ICTHUS : humaniser et unifier les solidarités en Provence Verte

Depuis un an déjà, le projet ICTHUS, qui signifie « Initiatives Coopératives de Territoire pour Humaniser et Unifier les Solidarités », prend forme sur les 43 communes de la Provence Verte, dans l’ouest Haut-Var. Il est porté conjointement par Provence Verte Solidarités, association membre du réseau UDV, et le Secours Catholique du Var. 

 Les 2 associations se sont engagées dans l’élaboration de ce projet en 2017. Il vise à développer une meilleure connaissance mutuelle et une plus grande synergie entre les acteurs de la lutte contre l’exclusion qui sont partie-prenante ou en lien avec la diaconie locale, sur un territoire bien défini : la Provence Verte.

Et si la diaconie n’était pas qu’urbaine ?

Le projet associatif de l’UDV rappelle que la Diaconie dans le Var a été instituée le 31 mai 1982 par Monseigneur Barthe, évêque de Fréjus-Toulon, pour favoriser la croissance d’une vraie charité. Ce mot, d’origine grecque, signifie à la fois « service communautaire », « entraide fraternelle », « organisation de la charité » ou « ministère des diacres ».

Quand on parle de la Diaconie diocésaine, on évoque tous les gestes, les événements, les organisations, les attitudes et les visages qui permettent à l’Eglise locale de s’engager en revêtant sa tenue de service.

Ainsi, elle se fait proche des plus pauvres, des plus souffrants, des laissés pour compte dans une démarche d’unité, sur des bases résolument œcuméniques, permettant aux personnes d’autres confessions ou non croyantes de trouver leur place dans ce service.

La diaconie est un laboratoire concret pour la mise en œuvre de la pensée sociale de l’Église.

Elle a été fondée autour de 4 missions principales, rappelées dans le cadre de la Lettre de mission de Gilles Rebêche, le 21 novembre 1982, lors de son ordination diaconale :

  • Une mission de communion : rencontres et articulation du travail de chacun des acteurs, au service des plus pauvres, chrétiens ou non.
  • Une mission de réflexion : il faut travailler sur les causes mêmes de la pauvreté pour y remédier.
  • Une mission d’éducation : aider ceux qui sont dans le besoin à faire face eux-mêmes à leurs difficultés.
  • Une mission de rayonnement : la diaconie doit être l’œuvre de toute l’Église.

Une lettre pastorale « Bénévolat et diaconie » dans le diocèse de Fréjus-Toulon a été publiée en octobre 2002.

Les principes fondamentaux de la diaconie ont été repris dans la « Charte de la diaconie dans la mission du diocèse de Fréjus-Toulon », du 15 novembre 2014, qui précise le sens de l’engagement diaconal plus de 30 ans après son organisation : « valoriser le pauvre dans sa bonté propre, avec sa manière d’être, avec sa culture, avec sa façon de vivre la foi ».

En 2017, le constat a été fait que cette diaconie varoise s’était essentiellement développée et était principalement reconnue en milieu urbain.

Beaucoup moins structurée dans l’arrière-pays, ses acteurs se rencontrent peu, chacun agissant de son côté, et faisant de son mieux pour atténuer les souffrances des plus pauvres, avec des moyens souvent plus limités, disséminés dans les villages.

Cette interrogation sur les particularités d’une diaconie rurale a ouvert la voie à une vaste réflexion, que le projet ICTHUS propose de nourrir et de mettre collectivement en forme.

Une recherche-action avec les « faiseurs de solidarité » en milieu rural

Ensemble, Provence Verte Solidarités et le Secours Catholique du Var, se sont donc lancés dans une recherche-action pour, à terme, créer un nouveau réseau de solidarité sur le territoire de la Provence Verte.

La méthode retenue est celle de la rencontre avec les acteurs locaux, pour comprendre les représentations de la diaconie en milieu rural, en découvrir les besoins, les ressources insoupçonnées, et tenter d’en proposer un panorama générateur d’initiatives et de coopérations inspirantes pour le futur.

Une série d’entretiens a été menée depuis un an avec des personnes engagées dans la diaconie à titre divers, les « faiseurs de solidarité », et s’est prolongée en élargissant les cercles pour y inclure la communauté catholique, les pauvres eux-mêmes, les autres grandes religions monothéistes, les associations et mouvements non confessionnels et les autorités publiques qui interviennent dans l’aide aux plus démunis.

Avec l’aide de Philippe LANGEVIN, Universitaire spécialisé dans les démarches participatives et Président de l’ARDL PACA (Association Régionale pour le Développement Local), l’équipe-projet d’ICTHUS rassemble peu à peu les témoignages et données qui permettront de publier, au printemps 2019, un document de synthèse sur la situation de la précarité et de la diaconie en milieu rural, avec des propositions de pistes d’actions directement issues du terrain, et incluant la parole des plus pauvres.

Le projet ICTHUS accorde une place primordiale à l'expression des personnes qui vivent des situations de précarité.

Le projet ICTHUS accorde une place primordiale à l’expression des personnes qui vivent des situations de précarité. Crédit photo : Provence Verte Solidarités.

Un groupe « Place et Parole des Personnes Précaires en Provence Verte » est né !

Comme les plus démunis sont ceux qui sont le plus à même de témoigner de leur situation, ICTHUS a constitué un groupe de parole composé de 14 personnes en précarité et de personnes l’ayant approchée de très près.

