UDV : communiquer pour « faire famille »
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Dès son origine, l’Union Diaconale du Var (UDV) a décidé de soigner sa communication en y consacrant les moyens nécessaires. Enjeu stratégique majeur, la communication est le pendant du savoir-faire mis en œuvre par les 28 associations de terrain : c’est le faire-savoir. Focus sur les moyens dont s’est doté l’Union pour bien communiquer.
« La communication a le pouvoir de créer des ponts, de favoriser la rencontre et l’inclusion, enrichissant ainsi la société. Comme il est beau de voir des personnes engagées choisir avec soin des paroles et des gestes pour dépasser les incompréhensions, guérir la mémoire blessée et construire la paix et l’harmonie…
Que les paroles et les actions soient donc telles qu’elles nous aident à sortir des cercles vicieux des condamnations et des vengeances… qui conduisent à s’exprimer avec des messages de haine…
Je voudrais que ce message puisse atteindre et encourager tous ceux qui, dans leur milieu professionnel ou dans leurs relations personnelles, « moulent » chaque jour beaucoup d’informations pour offrir un pain frais et bon à ceux qui se nourrissent des fruits de leur communication…
Il faut briser le cercle vicieux de l’anxiété et endiguer la spirale de la peur, fruit de l’habitude de concentrer l’attention sur les mauvaises nouvelles : les guerres, le terrorisme, les scandales et toutes sortes d’échecs dans les affaires humaines ».
En découvrant ces paroles prononcées à l’égard des « communicants » par le Pape François, pour la Journée mondiale des Communications, le 24 Janvier dernier, il nous a semblé opportun de nous tourner vers quelques personnes en responsabilité au sein de l’Union Diaconale du Var.
Notre objectif était de connaître et de vous faire partager leurs opinions sur le rôle et les enjeux de la communication pour un réseau associatif tel que l’UDV.
Nous les avons tour à tour interviewés. Voici une compilation des réponses de chacun de nos interlocuteurs : Gilles Rebêche (diacre et délégué épiscopal à la solidarité), Thierry O’Neill (président de l’UDV), Raymonde Hugonnier (vice-présidente de l’UDV), Ludovic Teillard (secrétaire général de l’UDV), Pierre Goberville (directeur des services du Centre départemental).
1 – Pourquoi l’UDV s’est-elle dotée d’un service Communication ?
Thierry O’Neill : Afin de se faire connaître en interne comme en externe.
Raymonde Hugonnier : La création du service Communication correspond au besoin de faire le lien entre toutes les associations de l’Union pour savoir ce qui se fait chez les uns ou les autres, « piquer des idées », voir les réalisations, comprendre et vivre nos complémentarités etc. Bref, sortir du « nez sur le guidon » ! Bien faire comprendre la notion de « grande famille » qui s’intéresse aux faits et gestes des autres membres de la famille, et chère à notre Président.
Ludovic Teillard : « Le bien ne fait pas de bruit, le bruit ne fait pas de bien ». Le monde du social n’a pas la culture de la communication. La fierté collective manque et il y a cependant une vraie force du réseau. Les personnes ont souvent du mal à réaliser qu’elles sont dans une même structure et qu’elles font ensemble du bon travail. On est plus à agir qu’à dire.
Toutes les mauvaises nouvelles ne provoquent qu’indifférence ou compassion, ce qui est assez enfermant. Il faut faire avancer les gens autrement qu’avec du négatif. Dans le film « Demain » on montre 10 réalisations qui marchent. A l’UDV, la communication doit être positive et donner envie de s’engager. C’est possible à tous les niveaux. Le travail est dur si on ne communique pas, valoriser ce que l’on fait devient nécessaire. Pour exister, il faut communiquer !
Pierre Goberville : Il faut faire ce que l’on dit et dire ce que l’on fait. La communication est devenue naturelle parce qu’elle permet de donner une empreinte à nos actes. Elle permet de valoriser les actions, motivant ainsi les acteurs pour se dépasser. Elle génère de nouvelles vocations, suscite le débat amenant ainsi des idées nouvelles, des contradictions constructives. Elle sensibilise à des problématiques, forme les consciences et permet de mettre des mots sur des gestes faits naturellement.
2 – Quels sont la place, le rôle et l’importance de la communication dans la vie d’une association ?
Thierry O’Neill : Ils sont essentiels ! En interne, le service communication est contributeur majeur de la vie de l’association. Il est aussi responsable du lien qui rassemble les différentes associations. Il est le support indispensable des échanges entre elles, et entre le Centre départemental et chacune d’entre elles. Il est le réceptacle des bonnes manières de faire à dupliquer partout, et à ce titre, il est comme « le sang » qui coule dans nos veines. Le service Communication est le sang, mais il ne doit pas être le cerveau, il est à son service pour le bien du corps entier. Il est donc « serviteur du réseau à la disposition » des responsables de l’Union et des associations.
