« Renforcer notre accompagnement du handicap »
Fondateur de l’association AIDERA Var qui développe des solutions pour accompagner les enfants et adultes porteurs d’un trouble du spectre autistique, Didier Piaton vient d’être nommé Chargé de mission Handicap à l’Union Diaconale du Var.
Ayant récemment quitté le service actif, ce vice-amiral a accepté de mettre son expérience au service de l’Union pour contribuer à mieux appréhender la question du handicap dans l’exercice de nos missions.
Didier, vous avez fait une belle et longue carrière militaire, en rejoignant l’aéronavale à 19 ans pour évoluer jusqu’au grade de vice-amiral d’escadre. Parallèlement à celle-ci, vous vous êtes engagé, il y a plus de vingt ans, dans la lutte contre le handicap en créant Aidera Var en 2002. Pourquoi ?
Notre famille a été touchée par cette question avec notre fille ainée qui était autiste. Cela m’a naturellement poussé à me pencher sur la prise en charge de l’autisme. Nous avons pu constater, avec mon épouse, que nous étions loin d’être seuls dans cette situation d’absence de diagnostic et d’accompagnement spécifique. Avec d’autres familles de la région toulonnaise, j’ai donc créé AIDERA Var qui signifie « Association pour l’Intégration, le Développement de l’Education et la Recherche pour l’Autisme dans le Var ». Cette association de loi 1901, partenaire d’Autisme France, s’est progressivement développée et compte aujourd’hui 130 salariés. Au travers de ses deux établissements médico-sociaux et ses services spécialisés, elle accompagne environ 500 familles.
Et pourquoi le Var et Toulon pour le natif de Lyon que vous êtes ?
Nous aimons beaucoup Toulon et sa région : nos cinq enfants y sont nés et c’est là que nous avons fondé AIDERA Var. Après avoir déménagé à de nombreuses reprises au rythme des mutations, Toulon nous paraissait être l’endroit idéal et naturel pour nous installer après mon départ de la Marine. Mon épouse a d’ailleurs pu y reprendre son emploi d’enseignante.
Qu’est-ce qui vous amène à l’UDV aujourd’hui ?
Abonné à la newsletter IOTA depuis des années, je m’intéresse depuis longtemps aux actions de l’Union Diaconale du Var. Je trouve que la mission de l’UDV est à la fois formidable et essentielle à notre société. À mon retour à Toulon, j’ai été contacté par son président, Thierry O’Neill. Nos chemins s’étaient croisés à plusieurs reprises, notamment dans la Marine. Lui et Gilles Rebêche m’ont proposé de m’investir au sein de l’UDV en me confiant cette mission « Handicap ».
« Mieux connaître le handicap permettra à l’UDV de spécifier ses réponses face à des problématiques que ses acteurs de terrains rencontrent ».
Comment appréhendez-vous cette mission Handicap à l’UDV ?
C’est une mission qui a beaucoup de sens pour moi. L’UDV est là pour accompagner les personnes en situation de précarité. Une personne en situation de précarité, c’est une personne en manque d’autonomie et cela rejoint les problématiques que peuvent rencontrer les personnes porteuses de handicap. La loi de février 2005 pour « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », distingue les types de handicap suivants : moteur, sensoriel, psychique, cognitif/mental et les maladies invalidantes. Mon rôle sera d’identifier et de quantifier cette réalité du handicap au sein des associations constitutives. Le monde du handicap est très complexe en raison de sa diversité, des réponses qui peuvent grandement varier selon les territoires et des disparités sociales entre les personnes porteuses de handicap. Mieux identifier, connaitre et comprendre le handicap permettra à l’UDV, je le souhaite, d’avancer en la matière et de pouvoir davantage spécifier ses réponses à des problématiques que ses acteurs rencontrent.
Effectivement nos personnes accueillies doivent faire face à plusieurs difficultés et le handicap peut-être l’une d’elle. L’Union travaille dans le champ du handicap depuis toujours sans le savoir finalement…
Je dirai même que l’UDV est en avance sur la loi de 2005 qui estime que pour bien s’occuper de quelqu’un, il faut le considérer en tant que personne, comme son autre soi-même. L’UDV n’a pas attendu 2005 pour le faire, elle s’est toujours d’abord intéressée à la personne qu’elle regarde comme son prochain et qu’elle aide. La mission Handicap que j’ai l’honneur de mener sera une opportunité de partager avec l’ensemble des associations la connaissance des dispositifs spécifiques mis en place par la loi de 2005. Depuis ma prise de fonction, il y a quelques semaines, je m’attache prioritairement à rencontrer, tour à tour, les présidents et directeurs d‘associations pour connaître la réalité de leurs actions et voir à quel degré chaque association est concernée par la question du handicap. Que ce soit par rapport aux personnes qu’elle accompagne comme à ses obligations vis-à-vis de ses propres salariés ou bénévoles d’ailleurs. Cela donnera une photographie de la situation qui permettra ensuite d’actionner des leviers – qui ne l’auraient pas déjà été – auprès des pouvoirs publics ou des mécènes pour améliorer notre capacité d’accueil et d’accompagnement des personnes porteuses d’un handicap.