Toulon : les Amis de Jéricho désirent poursuivre leur « route de partage et de fraternité »

Urgence rue

Dessin inspiré de Jéricho par Bruno, volontaire civique au service communication de l’UDV

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Accueil de jour historique pour les sans-abri à Toulon, les Amis de Jéricho-UDV ont tenu leur assemblée générale annuelle lundi 24 juin ; l’occasion pour les membres de l’association de faire le bilan de l’année écoulée et également de rappeler qu’ils entendent bien continuer leur « route de partage et de fraternité », et ce malgré les difficultés, principalement financières.

Patrick Borot, président de Jéricho, a commencé en présentant le rapport moral 2018 de l’association. La mission a été globalement remplie avec une ouverture tous les jours de l’année, quelque 150 accueils chaque jour et environ 120 à 150 rencontres et repas servis chaque soir par le Bus de nuit.

Les difficultés rencontrées

Il a rappelé les difficultés financières que subit l’association : les subventions versées par la Région et TPM ont baissé de 50.000€, l’action Bus de nuit n’est financée qu’à hauteur de 10.000€ sur un coût total de 50.000€, et enfin les subventions allouées aux contrats aidés ont diminué de presque 15.000€.

Pour résumer, il manque à Jéricho 10% des ressources pour équilibrer son budget. Des freins ont été mis pour enrayer les dépenses, mais le déficit 2018 est de 45.000€, la trésorerie de l’association frôle le rouge…

La structure a dû procéder au licenciement économique d’une salariée en 2018 et s’est vue contrainte de se retirer du projet de Ressourcerie de la Rade.

Sur un autre registre, les relations avec les personnes accueillies ont été parfois tendues avec des cas de violence ou d’agression,  2 véhicules appartenant à l’association ont même été volontairement incendiés, et une cagnotte en ligne a été créée pour aider à les remplacer.

Il y a quelques mois, l'incendie criminel des 2 véhicules de l'association a créé beaucoup d'émoi et d'incompréhension...

Il y a quelques mois, l’incendie criminel des 2 véhicules de l’association a créé beaucoup d’émoi et d’incompréhension…

Le nombre de personnes migrantes qui fréquentent Jéricho est en forte augmentation, parfois ce sont des familles entières qui ont besoin d’être accueillies or Jéricho n’a ni les capacités, ni l’habilitation, pour accueillir des mineurs… Il n’est possible que de leur proposer de déjeuner, lors d’un service spécifique.

Enfin, parmi les personnes accueillies qui vivent dans la rue, on constate de nombreux cas de souffrance psychique ainsi que des ruptures dans le parcours de soins.

Autres points cette fois mitigés : Jéricho a tenté de mettre en place un premier Conseil de Vie Sociale (CVS) mais le projet est à retravailler, de même la cagnotte en ligne pour les véhicules incendiés n’a pas produit les résultats espérés. Si vous vous sentez concernés, il est d’ailleurs toujours temps de donner en cliquant sur ce lien !

Les points positifs

Après avoir dressé le constat des difficultés, Patrick Borot a ensuite énoncé les points positifs et il y en a !

Le Bus de nuit qui, chaque soir, va à la rencontre des gens de la rue sur l’agglomération de Toulon Provence Méditerranée (TPM), a été intégré par Jéricho pendant une année complète de fonctionnement. La Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) a accordé une aide de 5.000€ à cette action. Le véhicule a été remplacé à neuf en octobre 2018, et ce grâce à diverses aides dont un apport conséquent accordé par la Fondation UDV et un magnifique don des élèves du Collège Bon Accueil récolté lors pendant le Carême. Enfin, les nombreux bénévoles qui portent l’action ont fait montre d’un engagement continu et sans failles.

Pierre, un bénévole de Jéricho, a développé un logiciel qui permet d’assurer un suivi informatisé de toutes les activités de l’accueil de jour, ce qui facilite considérablement le travail de compilation des données, l’élaboration de statistiques… permettant de mieux piloter les actions en faveur des plus démunis.

Le jardin solidaire de La Castille a obtenu un agrément agriculture biologique.

Du côté de l’activité Sports solidaires, l’équipe de foot composée d’accueillis et de bénévoles s’est hissée en demi-finale de la coupe Loisirs du Var. Plusieurs journées multisports ont eu lieu. La salle de remise en forme est utilisée par les accueillis. Un partenariat avec Décathlon Ollioules permet de profiter de dons de matériel de sport.

