Le Clos Bethléem : un sanctuaire d’écologie intégrale
Site exceptionnel qui abrite de nombreux lieux saints sur une colline de La Seyne-sur-Mer, le Clos Bethléem, qui avait ouvert ses portes au public lors des dernières journées du patrimoine, est entre les mains de la Diaconie du Var pour y développer un projet d’écologie intégrale.
Le Clos Bethléem, situé au 378 avenue Jean-Baptiste Ivaldi à La Seyne-sur-Mer (83500), est un lieu unique qui regroupe, sur un parc arboré de 4 hectares, l’ancien monastère des Camaldules, le sanctuaire Notre Dame de Fatima et la maison Saint-Louis. Sans oublier l’impressionnante statue de Saint Joseph. Le lieu et ses composantes sont habités par une histoire aussi riche que passionnante.
Au pied de la colline, l’ancien monastère des Camaldules a été fondé en 1925 par mère Marie Jeanne des sept douleurs, née Emma Tirelli. Cette religieuse, italienne d’origine, avait le désir de déployer en France le charisme de son saint patron, Saint Romuald : vie de prière, hospitalité des pauvres et protection des arbres, en référence à la forêt de Camaldoli en Toscane où Saint Romuald s’était installé comme ermite pour vivre selon les inspirations de la règle de Saint Benoît et de la réforme de Saint Bernard. De fait, aujourd’hui, autour de l’ancien monastère et du sanctuaire, se déploie une belle forêt urbaine et un parc arboré d’essences méditerranéennes que la métropole Toulon Provence Méditerranée souhaite protéger comme l’un des poumons verts du territoire. Les religieuses camaldules ont vécu à La Seyne leur vie contemplative jusqu’en 2017. La maison initiale à partir de laquelle s’est déployée le monastère des camaldules a été baptisée « Le Clos Bethléem » en référence au lieu de la nativité de Jésus en Palestine. Attenante au Clos Bethléem, la Chapelle Sainte Rita, patronne des causes désespérées, est un lieu de dévotion populaire.
Impossible de manquer le sanctuaire Notre Dame de Fatima et la statue de Saint Joseph, un peu plus haut sur la colline. Le sanctuaire, devant lequel une belle esplanade permet des rassemblements, est le fruit d’un vœu que mère Marie-Jeanne des douleurs fit pour implorer la protection du ciel lors des terribles bombardements sur La Seyne à la fin de la deuxième guerre mondiale. Elle fut soutenue par le zèle d’un prêtre hors du commun, le père Constant Pel, incardiné dans le diocèse d’Ajaccio en Corse. Il fit de ce sanctuaire et de l’érection d’une statue monumentale de Saint Joseph l’œuvre de sa vie. Il présenta ce vœu et ce projet le 16 juin 1944 à Monseigneur Gaudel, évêque de Fréjus-Toulon, qui l’approuva et le signa. Deux ans plus tard, le monument fût élevé.
Sous l’autel, une crypte funéraire contient les restes des religieuses Camaldules, dont la fondatrice, mère Marie Jeanne des sept douleurs.
Entre le sanctuaire et le monastère, Le Clos Bethléem abrite la maison Saint-Joseph où s’est installée la communauté des Frères pauvres de Jésus-Christ (de la communauté brésilienne O’Caminho) qui anime les lieux.
Le projet d’écologie intégrale mené par la Diaconie du Var
Il s’agit là d’un véritable projet d’écologie intégrale voulu par le diocèse de Fréjus-Toulon, nécessitant d’importants travaux d’aménagement du chemin d’accès et de construction de bâtiments, et dont la vocation sera d’en faire un lieu inclusif avec l’opportunité de porter 3 dimensions : le spirituel, le social et l’environnemental.
Ainsi, la dimension spirituelle a pour vocation de :
- Relancer la vie du sanctuaire qui s’articulera avec les autres sanctuaires locaux que sont Notre Dame du Mai à Six-Fours, Notre Dame de Consolation à Hyères et Notre Dame du Beausset Vieux pour fixer un calendrier d’événements tout au long de l’année.
- Implanter durablement les Frères pauvres de Jésus-Christ afin qu’ils accompagnent les personnes vivant toute sorte de pauvreté.
- Créer un reposoir funéraire pour qu’il accueille les urnes funéraires et fournisse un lieu de recueillement aux familles en deuil.
- Faire vivre le Clos Bethléem comme un lieu de rassemblement et de célébration sous l’impulsion de la Fraternité Saint-Laurent.
- Proposer un lieu de retraite et de repos, l’environnement s’y prêtant particulièrement.
- Proposer un lieu de formations professionnelles, sociales, anthropologiques et spirituelles.
La dimension sociale vise à :
- Implanter un Gîte Auberge Solidaire comme c’est déjà en place sur le Beausset avec la Maison des Frères – UDV. L’idée serait là aussi de rassembler sous un même toit diverses solutions d’hébergement et de logements adaptés (hôtellerie sociale, pension de famille, etc…).
