A Hyères : la Maison de « toute la famille »
Le soleil inonde la rue de Verdun et rend la façade de la maison encore plus gaie, plus attirante. La porte n’est pas complètement fermée, on la pousse et on entre dans un hall accueillant : des plantes vertes lui donnent vie et le sourire de Nora ajoute à l’atmosphère agréable de cette maison que je viens découvrir…
La Maison des Familles rayonne, c’est sûr, rien que par son apparence, et c’est Henri Gouraud, son Président, qui va m’en raconter la vie.
Maison qui a commencé par être une école et qui s’appelait « l’Asile ». Il y a d’ailleurs encore la rue de l’Asile qui jouxte la propriété.
Cette « jeune association » intitulée Initiatives Solidaires Azuréennes (ISA-UDV) a été initiée en 2017 pour faire suite à Amitiés Massillon qui venait de disparaître. Elle compte aujourd’hui 450 bénéficiaires, une cinquantaine de bénévoles et 7 salariés : 1 directeur, 1 responsable du pôle Familles, 4 animateurs du pôle Jeunesse (2 plein temps, 1 mi-temps, 1 quart de temps), 1 agent d’accueil à plein temps (indispensable pour la maison), un agent d’entretien.
Nicole, laïque consacrée, loge sur place ; elle est Maîtresse de Maison, joue un rôle très actif de bénévole et travaille en lien avec la paroisse. Sa présence est sécurisante et rassurante.
Redonner une vie sociale à des personnes et à des familles en difficulté, par toutes sortes de moyens, tel est l’objectif principal de la Maison des familles.
Et maintenant, il se crée peu à peu des liens avec d’autres villes comme La Londe-les-Maures et La Crau. Des échanges qui sont prometteurs car il est toujours bénéfique de s’ouvrir sur l’extérieur.
Des activités nombreuses et vivantes
ACTIVITÉS DE SANTE : Pendant les pauses-déjeuner, les animateurs vont rencontrer les lycéens pour aborder les problèmes de harcèlement, d’addiction ou psychologiques. Ce projet est financé par l’Agence Régionale de Santé (ARS) et marche très bien.
Un exemple : on propose aux jeunes qui fument un test au monoxyde de carbone. Ce test les motive et leur fait prendre conscience de leur addiction. Il leur donne ensuite envie de revenir pour vérifier les progrès réalisés. Ces jeunes viennent aussi rue de Verdun, et ils sont de plus en plus nombreux.
LE SOUTIEN SCOLAIRE est réservé aux collégiens. Des lycéens volontaires encadrent les collégiens, de 17 à 19h. Les demandes vont en augmentant. Il y a pendant ces deux heures un mélange d’encadrement, de détente et de discussion. Les professeurs ne participent pas mais ils peuvent signaler les difficultés et orienter les élèves. Cette activité a été initiée au Collège Maintenon par le P. Dominique Trillat.
Pour les parents, des rencontres et des conférences sont organisées, sur des thèmes bien définis, à « l’Accueil Jeunes ».
Découvrez notre reportage vidéo consacré à l’association :
RELATION AVEC LES FAMILLES : l’alphabétisation est une activité très soutenue, avec une centaine de personnes participantes. Au début, il y avait surtout des mamans maghrébines heureuses de se rencontrer et de sortir de chez elles. Maintenant, les migrants font partie intégrante du groupe. On organise en plus des sorties, des cours de gymnastique, ce qui facilite les relations et l’apprentissage.
ATELIERS : COUTURE, PÂTISSERIE, ART FLORAL, GYMNASTIQUE, INFORMATIQUE : une structure financière est mise en place pour permettre aux plus précaires de participer aux activités. On ne fait rien de gratuit, ce qui dévaloriserait les personnes… Pour connaître le niveau des ressources, on s’appuie sur les mêmes données que celles de la CAF. Les assistantes sociales envoient des personnes et ISA leur en envoie, et en envoie également vers des professionnels juridiques, médicaux, psychologiques…
Chacun a le devoir de regarder l’autre au-delà de ce qu’il voit en apparence. La vie des familles est ainsi considérée dans sa totalité.
UN REPAS COLLECTIF de 70/80 couverts est organisé chaque mois. Préparé et servi par les bénévoles et le cuisinier de l’atelier-cuisine, il accueille tous les âges en principe… mais il y a surtout des retraités.
LES MERCREDIS APRES-MIDI sont intergénérationnels. Tables avec jeux, café… Vient celui qui veut, souvent des grands parents avec les petits-enfants.
REPAR CAFE : des bénévoles proposent aux gens de les aider à réparer leurs petits matériels électro ménagers, petits meubles, fers à repasser, téléviseurs, cafetières… On identifie la pièce nécessaire à la réparation, on voit où on peut la trouver… on répare et on passe un joyeux moment amical et solidaire.
REPAR COUTURE : sur le même concept que Repar Café, l’atelier a vu le jour il y a un mois. Cela démarre mais cela va plaire et plaît déjà beaucoup. Les machines à coudre ont été données.
