Une rentrée en demi-teinte ?

Penser à l’avenir dans l’incertitude du lendemain, prendre en compte ses propres fragilités et ses limites, rester vigilant dans la gestion de ses relations, tout en choisissant de vivre dans la confiance et d’accueillir le présent comme un cadeau quotidien sont autant d’attitudes existentielles que connaissent les pauvres, les malades et les aînés de notre société, depuis bien longtemps.

La crise du Covid semble l’avoir fait découvrir à la majorité de nos contemporains dont certains semblent s’étonner d’être vulnérables et interdépendants : quelle découverte ! Ce sera peut être l’un des fruits les plus positifs de cette crise si cela pouvait permettre au plus grand nombre d’acquérir une sagesse de vie et de retrouver l’Espérance comme pilote de leur vie intérieure et sociétale.

Et dans ce contexte les masques sur le visage sont au rendez-vous de la rentrée d’automne dans les rues, les lieux de rassemblements et bien sûr dans nos associations.

Ce serait un mensonge de nier qu’il s’agit d’une véritable épreuve pour le lien social et la convivialité. En effet les expressions du visage, le sourire, les mimiques, construisent la réciprocité et enchantent ce lien social, si précieux et si nécessaire. Le visage est comme la fenêtre et le reflet de l’âme…. Le relais d’une identité partagée… Et l’invitation ou non à la relation interpersonnelle.

Dans nos lieux d’accueil, où beaucoup de personnes ont déjà le sentiment de provoquer la défiance voire le rejet, le port du masque peut aggraver ce sentiment mais aussi, paradoxalement, il peut afficher ce besoin vital, partagé par tous, de se protéger, de survivre coûte que coûte et d’être comptés comme des citoyens à part entière, quoique fragiles, dont la société doit prendre soin en priorité.

Il revient à chacun de veiller à ce que cette rentrée ne soit pas une mascarade du chacun pour soi et de la peur de l’autre mais plutôt une partie ludique de cache-cache pour redécouvrir à frais nouveaux qui est vraiment l’autre caché sous son masque et comment avec lui découvrir de nouveaux chemins de solidarité et d’échange.

Vivement le jour où l’on pourra enfin tomber les masques pour rire à gorge déployée, chanter ensemble et retrouver le goût du partage de la parole, sans se méfier de soi-même et de son proche !

En attendant, avec cette rentrée en demi-teinte, ne laissons pas la sinistrose grignoter notre enthousiasme et notre passion pour le lien social, ce bien si précieux pour vivre heureux.

La diaconie a un devoir de résistance spirituelle et relationnelle pour que la joie et le goût de l’autre ne soient pas relégués dans l’inutile par une angoisse sanitaire et sociale disproportionnée qui oublierait l’essentiel de la Vie : notre vocation à nous aimer les uns les autres !

Diacre Gilles Rebèche.


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