Raymonde Hugonnier : Chaque association devrait avoir son service Communication pour permettre à ses salariés, bénévoles et accueillis (quand cela est possible) de sentir qu’on « tire la charrette » dans le même sens, que ce que fait l’un complète l’action de l’autre, etc… De plus, la Communication avec les partenaires extérieurs élargit la vision et, encore une fois, permet de s’ouvrir à d’autres pour aboutir, quand cela se révèle pertinent, à des mutualisations, des complémentarités d’action pour un meilleur service de ceux qui font appel à nous.
Ludovic Teillard : Il y a des associations qui ont besoin d’être aidées dans leur communication, et d’autres qui ont besoin d’une visibilité. Les outils de la communication sont donc nécessaires. Par exemple pour trouver des bénévoles, pour la recherche de fonds privés… La communication ne doit à aucun moment paraître secondaire !
Pierre Goberville : La communication est un « outil » au service des projets, elle doit permettre aux actions de rayonner. C’est aussi un « outil » auprès des partenaires et des financeurs pour que leur aide soit mise en valeur.
3 – Quelle est l’importance de la communication dans la conduite des projets associatifs pour un réseau tel que l’UDV ?
Thierry O’Neill : La disparité de nos associations et leur répartition sur tout le territoire du Var impose plus qu’ailleurs un moyen de communication interne qui informe largement et permet d’échanger. Ce management très participatif nécessite un outil performant et réactif. Vis-à-vis de l’extérieur, il est essentiel pour donner de l’UDV une image unie et cohérente.
Raymonde Hugonnier : Les Projets associatifs doivent être bien explicites sur les visions de chaque association dans son domaine de compétences, sans empiéter sur celle d’une autre dont c’est la vocation première et qui en a l’expérience. Cela doit se faire au travers d’échanges entre responsables, mais dans l’information diffusée pour permettre la prise de position de chaque association sur un sujet d’avenir donné.
Mais, chaque association du réseau est-elle à jour de son Projet associatif ? Au cas, rappeler de temps en temps la nécessité de se prêter à cet exercice. Il me semble même que certaines n’en ont pas !
Et, au fond, pourquoi ne pas diffuser dans le réseau le Projet associatif d’une association pour qu’entre associations on ne se marche pas sur les pieds et qu’ainsi on puisse travailler à coordonner nos actions sous le regard conciliateur de l’UDV…
Ludovic Teillard : De nos jours, l’information va de plus en plus vite et l’UDV n’est pas « très forte » en matière de communication interne. Des centaines de personnes sont concernées par le projet associatif, qui est un objectif partagé entre les structures, et un vrai outil pour motiver les personnes.
Le service Communication permet d’échanger. Mais l’e-mail est plus informatif que communicatif. Le numérique doit être dompté. Et il est nécessaire d’identifier l’outil qui sera le plus adapté à l’interlocuteur, qui le mettra le plus à l’aise pour qu’il réponde.
Pierre Goberville : Les Projets associatifs évoluent et doivent être mis en œuvre. Chaque association, lorsqu’elle communique, doit être en cohérence avec son projet. La façon dont on reçoit le message d’une association est une vitrine sur ce qu’est l’association. Il est donc fondamental d’y retrouver l’esprit du projet pour que celui-ci porte la fierté de ses acteurs et que chacun puisse alors se transcender dans l’action.
4 – Comment voyez-vous le développement des activités de communication de l’UDV dans les années à venir ?
Thierry O’Neill : Il est vraisemblable que les années à venir verront une « recentralisation » de nos associations, de plus en plus demandée par nos financeurs. Ils ont en effet besoin de correspondre avec une association d’une taille critique suffisante pour être visible et donc « finançable ».
Le service Communication sera au cœur de cet enjeu qui consistera à rendre très visible l’ensemble de l’édifice en externe, tout en maintenant la cohésion entre chaque membre du réseau en interne. Ce sera un enjeu majeur !
Raymonde Hugonnier : Avant de penser l’avenir, je pense que l’Union doit se donner les moyens, et la Communication en fait partie, de veiller à « mettre en musique » la définition de son action entre toutes les associations. Il est écrit dans son Projet associatif : « l’UDV joue un rôle d’animation et de structuration de l’ensemble des associations membres ». Et du coup, les besoins sortiront au fur et à mesure, et l’UDV devra y répondre. Voilà pour moi quel est l’avenir !
