Au Beausset : la Maison du « bien-vivre ensemble »
Ouverte en 1996, affiliée à l’UDV et propriété du Diocèse de Fréjus-Toulon, la Maison des Frères est une des maisons de la Diaconie dans le Var. Rayonnant sur le territoire Sud-Sainte Baume, l’ancien château du Beausset est une maison du « bien-vivre ensemble » qui conjugue harmonieusement de nombreuses réalités.
« Ici la porte est ouverte à tout le monde ! » s’enthousiasme Martine, la plus ancienne salariée de la maison. Clown à ses heures, ancienne chargée d’accueil, Martine est désormais en charge de la comptabilité et des réservations des salles et studios de cette vaste maison, sise au beau milieu d’un magnifique parc arboré de 5000 m2 !
A ses côtés, l’équipe qui comptait encore récemment 5 permanents s’est étoffée et a presque doublé !
Il y a aujourd’hui 9 salariés et tous sont nécessaires pour faire fonctionner la Maison : Hubert Laurent (directeur général du pôle hébergement-logement de l’UDV), Arnauld de Truchis (directeur de la maison), Martine Dete (secrétaire-comptable), Alice Ermeneux (permanente-animatrice), Olivier Bricout (éducateur référent des jeunes filles Mineures Non-Accompagnées « MNA »), Dario d’Alessandro (éducateur-adjoint pour les MNA), Silvio Petazzi (factotum), Ouahiba Chayeb (maîtresse de maison) et Maïssa Karakas (Conseillère en Economie Sociale et Familiale et responsable du dispositif Maison Relais).
L’équipe salariée de la Maison des Frères !
L’équipe salariée s’appuie sur Lisa Richter, une jeune volontaire européenne venue d’Allemagne, ainsi que sur une trentaine de bénévoles, dont dix réguliers, tous essentiels également.
Et tous ne sont pas de trop pour répondre aux nombreuses missions dévolues à cette grande Maison !
Une Maison du « bien-vivre ensemble »
On le constate en observant la diversité des personnes et des situations accueillies en son sein, la vocation de la Maison des Frères est de « bien accueillir » familles et groupes de passage.
Cet accueil véritable qui prend en compte la globalité de la personne concerne également toutes les personnes sans distinction et, en priorité, les plus pauvres. Il est de type inconditionnel.
La vocation de la maison est également de favoriser la mixité sociale et culturelle en accueillant simultanément des publics très variés.
Les principaux objectifs de l’association sont déclinés dans ses statuts :
- Promouvoir et réaliser une action de Tourisme Solidaire, en réseau avec les organismes de tourisme et des partenaires associatifs du domaine social.
- Permettre à des personnes en difficulté de retrouver un processus d’insertion face à l’exclusion, en proposant des animations éducatives ou pédagogiques, individuelles ou collectives.
- Aider les personnes désireuses de refaire leurs forces spirituellement, moralement et physiquement, en les accueillant, en leur permettant de se réunir, notamment en poursuivant la tradition d’hospitalité des Frères Auxiliaires, avec une attention particulière portée aux pauvres et à l’accueil des jeunes.
Découvrez les photos de la Maison :
Une maison aux multiples facettes
Aujourd’hui, la Maison des Frères s’organise autour d’une capacité d’accueil de 75 lits, répartis dans 25 studios, et ce afin de pouvoir accueillir des publics très variés :
- 20 places sont affectées au dispositif de Maison Relais (agréé par la Direction Départementale de la Cohésion Sociale-DDCS), pour accueillir et accompagner des familles en difficultés orientées par le SIAO 115, qui ont passé plus de 7000 journées dans ce cadre en 2019.
- 10 places sont vouées à accueillir et accompagner des jeunes filles mineures non-accompagnées, venues de l’étranger, qui sont confiées par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) relevant du département, dans le cadre du label « Lieu de Vie et d’Accueil » (LVA), accordé à la Maison en décembre 2018. Ces demoiselles sont restées dans la Maison plus de 2800 jours en 2019.
- 30 places sont destinées à l’hébergement des apprentis du Centre de Formation d’Apprentis (CFA) du Beausset pendant la période scolaire. Au total, ils ont été accueillis plus de 1900 nuits en 2019.
Mais la Maison accueille également :
- Des familles vivant à la rue dans le cadre de l’accueil d’urgence, en lien avec le SIAO 115 et le département. Elles ont passé plus de 1300 journées dans la Maison en 2019.
- Des personnes et des groupes dans le cadre du tourisme solidaire, en mettant à disposition une cuisine équipée de type professionnel. La Maison a développé le concept de « Gite-auberge solidaire », qui , en 2019, a, avec plus de 2400 nuitées, encore été une belle activité. Certaines personnes qui viennent séjourner dans la Maison partent pour la 1ère fois en vacances !
- Des particuliers logés en studios également dans le cadre du tourisme solidaire.
Enfin, la Maison loue des salles pour des réunions familiales, des conférences, des séminaires… et aussi pour soutenir la vie associative locale.
