Écoutons-les

« Là où les hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’Homme sont violés ». Qui n’a jamais entendu cette déclaration faite par le Père Wresinski en 1987 ?

Le 17 octobre a été déclaré « Journée mondiale du refus de la misère en 1992 » par l’ONU.

Comme chaque année, le Comité toulonnais, accompagné de nombreux bénévoles, a donné la parole le 14 octobre sur la Place d’Armes de Toulon à ceux qui ont eu la force de s’exprimer (ce qui ne leur est pas facile…) et qui vivent la galère. Ou à ceux qui l’ont connue…

Ecoutons-les :

« Quand je dors dehors, j’ai très peur tout le temps et je suis malade. Moi, avec tout ça, j’ai juste besoin de dormir, DORMIR, DORMIR ».

« Au SIAO, il n’y a jamais de place pour nous alors qu’il y a des centres où il reste des places libres ».

« Je viens du Vénézuela où la corruption et la misère ne nous permettent pas de vivre : ils ont tué mon fils ».

« On m’a enlevé mes enfants ».

« Je suis passée par toutes les galères mais, grâce au Secours Catholique qui m’a donné des responsabilités, à l’UDV et à d’autres associations, je suis revenue à Toulon où je suis née, j’ai fait une formation et je travaille ».

« Je n’ai pas d’internet. Cette technologie me rebute, je n’y arrive pas : je suis tributaire des assistantes sociales et cela me donne le sentiment de plus être autonome ».

« Maintenant j’ai un appartement en centre-ville ».

Etc, etc…

Après le repas partagé dans la bonne humeur, il y a eu aussi la fête avec le théâtre-forum présenté par Kaïré – UDV puis deux groupes de jeunes rappeurs qui nous ont fait danser et chanter dans une communion de joie entre toutes celles et tous ceux qui étaient là, quelle que soit la motivation de leur présence. Toutes ces voix des « sans voix » se sont aussi exprimées dans nos diverses associations et structures par des temps dédiés à cette commémoration, le 17 octobre. Ce jour-là, à Toulon, une conférence donnée à l’ISEN Toulon par Camille François a rassemblé un public nombreux et attentif sur le thème de son livre « De gré et de force. Comment l’Etat expulse les pauvres ».

Là aussi, coup de poing dans l’estomac en réalisant la souffrance de ceux qui ont été confrontés au drame de perdre leur toit.

Tous ces appels sont des bouteilles jetées dans la mer de l’indifférence : à nous de les recueillir, de les ouvrir avec notre cœur, d’entendre ce qu’elles nous disent et de cheminer ensemble pour retrouver la lumière du bonheur.

Puissent ces temps donner à tous force, courage et enthousiasme pour être dans la grande armée de « ceux qui luttent à travers le monde pour détruire la misère ».

Raymonde Hugonnier a été présidente de Promo Soins Toulon – UDV et vice-présidente de l’Union Diaconale du Var. Elle est aujourd’hui suppléante chargée de mission à l’UDV.


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