La crèche de la Maison Providence

« Dans une boîte en carton sommeillent les petits santons : Le berger, le rémouleur et l’Enfant-Jésus Rédempteur. Le ravi, qui le vit, est toujours ravi ; les moutons en coton sont serrés au fond. Un soir alors, paraît l’étoile d’or ! Et tous les petits santons quittent la boîte de carton. Naïvement, dévotement, ils vont à Dieu porter leurs vœux. Et leur chant est touchant. Noël ! Joyeux Noël ! Noël joyeux de la Provence ! »

Ce chant de Noël, qui date de 1935, a ravi beaucoup d’entre nous. Ils sont toujours dans nos cœurs ces petits personnages joyeux et colorés que nous ressortons chaque année en même temps que nous semons le « blé de l’espérance » qui doit nous apporter bien-être pour les mois à venir. Depuis 1123, où St François d’Assise « inventa » la première crèche vivante, la tradition s’est perpétuée… Jusqu’à la Révolution française où furent fermées les églises et interdites les crèches. Alors, en Provence, on fabriqua des crèches clandestines et les santons –SANTOUNS, PETITS SAINTS – apparurent dans les familles. Aujourd’hui, ils ne sont plus en mie de pain ou en papier mâché, mais en argile depuis 1800.

Babeth Houas, créatrice de la crèche de la Maison Providence.

Nous avons rencontré une personne pour qui ces adorables miniatures sont une véritable passion : Babeth HOUAS, née à Toulon et résidant à Cuers. Cette amoureuse des animaux (« J’ai 3 chevaux dans mon jardin ») est également aquarelliste et peintre sur soie. Une belle palette de dons ! Son époux, Farhat, est l’ancien trésorier des Amis de Jéricho – UDV à qui il s’est consacré pendant plusieurs années. Babeth dit de lui qu’il est « la tête » de leur couple, parce qu’il fait beaucoup de travail associatif, donne des cours de soutien, etc…

Babeth fait des santons depuis 30 ans, et se souvient d’en avoir fait lorsqu’elle était petite. Maintenant, avec quelques soucis de santé, la pose posturale pour peindre lui est devenue pénible, alors le santon est une occupation de chaque jour. Debout à 5 heures tous les matins, après une petite sieste, elle se met à la sculpture. « Je suis une hyperactive, dit-elle, je suis malade si je ne fais rien ! »

Babeth est une autodidacte. Elle cherche ses modèles, les choisit souvent sur Internet et les interprète à sa façon. Elle aime qu’ils soient naïfs, tendres, avec des expressions qui reflètent leur personnalité et leur histoire. Pour rendre réaliste une crèche, il faut aussi rajouter des maisons, une colline, une rivière, des moulins ou encore des oliviers. La crèche provençale regroupe les habitants d’un village et les métiers ; notre santonnière aime particulièrement le début du XXème siècle.

 

Ecoutons- la :
« Mes santons font environ 10 centimètres. J’essaye de faire toujours quelque chose de très coloré, de très lumineux. Ils ne sont pas moulés ; mon travail se situe entre le modelage et la sculpture… Et il n’y en a pas deux pareils. Il n’y a pas que les personnages, mais aussi les animaux, et les arbres (cyprès, pins, oliviers…) tout un paysage. J’utilise l’argile grise, plus facile à travailler. Ils ne sont pas cuits. Je passe une première couche de colle à bois, puis je les décore avec de la peinture aux huiles fines. Tous, on peut les réparer ».

 

Comment vous est venue l’idée d’offrir une crèche à la Maison Providence ? La réponse est spontanée : « Parce que cela leur faisait plaisir, et faisait plaisir aux Sœurs ! Il y aura quatre panneaux de 1 mètre x 1 mètre, et entre 60 et 70 personnages. Et tout cela sera inauguré le Vendredi 13 Décembre à midi ! »

Et le mot de la fin, le plus beau : « Mes santons, je ne les vends pas, je les offre pour faire plaisir ».

Comment ne pas être touché par cet enthousiasme et cette joie de partager en toute simplicité ce qu’elle aime et qui fait sa vie…On pourrait en parler encore longtemps… En quittant Babeth, deux textes me sont revenus en mémoire :

 

  • D’abord ce chant de 1973 : « Jésus est né en Provence, entre Avignon et les Saintes Marie ! Jésus est né en Provence, c’est un berger qui me l’a dit… Et le berger, s’il m’a menti, c’était pas malveillance. A vrai dire dans ce Paradis, entre le Rhône et la Durance, on pouvait croire que le petit ne pouvait naître qu’en Provence ».
  • Et puis ces mots de Lamartine : « Objets inanimés, avez-vous donc une âme, qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? »

Aline Racheboeuf.

Aline Racheboeuf (photo Luc Boutria)


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