Elle accueille également des groupes pendant les week-ends ou les vacances, sur une ou plusieurs journées (scouts, jeunes avec un handicap, Fraternité Saint-Laurent, parcours Alpha, pastorale des établissements scolaires…).
Après avoir brossé un portait descriptif de la Maison, nous tenons maintenant à vous présenter plus particulièrement deux personnes qui y travaillent : Arnauld de Truchis, directeur de la maison depuis un an, et Olivier Bricout, éducateur spécialisé en charge des jeunes filles MNA.
Nous leur avons donné la parole pour qu’ils nous parlent d’eux-mêmes et de leur métier.
Rencontre avec le directeur, Arnauld de Truchis
« Je suis marié, j’ai 5 enfants. J’ai travaillé pendant 25 ans dans les sous-marins. Je me suis reconverti en 2012 au moment où les Apprentis d’Auteuil s’implantaient dans le Var. J’ai alors découvert le monde du social et de la protection de l’enfance.
Puis j’ai eu une opportunité avec le départ de l’ancien directeur de la Maison des Frères, Rémy Thiollier. Je suis devenu le directeur de cette Maison le 1er janvier 2019, avec notamment pour mission de mettre en place le dispositif de prise en charge des jeunes filles Mineures Non-Accompagnées (MNA).
C’est alors que la maison a changé de dimension : nous avons recruté un éducateur spécialisé, puis un éducateur-adjoint… tant est si bien que l’effectif salarié de la maison a doublé, nous avons également mis en place des veilleurs de nuit etc. De même, notre budget de fonctionnement a doublé, pour atteindre environ 700.000€/an.
Je tire un bilan très positif de cette première année comme directeur !
Ici nous accueillons et rencontrons des publics très variés : familles en réinsertion, hôtellerie sociale ou non, jeunes filles MNA avec des problématiques spécifiques, groupes d’enfants autistes ou psychotiques, personnes avec un handicap, familles en détresse urgente (sorties de maternité…), familles n’ayant jamais pris des vacances, jeunes apprentis et moins jeune aussi : un des apprentis accueillis dans la maison a 64 ans !
La Maison des Frères est une maison du diocèse qui a une âme, notamment grâce à la chapelle. Nous accueillons toutes les confessions bien sûr et restons ouverts, et nous avons une vie spirituelle riche, avec des messes régulières, les rencontres du parcours Alpha, le soutien de la Fraternité St Laurent en charge de l’animation spirituelle de la maison…
Et nous nous efforçons aussi d’être des « bien-fêteurs » : dans la maison, nous fêtons toutes les fêtes possibles, les anniversaires, les fêtes de toutes les religions, nous prenons régulièrement des repas en commun…
Arnauld de Truchis, directeur de la Maison.
La Maison est bien implantée localement : nous sommes connus et reconnus dans le village et les villages alentours, et ce grâce à des partenariats étroits avec le maire, les commerçants qui accueillent nos jeunes filles en apprentissage ou en stage…
Aujourd’hui mon rêve serait de pouvoir accueillir les religieuses de la Ste Famille des Nécessiteux : cette communauté fondée au Nigéria est actuellement en discernement avant de peut-être venir installer ici une communauté de trois religieuses. La vocation de cette communauté est d’accompagner les migrants, les sœurs auraient donc toute leur place dans la Maison !
J’ai d’ailleurs obtenu de la part du Conseil Départemental le financement d’un poste pour elles : celui de permanent de la maison.
Ici la vie est très riche grâce à la diversité des personnes que nous accueillons, et également grâce à la complémentarité salariés/bénévoles : sans les bénévoles on ne pourrait pas fonctionner !
Je tiens ici à rendre un hommage appuyé pour le soutien précieux qu’apportent bénévolement les membres du Conseil d’Administration et en particulier son président, Jean-François KARCHER, son adjointe, Catherine DEVRAIGNE, le nouveau trésorier, Jean-François ERMENEUX, épaulé par Philippe LELONG, la secrétaire, Bernadette VUILLEMIN, le conseiller pour les travaux, Dominique MARSAUT, ainsi que Jean-Jacques CRUCHANT et Jean-Marie PEYRAUD très impliqués dans la vie de la Maison des Frères.
Nous avons la chance de former tous ensemble une équipe extraordinaire : tout le monde « pousse » dans le même sens, vers le service aux plus pauvres.
Je suis persuadé que la bonne entente de l’équipe est le moteur de la maison : tout le monde vient ici en étant heureux d’y travailler. L’état d’esprit et le bien-être de chacun dans l’équipe, la cohésion d’équipe, ça c’est mon dada ! ».
Rencontre avec Olivier Bricout, éducateur spécialisé,
en charge de l’accompagnement des jeunes filles Mineures Non-Accompagnées
« J’ai été recruté comme éducateur spécialisé à la Maison des Frères en décembre 2018. Je travaille comme référent social et éducatif des jeunes filles Mineures Non-Accompagnées.