Le 5 mars dernier, le groupe s’est réuni pour la première fois, afin de réfléchir sur les termes de « pauvreté » et « précarité », avec un travail sur les perspectives de changement que ses membres souhaitaient voir advenir.

Ainsi, grâce à Christine ou Isabelle, on découvre qu’ « on est pauvre de ce que l’on ne sait pas, ou l’on ne veut pas voir ».

Laurence, qui s’engage pour aider les autres précise que cela l’aide à « sortir de la maison pour se relever ». « Quand tu es pauvre, tu n’as personne à qui parler », ajoute-t-elle.

Monique déclare : « La pauvreté, j’en ai fait une force dans mon parcours de vie : grâce au regard des autres, j’ai découvert mes richesses : c’est un puits où je vais puiser ».

Pour Dominique, c’est la « richesse du tissu social entre les pauvres » qui apporte beaucoup.

Bernard ajoute « Moi, j’ai reçu beaucoup plus d’amour, en 2 mois de rue qu’en 20 ans avec mes parents ».

« Bien souvent, le riche donne et ne sait pas recevoir ; la joie des pauvres, c’est le partage », conclut Brigitte.

Pour plusieurs d’entre eux, le parcours au Secours Catholique a été un élément déclencheur.

Aujourd’hui, ils espèrent que le groupe de parole apportera « la joie d’être ensemble », « l’espérance », et « l’entraide », avec « le discernement pour traverser les conflits et en sortir grandi, avancer ».

« Se préparer à affronter le regard des autres » et « fournir un exemple de médiation » fait aussi partie de leurs objectifs.

« Nous somme la pierre d’angle », concluent-ils, « en groupe, nous avançons, nous avons des projets ».

Le rythme des rencontres est mensuel, et rendez-vous est déjà pris pour le 2 avril, au Centre Jean XXIII de Brignoles, de nouveaux participants s’étant déjà manifestés pour rejoindre le groupe, qui reste ouvert.

On y évoquera la « ruralité » et la « diaconie », comme on les vit et les ressent. Les participants choisissent les sujets de discussion, et coaniment les échanges à tour de rôle. Un repas partagé permet de faire grandir l’esprit de convivialité à chaque rendez-vous.

Ces témoignages et les propositions d’actions faites par le groupe seront glanés tout au long de l’année, non seulement pour alimenter la synthèse écrite au printemps, mais aussi pour faire vivre l’évènement des Rencontres d’octobre, à Cotignac.

Rendez-vous les 26 et 27 octobre 2019, pour les « Rencontres de la Diaconie en milieu rural », à Cotignac !

Le travail d’ICTHUS va donc continuer pour préparer 2 jours au Sanctuaire Notre-Dame de Grâces, qui se dérouleront au mois d’octobre 2019, en présence de l’évêque Mgr Rey, du Frère Hubert Marie, recteur du Sanctuaire, et de Gilles Rebêche, Délégué Diocésain à la solidarité.

Ces « Rencontres de la diaconie en milieu rural » seront un événement fondateur, à 3 dimensions, en constituant :

  • Une caisse de résonance à travers des ateliers, pour être à l’écoute des situations de pauvreté en Provence Verte, à partir de la parole des personnes précaires, pour mieux connaître l’engagement des acteurs de la solidarité locale et pour découvrir comment y vivre la diaconie à travers les engagements de l’Église.
  • Un moment festif collectif, occasionnant des rencontres conviviales et favorisant les partages d’affinités, durant les apéritifs, repas partagés, spectacle de clowns avec les Nez’Vangiles et animations du week-end, dans ce lieu unique qu’est le Sanctuaire Notre Dame de Grâces, qui célèbre les 500 ans des apparitions de la Vierge Marie cette année.
  • Un moyen d’aboutir à des pistes concrètes pour l’avenir, à travers des temps d’échanges et de débats à l’issue des ateliers, ainsi que la présentation et l’adoption d’une « Profession de foi de Cotignac pour une diaconie permanente».

Pour finir l’année, les 2 ou 3 mois qui suivront cet événement permettront d’apporter non pas une conclusion, mais des débouchés nourris par la richesse des débats de Cotignac.

Le travail d’ICTHUS aura donc servi de tremplin à l’émergence d’initiatives, dans une diaconie à caractère rural, véritable innovation à continuer de faire vivre et probablement essaimer.

Rendez-vous en images et sur les réseaux sociaux !

Pour permettre au plus grand nombre de suivre l’actualité du projet ICTHUS, plusieurs films vidéo vont être réalisés et diffusés sur l’Internet.

Tout d’abord, le Comité de Pilotage y présentera la démarche de recherche-action qui se déroule. Puis, le document de synthèse du printemps sera accompagné à sa sortie.

Le Groupe de Parole des Personnes Précaires en Provence Verte viendra aussi exposer son travail. Et enfin, les Rencontres d’octobre seront filmées.

Au fil des mois, la page Facebook de Provence Verte Solidarités continuera d’informer du déroulement du projet, et toutes les contributions pour relayer les messages seront les bienvenues, comme c’est déjà le cas avec les personnes précaires parties prenantes, le réseau de l’Union Diaconale du Var, et le Service Diocésain à la Solidarité.

Isabelle CESANA et Philippe LANGEVIN

 

Pour en savoir plus et contacter l’équipe d’animation d’ICTHUS :

Isabelle CESANA : [email protected] 06-13-95-73-04

Gonzague de FOMBELLE : [email protected] 06-27-25-23-57

Facebook : https://www.facebook.com/profile.php?id=100011584622881


About the Author



Haut de page ↑