Ludovic Teillard : Il est indispensable de développer la communication interne. Savoir qui fait quoi et qui on informe.
Pierre Goberville : Je n’ai pas vraiment de suggestion pour n’avoir pas pris le temps d’y réfléchir. J’invite toutefois à travailler de façon concrète. Que cherchons-nous à faire à travers nos actions de communication ? Quels sont les objectifs que l’on se fixe et à quels horizons ?
Chaque action devra être ensuite quantifiée et évaluée sur les retombées. Il est toujours difficile mais important d’entrer dans une « démarche comptable de résultats ». Il ne faut pas entrer dans la surenchère pour le plaisir de la communication mais bien entrer dans une culture de « l’efficacité mesurée ».
5 – Comment le service Communication contribue-t-il à faire vivre « la grande famille de l’UDV » ?
Thierry O’Neill : Par sa capacité à célébrer sans démagogie les talents, réussites et succès des plus petites associations comme des plus grandes. Par son talent pour donner la parole à chacun pour le bien de tous, et en premier lieu des personnes accueillies. Sans être « la Voix de son Maître », le service Communication doit participer à diffuser l’enthousiasme, l’élan et à le faire circuler entre tous !
Raymonde Hugonnier : Il me semble que tous ces développements serviront à faire vivre « la grande famille » de l’UDV. A cela j’ajouterai le besoin de rencontres festives, comme le cirque l’an dernier, comme des journées pique-nique avec ballades et découvertes d’un lieu associatif qui allient la détente et la connaissance de l’autre et d’un lieu. Il peut y avoir plein d’idées, c’est le but recherché qui doit être trouvé. Ce qui importe plus que tout, comme dans une famille, c’est qu’on se connaisse et qu’on se fréquente, mais toujours sous la houlette de l’UDV.
Est-ce que ce que j’exprime est réalisable ? Albert Jacquart dit : « On a le devoir d’être utopique ». Et pour moi l’utopie est le début de la réalité. Mais en avons-nous les moyens ? Je ne sais pas mais peut-être que nos réponses permettront une convergence d’idées et ensuite de réalisations, toujours dans le même but : tendre vers l’excellence pour répondre tous ensemble et au mieux à nos missions.
Ludovic Teillard : A l’UDV, il y a 1300 personnes qui s’investissent et toutes ne reçoivent pas Iota ! C’est un chantier que nous menons. Il s’avère indispensable de communiquer sur les lieux, les événements et les personnes, pour que chacun se sente appartenir à la même famille !
Pierre Goberville : Lorsque l’on sait ce que l’autre fait, on comprend mieux ce qu’il apporte au projet. Si l’on tire tous la couverture dans le même sens, nous avons plus chaud !
« Heureux qui communique ! »
Nous laissons à Gilles Rebêche, fondateur de l’UDV, le soin de résumer et de conclure sur ces questions qui nous ont paru intéressantes à partager :
« La communication est un outil de cohésion interne, un facteur d’identité et de fierté, et, par rapport à la lutte contre l’exclusion, un moyen de limiter, voire empêcher la stigmatisation dont font preuve beaucoup de personnes à l’égard des plus petits…
Il faut choisir d’annoncer plutôt que de dénoncer, relater ce qui est beau et bien. La communication devient alors un outil de développement social. Synergie et communication.
Iota signifie : Informer, Orienter, Tenir ensemble, Animer.
Dans la conduite des projets de l’UDV, il est nécessaire qu’il y ait un groupe de communication, et ce groupe existe même s’il n’est pas réuni. Il faut aussi une signalétique, comme, par exemple, le sigle de l’UDV sur ses différentes maisons. Il est vrai que célébrer des fêtes est comme une porte ouverte sur l’UDV, c’était le cas avec la soirée au cirque.
Le travail de la communication s’adresse également aux bénévoles : savoir aller les chercher, leur dire un mot de bienvenue, les abonner à Iota, envoyer Iota sur Facebook… Le service communication a un rôle d’animation.
Il faut que l’action soit « tuilée » : un projet, c’est un pas plus loin, et chaque réalisation doit être dans la nouveauté.
Il serait bon d’établir un calendrier des fêtes car il faut un lien permanent entre l’UDV et les associations, et aussi entre les associations, pour que celles-ci ne se coupent pas de l’UDV.
Les objectifs choisis doivent toujours être difficiles pour maintenir l’élan et entretenir une dynamique. Les objectifs au long cours évitent de se laisser enfermer.
La communication est un service collaboratif, plus actif que passif et qui va toujours au-devant des autres. Elle doit être toujours à l’affût de l’évènement.