Ma mission consiste à les accompagner au quotidien dans tous les domaines de leur vie : la scolarité, la santé, l’hygiène, les divers rendez-vous administratifs et les démarches consulaires…
Je fais le lien avec l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et le juge des enfants.
Avant d’arriver ici, je travaillais pour l’Association Départementale de Sauvegarde de l’Enfance, de l’Adolescence et des Adultes en difficulté, avec de jeunes garçons dont les acquis scolaires étaient plus élevés que les jeunes filles dont je m’occupe aujourd’hui.
Certaines jeunes filles que nous accueillons n’ont jamais tenu un stylo de leur vie, d’autres ne savent pas compter…, sans parler bien sûr de la barrière de la langue car toutes arrivent de l’étranger.
Toutes ont subi un parcours migratoire traumatisant, avec tous les drames que l’on peut imaginer. Nous travaillons donc avec elles leur projet d’avenir ainsi que sur les traumatismes du passé qui sont de véritables freins : insomnies, divers problèmes de santé dont le stress post-traumatique…
Je collabore étroitement avec ma collègue Maïssa, Conseillère en Economie Sociale et Familiale (CESF), qui partage son temps entre le dispositif des MNA et celui de la maison relais. Maïssa aide notamment les filles à gérer leur budget car l’ASE leur attribue un pécule mensuel destiné à servir d’argent de poche et à couvrir leurs frais de transport, la vêture, les dépenses d’hygiène…
Je bénéficie également du soutien de Dario : ancien bénévole, puis agent d’accueil, il suit actuellement une formation pour devenir éducateur spécialisé, et il intervient en tant qu’adjoint à mes côtés et aussi sur le dispositif maison relais.
Olivier Bricout, éducateur spécialisé, avec Martine Dete, comptable
A la Maison des Frères, nous formons réellement une équipe éducative, au sein de laquelle chacun a un rôle à jouer : Martine, Ouahiba, Marc, Silvio, Alice… On peut vraiment compter sur tout le monde et ce climat familial contenant bénéficie sans aucun doute aux personnes accueillies dans la Maison.
Bien sûr, en accompagnant les jeunes filles MNA qui arrivent des quatre coins du monde, nous vivons concrètement les conséquences d’une dérive mondiale et des enjeux géopolitiques.
Actuellement les jeunes filles que nous accueillons viennent d’Afrique Noire pour la plupart : Cameroun, Côte d’Ivoire, Nigéria, Erythrée, Guinée…
Ce qui est étonnant c’est que la plupart d’entre elles n’avait pas l’intention de venir en Europe quand elles sont parties de chez elles : leur exil a souvent commencé par un problème familial, elles sont ensuite allées se réfugier chez un proche, puis ce proche leur a recommandé de partir et elles ont ensuite entamé un parcours migratoire pendant lequel rien ne les arrêtera… La plupart ont transité par le Maroc ou la Libye.
Bien sûr, nous travaillons avec une psychologue qui est présente tous les mardis soirs.
Les jeunes filles apprennent le français en allant à l’école ou en fréquentant des associations comme Trait d’Union ou le CAAA-UDV. Certaines sont en contrat d’apprentissage.
Heureusement, il n’y a pas que des difficultés : ces jeunes filles amènent beaucoup de vie dans la Maison, il ne faut pas oublier que ce sont des adolescentes avant tout ! ».
Un peu d’histoire…
La Maison des Frères a été construite au XVIIIème siècle par la famille des Segond de Sédéron. Elle a hébergé Bonaparte pendant un temps puis a servi d’hospice pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Elle devient un pensionnat pour jeunes filles avant que les Frères Auxiliaires du Clergé en héritent. Guidés par leur charisme, ils font de cette maison un lieu d’accueil pour les plus pauvres en 1955.
En 1992 ils lèguent la maison au diocèse de Fréjus-Toulon qui en donne la gestion à l’association Maison des Frères–UDV afin de perpétuer une tradition d’hospitalité. La maison est aujourd’hui un lieu de vie, d’accueil et de convivialité, qui vise à favoriser la mixité sociale et culturelle en accueillant des groupes de personnes variées.
Vous souhaitez vous engager et rejoindre une équipe motivée ?
La Maison des Frères a besoin de bénévoles pour des activités riches et diversifiées : projet de potager partagé, soutien scolaire et aide aux devoirs, bricolage et petits travaux…
Contact :
Maison des Frères-UDV
16, rue Estienne d’Orves
83300 LE BEAUSSET
04 94 98 72 72
mlhaccueil(arobase)gmail(point)com
www.lamaisondesfreres.fr
Pour aller plus loin :
- Consultez notre reportage consacré à la Maison des Frères, et publié en mai 2017 sur notre site IOTA
- Consultez l’article consacré à Hubert LAURENT, directeur général du pôle hébergement-logement de l’UDV
Propos recueillis et article rédigé par Christophe PAREL, responsable communication de l’UDV.
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