- Lancer un projet immobilier qui entraînerait la construction de 2 bâtiments et l’élargissement du chemin d’accès au Clos Bethléem afin de proposer un lieu de stage et d’insertion, développer une offre d’artisanat et devenir un lieu de tourisme solidaire et une escale pour pèlerins. La maison Saint Joseph, le sanctuaire, la crypte et bien entendu la statue de Saint Joseph seront préservés mais le monastère devra être détruit pour permettre la construction des futurs logements et la chapelle Sainte Rita devra être déplacée.
La dimension environnementale cherche à :
- Valoriser et préserver la forêt urbaine qui pourrait être ouverte au public en concertation avec les collectivités locales et le conservatoire du littoral.
- Développer des activités de maraichage, jardin potager, verger et apiculture, notamment pour les publics accueillis par l’UDV qui dispose pour cela d’un agrément OACAS (en savoir + ICI).
« Nous souhaitons une approche globale du site »
Pour porter le projet d’écologie intégrale mené par la Diaconie du Var, un comité de pilotage a été créé. Composé d’experts, il diagnostique les problèmes administratifs, techniques et financiers et propose des solutions ainsi qu’un calendrier sur 10 ans pour en relever les défis les plus ambitieux (notamment les travaux). Xavier Desgrées du Loû, président de La Maison des Frères – UDV du Beausset (qui anime un Gîte Auberge Solidaire conjuguant tourisme solidaire, hôtellerie sociale, pension de famille, centre de sessions et de formations et maison relais pour familles refugiées), est le responsable de ce comité de pilotage. Il planche d’ailleurs actuellement sur la partie immobilière du projet, pierre angulaire de cet ambitieux programme. « Nous sommes à la recherche d’un opérateur immobilier qui travaillera avec nous pour construire ces immeubles et qui nous apportera son expertise pour la réalisation et l’aménagement des différents lieux à vivre. Mais le sujet du Clos Bethléem va au-delà de la dimension immobilière. C’est une approche globale du site que nous souhaitons et nous avons émis un cahier des charges qui a été envoyé à plusieurs bailleurs sociaux ». Une fois les travaux achevés, l’accent sera mis sur les pensions de familles avec un accompagnement global sur la durée. « Comme pour La Maison des Frères – UDV ou l’Éco-Hameau Saint-François de Draguignan, l’accompagnement de ses familles se fera sur la durée et notre vocation sera de les réinsérer pour leur permettre de regagner une autonomie et de trouver leur propre logement ensuite, précise Xavier Desgrées du Loû. Un poste d’hôte de maison sera créé, des assistantes sociales assureront le suivi et des bénévoles viendront en support pour l’animation des lieux. La dimension spirituelle du futur Clos Bethléem sera œcuménique et proposée à ceux et celles qui le souhaitent ».
En attendant, une équipe d’animation s’est montée pour aider les Frères pauvres de Jésus-Christ à faire vivre dès aujourd’hui le site. Elle publie notamment un bulletin mensuel d’information appelé « Les nouvelles du Clos Bethléem ». Un pôle développement se structure pour mettre en œuvre les projets réalisables à court terme tels que le redémarrage des activités de maraichage, le petit élevage, le jardin potager etc… L’Union Diaconale du Var peut compter sur le soutien, dans cette belle aventure, de la Fraternité Saint-Laurent à la paroisse Saint Jean-Baptiste de Berthe, la communion Saint Lazare présente au crématorium, l’aumônerie des malades à l’hôpital Georges Sand, l’espace d’accueil du Secours Catholique et l’épicerie solidaire d’Amitiés Cité – UDV, en centre ville de La Seyne-sur-Mer, pour laquelle le Clos Bethléem aimerait fournir, à terme, fruits et légumes de saison.
Le succès de l’ouverture au public lors des Journées du patrimoine
Le Clos Bethléem a accueilli près de 200 personnes le dimanche 17 septembre dernier lors de son ouverture au public pour les Journées du patrimoine. Un franc succès ! Si les curieux étaient venus des quatre coins du département, la majorité des visiteurs étaient des Seynois qui avouaient ne pas particulièrement connaître les lieux : « Il y a eu une bonne communication en amont, nous en avons entendu parler sur Facebook et nous avions déjà remarqué la grande fresque en bord de route, nous glissait un jeune couple seynois. Nous ne savions pas qu’il y avait un ancien monastère ici. C’est vraiment un endroit magnifique qui a un potentiel énorme ». Une majorité de la vingtaine de bénévoles qui forment l’équipe d’animation du Clos Bethléem était présente pour assurer l’accueil, au pied du sanctuaire, raconter l’histoire de la statue de Saint Joseph ou faire découvrir la chapelle Sainte Rita. C’est Jean-Pierre qui assurait cette dernière mission. Avec sa voix grave et sa bonhomie communicative, il n’a pas chômé. « Il y a vraiment du monde, nous glissait-il dans un franc sourire. Et beaucoup de gens qui habitent juste à côté et ne connaissaient pas tout ce que renferme ce lieu ! ». C’est maintenant chose faite. Le Clos Bethléem n’a d’ailleurs pas fini de faire parler de lui !