Poèmes de confinement…

Dans ses chroniques quotidiennes du temps de confinement, Gilles Rebêche nous a fait vivre les soirées de maraudes organisées depuis le point de distribution TABGHA du centre-ville de Toulon, pour apporter réconfort et nourriture aux sans-abris.

Et ces moments de solidarité étaient loin d’être monotones…

C’est ainsi que le 26 mars, il écrit : « Avant de nous quitter, Frédéric a tenu à nous lire un poème qu’il avait composé dans la journée sur le Coronavirus… Comme quoi le point TABGHA du centre-ville commence à ressembler au Cercle des poètes disparus… ».

Ce poème intitulé « Que peut-il sortir de bon ? » est en tête d’une longue série écrite jour après jour par Frédéric Sanoner, bénévole du Bus de Nuit, qui fut officier de marine et donne maintenant de son temps au service des plus fragiles. Il est également à l’origine d’un projet de chorale des bénévoles de l’UDV.

Pour vous faire partager son travail, nous avons choisi quelques extraits « chemin faisant » de ces réflexions quotidiennes sur nombre de sujets intéressants et variés. Les voici, avec l’autorisation de l’auteur, bien évidemment !

…Tu es si laid, mais enfin, bon !
Tu nous imposes un arrêt dans la course effrénée,
Tu nous obliges à vivre et ressentir le présent,
Tu permets à chacun de se retrouver
Et de goûter le simple fait d’être vivant. (Que peut-il sortir de bon ?)

Et chaque soir, Frédéric Sanoner mettait en vers « des ressentis personnels ou transmis par des personnes ou observés dans notre société »… et les partageait à ses amis.

La solitude :
« Elles sont nombreuses, autour de nous, ces solitudes
Et même si notre devoir est de rester confinés,
Elles appellent d’un cri étouffé toute notre sollicitude
Pour continuer à conjuguer le verbe partager. » (Seul)

La patience :
« Apprécions les petits bonheurs avec constance,
Traversons l’épreuve dans la confiance,
Sachons donner la première place à l’espérance
Et nous serons récompensés de notre Patience. » (La patience)

 La joie du printemps :
« Nettoyons donc nos tristes lunettes,
Obsédées par le virus et ses morsures,
Ouvrons toutes grandes nos fenêtres
Et contemplons la beauté de la nature. (Le Printemps)

 La fête de Pâques :
« Cette fête extraordinaire nous le rappelle, l’Espérance l’emporte !
Avec la confiance et les efforts, viendra la guérison,
Face à cette maladie, la vie est toujours la plus forte
Et l’humanité verra sa résurrection ». (Joyeuses Pâques)

 « La poésie est désuète pour ceux qui sont gavés, mais quand le réel est insupportable, elle prend la valeur d’une arme de survie » (B. Cyrulnik).

Et cette question brûlante : Et après ?….
« On voit fleurir, par les mots ou les chants,
De grandes phrases et de beaux slogans
Qui expriment le désir qu’après ces tourments
Rien ne soit plus comme avant. » (Et après ?)

 Vieillir …
« Les personnes âgées seraient-elles moins que d’autres
Des humains respectables et pleins de dignité ?
Leur vie d’aujourd’hui ne sera-t-elle pas la nôtre
Dans quelques temps, une seconde d’éternité ? » (Vieillir)

 Le chant :
« Amis qui unissez vos voix pour mieux vivre et partager,
J’ai plaisir à fredonner avec vous cet air si gai :
« De Terre s’élève un chant de lumière, une envie d’aimer
Je veux chanter, je veux chanter et je chanterai ! » (Chanter)

Et pour finir, la fraternité :
N’hésitons pas à sortir de nos canapés et à quitter nos domiciles
Pour cultiver avec tous les hommes la véritable fraternité,
Et, ensemble, bâtir un monde fraternel avec les plus fragiles. (Fraternité)

Cette cinquantaine de poèmes révèle ainsi quantité de sentiments ou de situations vécues pendant les dernières semaines. Si vous souhaitez les lire dans leur intégralité, dites-le nous et nous vous ferons parvenir les coordonnées de Frédéric Sanoner.

Parmi vous, chers lecteurs, il se trouve certainement des artistes : poètes, peintres, sculpteurs, musiciens, écrivains.  Sans doute avez-vous mis à profit ce long temps imposé de réflexion pour laisser s’exprimer des talents parfois masqués par le trop-plein de vos occupations quotidiennes.

Accepteriez-vous, en toute modestie, de nous les montrer, et de nous autoriser à en faire le récit dans un prochain IOTA ?

Cette période exceptionnelle que nous venons de vivre a forcément changé quelque chose en chacun de nous. Et après ne se conjuguera pas comme avant

Quelque chose a forcément changé dans notre regard sur l’autre et sur nous-mêmes, dans notre écoute, dans nos gestes d’accueil ou de partage.

 « La poésie est désuète pour ceux qui sont gavés, mais quand le réel est insupportable, elle prend la valeur d’une arme de survie ».

Cette phrase de Boris Cyrulnik ne pourrait- elle pas s’appliquer à toutes les formes de l’art ?

Aline Racheboeuf, reporter bénévole pour IOTA

Contact pour adresser vos parutions : aline(point)racheboeuf(arobase)sfr(point)fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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