La communication est affaire de regard porté sur la réalité
Pour résumer, tout dépend du regard avec lequel la réalité est saisie, des « lunettes avec lesquelles on choisit de la regarder : en changeant les verres, la réalité aussi apparaît différente. » Là encore c’est le Pape François qui parle.
Cette tendance à mettre en exergue les zones d’ombre pourrait être considérée comme un fait de la société actuelle, comme une sorte de « terrorisme intellectuel » destiné à influencer lecteurs et auditeurs. La violence des mots, leur exagération, la façon dont sont racontés les évènements finissent par avoir une emprise sur notre capacité de discernement.
Ne parle-t-on pas de « grand’messe du sport » devant telle ou telle manifestation ?
Pourtant, à côté de ce qui teinte en gris, voire en noir certains pans de notre existence, il y a un « océan de bien » qui est à l’œuvre. L’humanité ne se résume pas au mal et à la souffrance : il y a en face tout ce qui, depuis que le monde est monde, travaille, lutte et s’échine pour mettre en lumière les actes et les paroles qui le portent vers un mieux.
Nous sommes attristés par les conflits, la pauvreté, la faim et toutes les victimes qui en pâtissent, mais nous savons accueillir, partager, guérir et nous engager.
Cet élan d’humanisme donne un sens à tout ce qui vit, il est le trait d’union entre tous, il donne une dimension verticale à tout ce qui paraît « se traîner dans les ténèbres », il ne recherche pas le sensationnel à tout prix…
En dehors de toute connotation religieuse, on peut dire que c’est une forme de spiritualité. La façon dont nous communiquons avec les autres permet alors de mettre de l’espoir dans notre vision de demain, ce qui n’empêche en rien un regard réaliste sur ce qui se trouve devant nous et avec qui l’affrontement est quotidien.
Dans son premier livre « Qui es-tu pour m’empêcher de mourir ? », Gilles Rebêche écrivait : « Presse écrite, radio, site internet, bulletins de liaison sont devenus de nouveaux territoires à arpenter pour que la contemplation, la lutte et l’étude puissent tracer des chemins accessibles aux plus démunis… Comment donner écho aux bonnes nouvelles de solidarité et aux artisans de paix ? »
La communication au service de la spiritualité
Alors, nous nous sommes interrogés : en quoi la communication peut-elle être au service de la « spiritualité de l’UDV » ?
La dimension sociale de la communication peut aussi devenir communication spirituelle :
- Lorsqu’on exprime la vie et le ressenti des personnes,
- Lorsqu’on échange le regard qui juge contre un regard de vraie compassion,
- Lorsqu’on détecte les fragilités et qu’on fait découvrir les merveilles qui en découlent,
- Lorsqu’on développe les relations entre les personnes pour en améliorer les conditions de vie,
- Lorsqu’on se fait relais d’une vraie proximité entre tous au service du plus petit.
Contrairement à l’expression courante, nous, « allons-y par 4 chemins », ce que nous propose encore Gilles Rebêche dans son dernier ouvrage « Sur les Chemins du Serviteur » :
- Le chemin d’espérance, accès à la confiance en soi,
- Le chemin de la foi en dialogue, ou la qualité de la rencontre,
- Le chemin de charité et de compassion, ou le partage des épreuves,
- Le chemin de conversion, reconnaissance de la valeur de l’autre.
Ce qui peut s’exprimer en terme de « mission ». La même mission que celle du « sang » dans le corps, dont parle notre Président Thierry O’Neill (voir plus haut).
Une bonne communication facilite et l’union et l’unité : chaque association ou partenaire a son visage, son charisme propre : communiquer, c’est aussi célébrer avec tous ce qui se vit chez chacun.
« Le P. Christian Coullomb (dominicain) aimait à rappeler que la communication n’est pas seulement une diffusion d’informations, mais un art de vivre qui introduit la réciprocité, le droit à la parole pour tous, la recherche de la vérité et le soin du lien social. » (Gilles Rebêche)
Bien faire les choses pour ajouter de la couleur au quotidien « et toujours dans le même but : tendre vers l’excellence pour répondre tous ensemble et au mieux à nos missions », (R.Hugonnier), telle est la devise du service Communication.
« Dessiner sur le sol, c’est aussi réapprendre à écrire comment habiter la terre en redonnant la parole à ceux qui se taisent, en écoutant ceux qui ne sont jamais consultés alors qu’ils sont les premiers experts de tout projet de développement ». (Gilles Rebêche).
Par Aline Racheboeuf, Delphine Dumont et Christophe Parel, composant l’équipe du service communication de l’UDV.
Pour aller + loin…
Lien vers le site internet « vitrine » de l’UDV : http://www.udv-asso.fr/
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