus de 110.000 tonnes chaque année -, soit l’équivalent de plus de 220 millions de repas distribués à environ 2 millions de bénéficiaires.

Bénévoles de tous âges et de tous horizons, associations, entreprises, mécènes, donateurs privés, pouvoirs publics : chaque jour, ce sont des milliers de personnes et de bonnes volontés qui travaillent ensemble pour faire de leur engagement le premier pas vers un accompagnement global des plus démunis.

Lutter contre la précarité alimentaire, c’est aussi lutter contre l’exclusion. C’est créer des passerelles vers les autres et vers l’emploi, c’est tisser du lien social. C’est tout cela que les Banques Alimentaires défendent au quotidien. C’est ce qui les a poussés à se dépasser toutes ces années durant et c’est ce qui continue à les faire avancer, jour après jour.

Source : Jacques Bailet, Président du réseau des Banques Alimentaires. Edito du Rapport d’activités 2018 du Réseau des Banques Alimentaires.

Découvrez la Banque Alimentaire du Var en vidéo : 

Pour aller + loin :
https://ba83.banquealimentaire.org/
https://www.facebook.com/profile.php?id=100010741392576
https://www.banquealimentaire.org/
https://www.banquealimentaire.org/sites/default/files/2019-06/A4_RapAnnu_BA2018_040619_DP_BD-compress%C3%A9.pdf

Article écrit par Christophe Parel, responsable communication de l’UDV


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