L’impact du mal-logement sur la santé

Le 5 avril dernier à Toulon, la Fondation Abbé Pierre présentait son 21ème Rapport annuel sur « L’état du mal-logement en France ». L’occasion pour Iota d’illustrer les impacts du mal-logement sur la santé.

Lors de cette matinée d’échanges, un temps a été consacré au mal-logement, une question de santé publique. Des acteurs locaux ont apporté leurs éclairages. Nous vous rapportons le témoignage de Martine TIMSIT, psychiatre bénévole à l’association Promo-Soins Toulon, et Nelly BOUISSON, infirmière au sein de l’interface psychiatrique Siloé.

Promo Soins – Siloé est une association qui reçoit un public précaire, souvent sans domicile fixe. Elle dispose d’un nombre important de professionnels liés au médical, au psychiatrique et au social. Cette pluridisciplinarité permet la prise en charge complète de la personne et dans cette dynamique, le facteur « temps” joue un rôle essentiel dans l’accompagnement vers un logement stable. Les deux situations contrastées présentées ici en sont une illustration.

Questions de santé à la rue

  • Premier exemple : Monsieur A est né en 1960. Il avait été suivi quelques semaines en 2007 à Promo soins et le diagnostic de schizophrénie avait été posé. Mais très vite il a quitté Toulon, connait alors quelques hospitalisations à Marseille où il est placé sous tutelle, puis part dans le Nord où il a de la famille. Enfin il séjourne dans un institut psychiatrique en Belgique. Cet été 2015, il revient à Toulon, de nouveau sans logement, sans traitement et sans tutelle. Le contact est repris avec l’équipe de Promo soins et en deux semaines, un studio est trouvé pour lui. Toutes les démarches sont faites par l’association jusqu’à l’installation de meubles. Mais, une fois installé, ce monsieur dilapide son argent dans l’alcool et les jeux, refuse une demande de protection de justice et espace les suivis psychologiques. Actuellement, il n’a plus d’argent, plus de traitement médicamenteux et il n’ouvre pas la porte de son logement quand le personnel soignant essaye de rétablir le contact. C’est un retour au point de départ…

=> Bilan : l’accès au logement a été réussi mais il a échoué à cause d’une problématique de santé.

  • Deuxième exemple : Monsieur B est né en 1959. Il est originaire du Cap Vert et il arrive à l’âge de 17 ans dans la région parisienne avec sa mère et ses deux sœurs. Il est naturalisé français à l’âge de 26 ans, obtient un CAP de Boulanger mais après la mort de sa mère, en 1994, il quitte Paris pour le Sud. Il subit alors plusieurs hospitalisations à Nice et à Toulon. au cours desquelles le diagnostic de schizophrénie est porté. Après chaque hospitalisation, il retourne à la rue. L’aide constante psychologique et sociale de l’association lui permet de surmonter ses nombreuses difficultés (perte de papiers, difficultés relationnelles, vaines recherches de travail, amendes pour voyages sans billet). En 2008, il trouve une famille originaire du Cap Vert à Marseille et renoue ainsi des liens affectifs avec son pays d’origine. Grâce à l’association des Amis de Jéricho, il participe avec plaisir à des randonnées et à des séjours à la montagne. En 2010, on lui découvre un cancer du rein qui est vite opéré et guéri sans complication. Ainsi, à travers de multiples événements de vie, il s’approprie, petit à petit, les règles d’un système auquel il finit par faire confiance et c’est lui même qui demande à l’assistante sociale de l’aider à obtenir un logement dans le cadre de la loi DALO. Il l’obtient en 2013. Depuis lors tout se passe bien.

=> Bilan : il a fallu une longue histoire de soin pour aboutir à un accès au logement réussi de façon durable.

3 Chiffres de la Préfecture du VAR

  • 30 000 demandeurs de logements sociaux – 10% sont satisfaites
  • 2 600 personnes à reloger
  • 738 demandes de concours la force publique pour des expulsions – 518 accordées

Propos recueillis par Ludovic Teillard, secrétaire général de l’UDV. Avec l’aimable contribution de Martine TIMSIT, psychiatre bénévole à Promo soins Toulon.

Consulter les informations sur le 21ème Rapport annuel sur le mal-logement

Pour obtenir le 21ème Rapport annuel sur l’état du mal-logement en Paca 2016, contacter la Délégation régionale Paca, 20, rue Loubon, 13003 Marseille. 04 91 50 61 77.


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