Hôtel de la Darse : halte au mal logement !

Hébergement et logement

L’UDV a joué un rôle important dans le relogement de personnes fragiles, début 2014. Elle revendique désormais un accompagnement à long terme approfondi

0

Toulon. Automne 2013. 21 personnes sont expulsées de leur immeuble insalubre. L’UDV est appelée à la rescousse. Sept mois plus tard, les voilà presque toutes relogées. Clap de fin ?

Guillaume Brun est un grand gaillard, la trentaine, les épaules larges. Sous ces apparences, cet éducateur spécialisé est posé, souriant. Soucieux aussi. Mandaté par l’Union Diaconale du Var (UDV), il vient d’aider onze personnes expulsées à retrouver un toit décent. Cinq mois de combats. Pour un résultat sans équivoque : dix ont été relogées. Mais pour combien de temps et dans quelles conditions ?

Ces mêmes personnes vivaient autrefois dans la rue ou en centre d’hébergement. Accompagnées par les services sociaux, elles avaient pu se remobiliser. Elles s’étaient alors abritées à l’Hôtel de la Darse, près du port de Toulon. Mais les habitudes de la rue sont restées ancrées en elles. L’alcool, la drogue, le manque d’hygiène… Fin octobre 2013, le couperet tombe : l’immeuble est frappé d’insalubrité. Tout le monde dehors !

Pratiques addictives

Aujourd’hui, presque toutes ont recouvré un logement. Une raison pour les laisser se débrouiller du jour au lendemain ? Au risque que certains chutent une nouvelle fois ?  « Ils donnent l’impression de voler de leurs propres ailes. Mais beaucoup ont encore une dépendance à l’alcool, la drogue, etc. Une aide éducative ne serait pas du luxe », admet Guillaume.

« Une fois relogées, les personnes en situation de précarité ne peuvent pas être livrées à elles-mêmes »

La solution ? « Créer un service d’accompagnement socio-éducatif et médico-psychologique au long terme, à la maison, pour maintenir les liens, rendre progressivement autonome », propose-t-on au centre départemental de l’UDV. Ce service pourrait être élargi à toutes les personnes mal logées, qui échappent aux structures et aux dispositifs sociaux. Comme de nombreuses personnes âgées souffrant d’isolement. « Pourquoi pas créer un hôtel social en centre-ville, avec un éducateur passant de temps en temps et un accompagnement personnalisé ? », suggère, quant à lui, Gilles Rebêche, diacre fondateur de l’UDV.

La vie tient à un fil

Guillaume, Gilles et l’UDV aspirent ainsi à plus de collaboration entre les services publics et le milieu associatif. Egalement à plus de coordination entre les acteurs médico-sociaux de terrain. Une synergie qui permet de marier professionnalisme, souplesse et réactivité, au service des plus démunis.

Force est de constater qu’une première pierre a été posée sur ce travail de concertation : les résidents de l’hôtel de la Darse ont pu être relogées grâce à l’implication commune de l’UDV, la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS), la ville de Toulon,  les services sociaux du Conseil Général et de l’Union des associations familiales (UDAF), ainsi que le Centre hospitalier intercommunal de Toulon La-Seyne.

Mais il reste un long chemin à parcourir. « Sans un suivi éducatif concerté, au long terme, c’est mort », souligne Guillaume. La fierté a beau briller dans ses yeux, la joie est contenue. L’avenir des anciens résidents de l’hôtel de la Darse, âgés de 30 à 65 ans, reste incertain. « La vie tient à un fil », dit l’adage. Mais plus les liens sont tissés, plus le fil est solide.

Guillaume Brun, jeune éducateur spécialisé, a été le maillon essentiel pour aider les résident à se reloger

Guillaume Brun, jeune éducateur spécialisé, a été le maillon essentiel pour aider les résident à se reloger

 

Comment les résidents ont été relogés ?

Fin 2013. Onze des 21 résidents de l’Hôtel de la Darse se relogent par eux-mêmes. Dix restent sur le carreau. Une décision s’impose : les héberger provisoirement à l’hôpital Clémenceau. «Les résidents étaient confrontés à l’alcoolisme, la toxicomanie, le handicap physique, des pathologies psychiatriques », explique Guillaume. « Des personnes très marginales, avec peu de références sociales et aucune autonomie. Il a fallu les écouter et les pacifier. »

« J’ai aussi passé beaucoup de temps au téléphone pour mettre en contact les personnes logées à Clémenceau et leurs assistantes sociales ou leurs services de tutelle. Ainsi que les organismes de logement ou les propriétaires d’un appartement. » Tout a été mis en oeuvre pour trouver des solutions adaptées à chacun. Avec succès.


About the Author



Haut de page ↑