Pendant les vacances scolaires, il y a l’atelier cirque, musique, Montessori. Et cela s’adresse à tous les milieux. ISA prête ses salles pour les activités sociales de la paroisse ainsi qu’à d’autres structures partenaires.
Une maison bien vivante…
Henri Gouraud m’invite ensuite à une petite visite. Nous faisons le tour du rez-de-chaussée : des salles claires, propres qui furent salles de classe, et qui attendent aujourd’hui jeunes et moins jeunes. Rien que par leur aspect, leur luminosité, leur propreté, elles doivent donner envie de travailler dans la joie et la bonne humeur !
Puis on découvre la cuisine. Justement, l’atelier cuisine est en action autour de son chef.
Il y règne une joyeuse animation, le déjeuner est presque prêt, les tables sont dressées, le couvert est mis « comme au restaurant ». Au menu, en entrée, il y aura du saumon fumé, « fumé par le chef lui-même, au bois de hêtre » ! Nous goûtons : le fait est qu’il est délicieux …
Et le dessert sera un Chanteclair, spécialité toulonnaise, inventée vers 1930 par M. Calvi, pâtissier de renom : un gâteau composé de meringue et de chantilly au café glacé, recouvert d’amandes et décoré d’un coq en sucre glace (d’où Chanteclair !), en référence à la célèbre pièce d’Edmond Rostand.
Un peu plus loin, Elodie nous fait découvrir les préparatifs de l’atelier du goût. Elle attend un groupe d’enfants de classe primaire. Sur une table, de jolies affichettes : salade de fruits au sirop de romarin, salade de fruits au sirop de basilic, salade de fruits au sirop de menthe… les jeunes découvrent, goûtent, apprennent, reconnaissent toutes sortes de nouveautés gustatives.
On associe l’utile et l’agréable, ce qui est joliment présenté sera forcément bien mieux accueilli.
En guise de conclusion…
Fraternité et bienveillance sont les maîtres-mots de la Maison, ainsi que dialogue, partage, intérêt du bien commun, combat contre l’indifférence, accueil de l’autre différent…
Lors de l’inauguration, en février 2018, Mgr Rey, Evêque de Fréjus-Toulon, l’avait définie comme un « lieu de paix, de communion, de fraternité ».
« Accepter chacun sans préjugé, sans discrimination, sans réticences, avec un amour sincère, en donnant le meilleur de nous-mêmes, et surtout en partageant ce que nous avons de plus précieux, qui ne sont pas nos accomplissements et nos institutions. Non ! Ce que nous avons de plus précieux, c’est le Christ et son Évangile » (Pape François).
Ce qui rejoint les derniers mots échangés avec le Président Henri Gouraud : « ce n’est pas ce qu’on fait ou ce qu’on dit qui compte, c’est ce qu’on EST ».
La Maison des Familles est une maison qui a une âme, une maison dont on perçoit la respiration, une maison « habitée »; elle est bien la maison de toute la famille car, du plus petit jusqu’au plus grand, chacun peut y trouver sa place et s’y sentir chez lui. Ses salariés et ses bénévoles s’y emploient chaque jour de l’année.
On pourrait paraphraser Edmond Rostand dans son Chantecler :
« ISA, toi sans qui les choses – et les gens – ne seraient que ce qu’ils sont ! »
Ou simplement citer Isaïe qui nous dit justement ce dimanche :
«Si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera soleil de midi. »
Par Aline RACHEBOEUF, reporter bénévole pour IOTA.
Un peu d’histoire
Dans les origines, les jeunes enfants étaient gardés par les voisines, les aînés ; puis les paroisses organisèrent des sortes de garderies pour les mamans qui travaillaient dans les champs ou les ateliers.
Au XIXè siècle, l’Etat décide de s’intéresser au sujet : il y a maintenant beaucoup de mères dans les usines, veuves de guerre ou non, mères célibataires également. Les familles aisées sont capables de s’organiser seules, mais on ne peut laisser de côté les familles pauvres. Alors sont créées des « salles d’asile » pour les 2-7 ans : ils y apprendront à chanter, tricoter, lire et écrire, sous la houlette de « conductrices de la tendre enfance ».
Il faut bien entendu prendre le terme d’asile comme un synonyme d’accueil ou d’hébergement.
En plus, on fait acquérir aux enfants les notions élémentaires d’ordre, de propreté, de vivre ensemble.
C’est donc ainsi que commença la vie au 12, rue de Verdun : une vie d’hospitalité et de partage.
Chers lecteurs et lectrices,
ISA et tous ceux qui l’animent vous invitent à venir faire connaissance avec « la Maison » ! Peut-être vous viendra-t-il l’envie d’y rester et de « participer » ?
Venez avec une idée de ce que vous auriez envie de faire avec eux… Venez les aider à développer de nouvelles activités !
Contact :
Maison des familles ISA-UDV
12, rue de Verdun
83400 Hyères
04 94 27 42 54
contact(arobase)associationisa(point)fr
Pour aller plus loin : consultez notre reportage sur l’inauguration paru en février 2018 en cliquant ici.
Ci-dessous, portfolio montrant certaines des activités proposées par l’association :