« Puissions-nous dans notre cœur garder la lumière qui permet de continuer à se pencher encore plus sur le faible »

« En 1999, des personnes qui vivent à la rue interpellent mon frère diacre Gilles Rebêche : « Il y a plein de journées de fêtes mises en place : fête des voisins, fête de la musique, des fêtes d’ici, de là, et pour nous ? Pour nous qui ne sommes pas à la fête : rien… ». De cette remarque naîtra au premier jour de l’hiver, le 21 décembre, un temps de mémoire pour rendre hommage aux personnes sans-abri et à celles qui sont mortes.

Alors, différents membres d’associations impliquées à faire reculer la misère, à prendre soin, des représentants religieux, agnostiques, athées… se retrouvent afin de vivre ne serait-ce qu’une nuit avec les sans-abri, un vivre ensemble, un temps de mémoire, certes, mais aussi de solidarité. Passer une nuit avec ceux qui passent des nuits entières dehors. Quel beau signe d’espérance, croire que tout ne s’arrête pas là, à cette situation. Au milieu de la misère un bourgeon peut éclore, ce qui semble amer aujourd’hui peut devenir miel demain.

Puis le groupe se structure et rejoint le Collectif National des Morts de la Rue créé en 2003. Aujourd’hui nos missions sont :

  •  Accompagner les vivants de nos amis de la rue : familles, amis, associations, les travailleurs sociaux et les bénévoles.
  • Assurer à ceux qui sont morts une présence pour un temps de mémoire, de prière s’il le faut, et l’ensevelissement dans une sépulture digne. C’est ce que nous essayons à chaque décès de vivre ensemble.
  • Interpeller la collectivité, les pouvoirs publics.
  • Chaque 21 décembre rendre un hommage public aux personnes sans-abri ou qui ont quitté la rue et sont décédées, avec la célébration d’une messe.

Toutes ces actions n’existeraient pas sans la communication, la collaboration, les liens étroits entretenus avec différentes associations caritatives comme l’Union Diaconale du Var et Les Amis de Jéricho – UDV, le Secours Catholique, les différents collectifs des maraudes qui se sont mis en place comme Toulon solidarité, Nos Amis de la Rue, Coiffeur du Cœur, Maraud’Hyères, Promo Soins – UDV, les CCAS, sans oublier le précieux soutien de la communauté priante des moines de l’Abbaye de Lérins, de la Fraternité St-Laurent, des Sœurs et Frères Pauvres de Jésus-Christ, des représentants d’autres religions et divers autres qui travaillent toutes et tous au respect de la dignité de la personne jusqu’au terme de sa vie : la mort. Un exemple parmi beaucoup d’autres : dernièrement, en octobre, à la demande de permanents de Promo Soins – UDV, un temps de recueillement a été pris à l’église St-Louis de Hyères pour trois défunts de la rue. Cela a permis de répondre au désir intense d’exprimer un témoignage sur ces personnes côtoyées au quotidien et de les inscrire dans la mémoire du cœur. Mardi 26 décembre avec le services des Lits d’Accueil Médicalisés Léon Bérard, c’est sur la plage de l’Almanarre que nous évoquions Jean-Paul. Il appréciait tellement ce bord de mer…

Une nouvelle année commence, les lumières des guirlandes de la fête de Noël s’éteignent dans les rues de nos citées… Nous passons à autre chose… Il faut que cela bouge aujourd’hui ! Mais puissions-nous dans notre cœur garder la lumière qui permet de continuer à se pencher encore plus sur le faible, sur le miséreux qui tend sa main, son regard vers nous. Garder intacte la lumière de la vigilance, de la bienveillance, celle de la fraternité et de la tendresse. Que la lumière d’une chaleureuse présence demeure allumée en chacun de nous tout au long de cette année 2024 et nous remplisse de gratitude ».

Diacre Jean-Louis Bonicel, président du Collectif Varois pour les morts de la rue.

Maison de la diaconie – 55 place de la cathédrale – 83000 – Toulon.

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