Ils ont fui la guerre en Ukraine

Ihor et Svitlana, couple de retraités ukrainiens, ont dû quitter leur pays en guerre pour rejoindre La Maison des Frères – UDV le 12 mars dernier. Ils y ont retrouvé leur fille et sa famille, installée dans l’association du Beausset depuis 3 ans. Avec une nouvelle vie à reconstruire, en repartant de zéro…

(Sur la photo, de gauche à droite : Ihor et sa femme Svitlana, assis ; Maksym leur beau-fils et leur fille Liliia, debout).

C’est une tragédie comme seuls les scénarios de guerre peuvent en écrire. L’histoire d’un couple de retraités qui avait construit sa vie dans son pays, chérissait sa maison, vivait modestement de ses pensions de retraite sur ses terres ukrainiennes, dans une petite ville à 40 km de Donetsk, et qui a tout perdu en l’espace de quelques secondes. Le temps pour un missile air-sol russe d’atterrir sur leur maison. Et de la réduire en ruine. Ihor, 61 ans, voulait rester chez lui malgré « les trous dans les murs », l’électricité et l’eau coupée, le réseau téléphonique hors service. Svitlana, sa femme, 55 ans, n’a pu s’y résigner. Lassée de vivre dans leur cave sans eau ni électricité depuis 6 jours, elle lui a lancé un ultimatum. « Elle a fait ses bagages, elle m’a dit « moi je m’en vais, tu viens avec moi ? ». Naturellement, Ihor l’a suivie. Comment ? En empruntant des minibus conduits par des particuliers. Les voix « officielles » et soi-disant protégées en tant que convois humanitaires étant trop dangereuses, le couple a dû la jouer version « débrouille ».

Un périple d’une semaine avant de rejoindre la France

Liliia, leur fille installée avec sa famille à La Maison des Frères – UDV depuis 3 ans, raconte : « J’appelais tous les jours mais ils ne répondaient pas toujours parce qu’ils ne captaient pas dans leur maison. Il leur fallait monter sur une colline pour m’avoir au téléphone. Je les ai suppliés pendant plusieurs jours de partir. Je leur disais, « aujourd’hui il y a un bus d’évacuation à tel endroit, demain un autre ». Résignés à partir, Ihor et Svitlana ont dû traverser le pays en bus et en train, passer par Rome et enfin arriver à Nice ou Liliia et son mari Maksym sont allés les chercher. La fin d’un périple épuisant d’une semaine. « Ils ne croyaient pas forcément que c’était possible de fuir, explique Liliia. Il faut dire que c’était très dangereux, les convois officiels ne sont pas sûrs. Cela leur faisait peur. Puis ils ont fini par se décider. Vous imaginez, à leur âge, devoir dormir dans un abri de fortune ou chez des inconnus, se retrouver avec des étrangers, ne pas pouvoir se laver. Ils sont arrivés épuisés ». D’autres sont restés. Comme leur fils, le frère de Liliia, en âge de combattre et qui ne peut donc pas quitter le pays. Il est toujours à Kiev. « Mais il ne veut pas se battre, précise Liliia. Beaucoup ne comprennent pas cette guerre. Tuer des Russes, c’est comme tuer ses cousins. Beaucoup d’hommes ont déjà fait la guerre en 2014. Ils en ont marre de se battre ».

« Je crois que nous ne rentrerons jamais »

Assis face à nous, Ihor répond poliment à nos questions mais ses yeux replongent dans le vide dès qu’ils le peuvent. Svitlana esquisse parfois quelques sourires. Mais son regard est perdu aussi. Le traumatisme se lit jusque dans leurs yeux. « Là, ils se tiennent assis devant vous et ils vous parlent, lance Liliia. Mais dès qu’ils sont seuls, ils pleurent. Vous imaginez ? Une vie entière qui s’effondre en quelques secondes sur la rage d’un homme ». Alors, quel futur envisager, à plus de 60 ans ? Retourner un jour chez soi ? « Je ne peux même pas me projeter, insiste Ihor. Nous n’avons plus rien. Dans quel état allons-nous retrouver notre maison une fois la guerre terminée ? Si elle se termine un jour ! Notre région sera-t-elle devenue russe ? Je crois que nous ne rentrerons jamais ! ».

En attente d’un hébergement d’urgence

Et maintenant ? Quelle prise en charge pour cette famille ? Estelle Martinez, directrice de La Maison des Frères – UDV, explique : « Ihor et Svitlana ont rejoint Liliia, son mari Maksym, et leurs deux filles d’abord dans leur appartement à La Maison des Frères – UDV avant d’intégrer un studio de la maison où ils logent actuellement. Ils l’occupent à titre gracieux. Nous avons sollicité le SIAO (Service Intégré d’Accueil et d’Orientation) pour un hébergement d’urgence. Ils bénéficient tous les deux du statut de réfugié temporaire pour 6 mois ». Seule éclaircie dans cette obscurité : le couple a de quoi occuper ses journées. Maksym, le beau-fils, est employé en CDI au parc d’attractions OK Corral, à Cuges-les-Pins. Liliia fait les démarches pour entamer une formation de manucure prothésiste ongulaire. Alors, les deux retraités passent beaucoup de temps avec leur deux petites filles, âgées de 12 et 2 ans. Un regroupement familial forcé mais qui est, pour l’heure, le seul rayon de soleil de leur vie.


Les associations de l’UDV mobilisées :

Outre le cas précis de La Maison des Frères – UDV que nous venons d’évoquer plus haut, beaucoup d’autres associations constitutives de l’UDV sont mobilisées pour prendre en charge, chacune dans leurs domaines respectifs, les réfugiés ukrainiens. Comme, par exemple, Les Amis de Jéricho – UDV qui ont été chargés d’assurer l’aide alimentaire à l’hôtel Parc Azur d’Ollioules pour 28 ukrainiens réfugiés. Avec l’aide de l’Ordre de Malte pour l’acheminement, Les Amis de Jéricho – UDV sortent ainsi de leur cuisine 56 repas par jour  à destination de l’hôtel Parc Azur. Les Amis de Jéricho – UDV ont également fait savoir aux services de l’État que l’accueil de jour Domensa pourrait recevoir des familles ukrainiennes. Les associations Logivar – UDV et Logivar Estérel – UDV sont également sur le pont, sollicitées par la Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités (DDETS) pour assurer le suivi de l’hébergement citoyen. Concrètement, les associations Logivar – UDV se sont positionnées pour assurer le suivi des habitants volontaires pour recevoir des réfugiés ukrainiens. Citons également les Promo Soins – UDV qui, via l’association toulonnaise notamment, ont été sollicitées par l’Agence Régionale de Santé (ARS) pour assurer un point santé au gymnase des Lices de Toulon, outre l’accueil assuré à l’espace Mirabeau.


Nous sommes à la recherche de renforts pour assurer au mieux les missions qui sont les nôtres auprès des réfugiés ukrainiens qui ont grand besoin de nous.

Si vous souhaitez nous rejoindre et apporter votre aide bénévole, contactez le service bénévolat :

[email protected]

04 94 24 86 43.


About the Author



Haut de page ↑