L’UDV au cœur de l’hébergement citoyen des Ukrainiens

Rencontre avec Anne-Marie Defolie et Marlène Chiaberge, travailleuses sociales de Logivar – UDV. L’Union est engagée dans l’hébergement citoyen des réfugiés ukrainiens avec des travailleurs sociaux professionnels qui font le lien entre les familles françaises qui se portent volontaires et les réfugiés.

Avant de développer le propos, comprenons-le… Qu’est-ce que l’hébergement citoyen ? On trouve la définition sur le site du gouvernement : « L’hébergement citoyen repose sur la mobilisation de foyers souhaitant s’investir en faveur des déplacés en proposant un accueil temporaire au sein de leur résidence principale ou dans un logement inoccupé mis à disposition gratuitement. Ce dispositif vient en complément du panel de solutions proposées aux déplacés ukrainiens mais n’a pas vocation à s’y substituer : il propose une modalité d’accueil hybride basée sur le principe de la « cohabitation » entre déplacés accueillis et foyers accueillants ».

D’accord, mais comment ça marche ? En 4 temps :

1. Les réfugiés ukrainiens, dans le cadre de leur arrivée sur le sol français, sont recensés par les autorités et tout un panel d’aide et d’accompagnement est mis en place, dont leur inscription sur un listing d’ayant droit à l’hébergement citoyen.

2. Des familles résidant sur le sol français se portent volontaires auprès de la DDETS (Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités) pour accueillir ces réfugiés ukrainiens.

3. Les logements de ces familles, une fois validés par la DDETS, sont signalés aux associations partenaires du dispositif (pour le Var, c’est l’UDV) et ils sont visités par leurs travailleurs sociaux qui observent les lieux, discutent avec les propriétaires et confirment ou non le lieu d’habitation comme autorisé à l’hébergement citoyen en précisant auprès du SIAO (Service Intégré d’Accueil et d’Orientation) quel type de public y serait le plus adapté (femme seule avec enfants, personnes âgées, couple ou famille etc…).

4. Les travailleurs sociaux qui ont visité les logements des familles françaises y emmènent les réfugiés ukrainiens et établissent ainsi un premier contact entre la famille accueillante et la famille accueillie. Si celui-ci est positif, l’hébergement citoyen peut commencer !

« Créer des liens qui restent forts »

3 associations constitutives de l’UDV sont engagées dans cet hébergement citoyen : Logivar – UDV, à Toulon, Logivar Estérel – UDV, à Fréjus et Provence Verte Solidarité – UDV, à Brignoles. Chez Logivar – UDV, à Toulon, deux travailleuses sociales sont spécialement dédiées à cette mission : Marlène Chiaberge et Anne-Marie Defolie.

Intervenante sur le secteur de la métropole Toulon Provence Méditerranée + Sanary, Bandol, Saint-Cyr, Evenos et Le Beausset, Marlène Chiaberge (à droite sur la photo) nous détaille son travail : « Je suis travailleuse sociale depuis des années et j’ai rejoint Logivar – UDV spécialement pour cette mission. Les familles ukrainiennes que je rencontre sont d’abord logées d’urgence à l’hôtel puis je les emmène visiter des familles françaises accueillantes que j’ai auparavant sélectionnées en concertation avec les services de l’Etat. Mon rôle est d’abord de bien cerner les motivations de la famille accueillante et de l’informer de la responsabilité que cet accueil fait naître. C’est un engagement sur plusieurs mois, en général de 3 à 12 mois et sans aucune compensation financière. Il faut donc pouvoir faire face ! Quant aux réfugiés, ce sont souvent des femmes seules avec un ou plusieurs enfants qui se retrouvent du jour au lendemain sans mari ou conjoint et doivent tout gérer, y compris le traumatisme de la guerre pour elles et pour leurs enfants. Une fois la première mise en relation faite, chacun a droit à un délai de réflexion et reviens vers moi pour me donner sa réponse. Une vingtaine de familles ukrainiennes ont déjà trouvé un foyer chaleureux sur mon secteur grâce à cet hébergement citoyen. Cela peut créer des liens qui restent forts sur toute une vie. C’est parfois réellement émouvant de voir ces familles s’apprivoiser puis se lier d’amitiés ».

« Ce n’est pas rien de partager sa salle de bain »

Anne-Marie Defolie (à gauche sur la photo) intervient elle sur le secteur du Cœur du Var (Puget, Carnoules, Pignans, Besse, Gonfaron, Flassans, Les Mayons, Le Luc, Cabasse, Le Thoronet, Le Cannet des Maures) + Cuers, Pierrefeu, Collobrières, Vidauban, et Lorgues. Educatrice au CHRS de La Maison Saint Louis depuis 14 ans, elle a accepté de devenir la travailleuse sociale référente sur le dispositif hébergement citoyen dans cette zone géographique. Cela fait un mois et elle a déjà « appareillé » 3 familles. « Je dis volontairement « appareiller » car il est important que les accueillis comme les accueillants comprennent bien tous les enjeux de ce vivre ensemble, insiste-t-elle. Ce n’est pas rien de partager avec des inconnus sa salle de bain, son salon, tous ses repas etc… Je m’attache à mettre les choses au clair dès le premier entretien. Par exemple, je peux sensibiliser un couple de retraités au fait qu’un enfant en bas âge, à leur âge, c’est mignon mais cela peut déranger aussi ! S’il y a des règles de vies établies et qui peuvent leur sembler allant de soi, elles ne le sont pas et il s’agit de le verbaliser. Parce qu’ensuite on s’engage sur le long terme et le but n’est pas de faire basculer ces réfugiés de familles en familles ». D’autant qu’Anne-Marie, comme beaucoup d’autres travailleurs sociaux, constate un engouement sans précédent pour l’accueil de ces familles et qu’elle aimerait que cela serve de leçon : « J’ai déjà accompagné des réfugiés par le passé sur le CHRS. Le dispositif n’est pas récent, mais il est nouveau dans le Var. Beaucoup de choses sont mises en place pour ces réfugiés ukrainiens, l’élan de solidarité est là, c’est très bien, mais il faudrait que cela soit le cas pour tous les autres réfugiés venus d’autres endroits du monde. Espérons que la prise de conscience suscitée par cette guerre en Ukraine servira à l’accueil des réfugiés d’autres pays qui ont besoin de nous toute l’année depuis des décennies ».

Pour l’heure, le bilan est le suivant :

  • Logivar – UDV a donc pu orienter 23 familles ukrainiennes vers cet hébergement citoyen (20 sur le secteur de la métropole TPM et 3 sur le secteur du Cœur du Var).
  • Provence Verte Solidarités – UDV a validé 3 hébergements et pris en charge 9 familles ukrainiennes soit 24 personnes sur le secteur de la Provence Verte.
  • Logivar Estérel – UDV a pu déclencher 4 hébergements citoyens et 5 intermédiations locatives pour les réfugiés ukrainiens sur l’agglomération Estérel Côte d’Azur.

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