Ils ont inventé le bénévolat de noces

Deborah et Eloi se sont dit « Oui » le 31 août dernier. Plutôt qu’un voyage de noce « classique » ils ont décidé de se mettre au service de l’Éco-Hameau solidaire Saint-François de Draguignan durant 3 mois pour ce qu’ils ont eux-même baptisé un « bénévolat de noces ».

Ils ont 29 et 30 ans, sont amoureux, jeunes mariés et plein de projets qu’ils vont pouvoir, espérons-leur, réaliser. Ils viennent de reprendre la route, juste avant les fêtes de fin d’année. De quitter le Var pour rejoindre Lyon, là où leur appartement les attendait. Une ville qu’ils aiment, où ils ont retrouvé leurs amis, mais qu’ils avaient décidé d’abandonner quelques semaines en automne afin de rejoindre les équipes de l’Éco-Hameau solidaire Saint-François de Draguignan. Effectivement, 3 mois durant, ce jeune couple s’était mis au service du Hameau pour aider aux tâches courantes et favoriser le lien social dans ce lieu si particulier, qui propose des logements sociaux et des pensions de famille dans un mode de vie inclusif, avec la coordination de Fratelli-UDV, Habitat et Humanisme et le Secours Catholique (voir ICI).

C’est le sourire aux lèvres et les yeux pétillants que Deborah et Eloi racontent leurs 3 mois passés à l’Éco-Hameau solidaire Saint-François de Draguignan.

« Le Hameau regroupe plein de réalités qui nous tiennent à coeur »

Un coup de fil à Nicolas et Marie-Hélène Jeune, coordinateurs du site, aura suffi à lancer l’aventure à la sortie de l’été. Déborah : « Nous connaissons bien Nicolas et Marie-Hèlène, qui sont de la région lyonnaise et qui, comme nous, étaient engagés au Sappel (une communauté d’Église qui s’inspire de la pensée du père Joseph Wresinski, fondateur du Mouvement ATD Quart-Monde, et qui rassemble des familles très pauvres en situation d’exclusion sociale et des amis qui s’engagent avec elles). Ils nous avaient parlé plusieurs fois du Hameau au détour de conversations. Après notre mariage, nous voulions nous offrir une période de vie ensemble, autour d’un engagement commun, et nous avons pensé à eux ». « Le Hameau regroupe plein de réalités qui nous tiennent à cœur, appui Eloi. Le projet social, le vivre ensemble, le lieu de vie proche de la nature, l’aspect écologique. Tout cela nous correspond ». Arrivés chacun au bout du premier chemin de leurs expériences professionnelles respectives, Eloi en tant que co-directeur du mouvement coexister et Deborah comme conseil en politique publique de l’emploi et de l’insertion, les deux tourtereaux, libres comme l’air et plein d’énergie, prenaient donc la direction du Var en octobre dernier. « J’ai terminé mon boulot le 3 octobre midi, raconte Deborah. Le 3 octobre au soir nous étions là et le 4 c’était la grande fête du Hameau pour la Saint-François ! (voir ICI)« .

Deborah et Eloi à leur arrivée au Hameau le 3 octobre dernier.

3 mois durant, logés dans la maison Greccio en collocation avec deux volontaires en service civique, ils ont donc participé à la vie collective. « C’était une plongée dans l’inconnue, se souvient Eloi. On ne savait pas si cela allait bien se passer, si le courant allait circuler avec les habitants, etc… Mais c’était ça justement l’idée. S’intégrer dans un véritable lieu de vie et apporter notre pierre à l’édifice ».

Eloi en pleine cueillette des olives.

L’occasion de faire un bilan du Hameau

Outre la cueillette des olives ou la participation aux tâches quotidiennes d’entretien du site, le jeune couple avait convenu avec Nicolas et Marie-Hèlène Jeune d’effectuer une sorte d’audit des habitants du Hameau. Pour recueillir leurs impressions dans le but d’améliorer l’expérience de vie commune. « Nous sommes allés tout de suite à la rencontre des habitants. Nous les avons quasiment tous rencontré un par un. Autour d’un café nous avons pris le temps de discuter avec eux en leur demandant de nous confier ce qui leur plaisait et ce qui leur plaisait moins au Hameau. Ils se sont ouverts à nous, de manière presque étonnante mais vraiment bienvenue. Le site a été inauguré il y a 5 ans. Il était temps de faire un premier bilan ». Ce recueil de témoignages et l’analyse qui en a découlé a d’ailleurs été présenté au conseil de coordination du Hameau le 10 décembre dernier. Des activités plus ludiques, à leur initiative, sont également venues égayer les journées des uns et des autres : des séances d’Aérobic en fin d’après-midi ou la création d’une bateau virtuel baptisé « Éco-Hameau Saint-François » lancé dans la course Vendée Globe sur le jeu en ligne Virtual Regata, dont les habitants ont pu suivre l’avancée chaque matin.

Cueillette des champignons. Dans la joie !

« Ici tu apprends, tu analyses et tu ne vois plus le monde autour de toi de la même façon ».

Et eux, que retiennent-ils de cette aventure ? Qu’est-ce que leur couple en a retiré ? Eloi : « C’était vraiment une parenthèse revigorante. Ce bénévolat nous a permis de bénéficier d’une réelle autonomie, dans la proposition des activités ou des actions à mettre en place au Hameau. Vivre avec, cela permet d’être plus disponible. Cela peut ne pas paraître grand chose, mais avoir le luxe de commencer sa journée en buvant le café en discutant avec un habitant du Hameau pendant 30 minutes, c’est aussi utile que rafraichissant. C’est tellement plus humain. Cela nous a également aidé dans notre démarche de devenir un couple marié. Vivre ensemble sans dissocier la journée de travail et les moments en couple. Que tout soit lié ainsi cela nous a permis de mieux nous connaitre. Nous avons pu sortir du schéma ou tu dis au revoir à ton conjoint le matin pour le retrouver crevé le soir. Nous étions aussi à l’écoute de nous ». Déborah : « Dans ces situations-là, en communion de vie avec ton mari et avec les autres, tu rentres dans des tranches de vies plus profondément. Et tu te rends mieux compte de la complexité de certaines situations. Je n’ai pas vécu un dixième de ce que certains ont traversé avant d’arriver ici. Donc tu apprends, tu analyses et tu ne vois plus le monde autour de toi de la même façon. Je le dis franchement, je ne regarde plus les personnes de la rue de la même manière aujourd’hui. Il y a 10 000 raisons d’être à la rue et 10 000 façons d’y être. La personne a eu une enfance, elle a certainement des projets, c’est peut-être une situation temporaire, etc… Cela m’a permis de me rendre compte de la complexité de la précarité. Vivre avec des personnes qui sont passées par ces galères, cela pousse vraiment à réfléchir différemment. Nous reviendrons, c’est sûr ! ».

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(Toutes photos DR UDV, site officiel et blog de l'Éco-Hameau solidaire Saint-François, Facebook de l'Éco-Hameau solidaire Saint-François).

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