Les sportifs à l’entraînement, lors de la Rencontre qui a lieu récemment à Sète, à l’initiative de la Fondation Abbé Pierre. 

Côté santé, un accès aux soins gynécologiques est possible grâce à un partenariat avec une sage-femme de l’Hôpital Sainte-Musse.

Un week-end « test » d’ouverture de la structure impliquant des bénévoles venus renforcer les 2 salariés présents les samedi-dimanche s’est révélé positif, « expérience à renouveler et pérenniser » d’après le président Patrick Borot.

Les liens se sont renforcés avec l’UDV, réseau auquel adhèrent les Amis de Jéricho.

« La vie de Jéricho n’est pas un long fleuve tranquille certes, mais elle reste une belle route de fraternité » a conclu P. Borot avant de céder la parole à l’équipe des salariés.

Paroles de salarié(e)s

Suite aux propos liminaires du président, l’ensemble des membres salariés de Jéricho ont ensuite pris la parole à tour de rôle afin de présenter un bilan de leurs activités. Une belle démonstration de leur implication au service des plus fragiles, et une belle marque de confiance et de reconnaissance de la part de leurs responsables !

De nombreuses personnes étaient présentes à l’Assemblée Générale annuelle de Jéricho. 

Barbara, directrice de l’accueil de jour, et Mory, coordinateur, ont tour à tour pris la parole. Barbara a rappelé que, depuis octobre 2018, plus de 40 nationalités différentes se sont rencontrées à Jéricho ! Elle a rendu un hommage appuyé aux salariés, une équipe « renouvelée, jeune, soudée et dynamique », ainsi qu’aux bénévoles. Mory a fait de même avec son équipe, en nommant chacun de ses membres.

Ils ont rappelé qu’à Jéricho 80% des accueillis sont des hommes, 15% sont logés et 19% ont moins de 25 ans. De nombreux migrants fréquentent l’association, et la barrière de la langue n’est pas toujours facile à surmonter. L’accueil de jour comptabilise quelque 30.000 passages par an, soit environ 800 personnes différentes (une même personne revient plusieurs fois).

Les accueillis qui viennent à Jéricho bénéficient d’un 1er accès aux soins, ils peuvent prendre une douche, participer à un atelier esthétique, les femmes peuvent bénéficier d’un suivi gynécologique 2 fois par mois, un partenariat est établi avec l’Anpaa (Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie), ainsi qu’avec l’interface psychiatrique Silöé, animée par Promo Soins et l’hôpital public.

Un service de bagagerie ouvert 7 jours/7 met à disposition 86 casiers gratuits dans lesquels les sans-abri peuvent laisser leurs effets personnels en sécurité.

Très utile aux personnes accueillies, la bagagerie de Jéricho met à leur disposition 86 casiers gratuits. 

Le restaurant social ouvert du lundi au vendredi propose des petits déjeuners et sert 130 à 140 repas chaque jour, avec parfois des pointes à 160 déjeuners. Des soupes et des sandwichs sont proposés les week-ends.

« Page blanche »

Alessia, éducatrice spécialisée qui assure le 1er accueil social, s’est ensuite exprimée. Dans son bureau décoré par ses soins, elle mène un diagnostic social des personnes qu’elle rencontre. Ce temps d’échange avec la personne accueillie est pour elle comparable à une « page blanche sur laquelle la personne peut librement s’exprimer ». Les personnes qu’elle rencontre viennent majoritairement du centre et du nord de l’Afrique, ainsi que d’autres endroits de la planète. Elle aussi tient à saluer le travail réalisé par toute l’équipe.

A leur tour, Emmanuelle et Annaelle, assistantes sociales à l’antenne RSA, ont fait part des 4 problématiques majeures qu’elles rencontrent au cours de leur travail avec les accueillis :

  • La complexité des démarches administratives (environ 1900 démarches ont été réalisées en 2018). La dématérialisation des procédures entraîne des difficultés car les personnes accueillis ne sont pas toujours à l’aise avec ce type de démarche, elles n’ont pas toujours accès à l’internet et certaines souffrent « d’illectronisme ».
  • Un accompagnement vers l’hébergement et le logement : en 2018, sur 100 demandes, 67 personnes ont pu trouver une solution d’habitat ; grâce au Dalo (Droit au Logement Opposable), 12 personnes ont pu accéder à un logement.
  • Un accompagnement en matière de santé : les troubles psychologiques ou psychiatriques des accueillis sont en augmentation. Un partenariat a été tissé avec le dispositif Silöé et l’Anpaa, comme évoqué précédemment, ainsi qu’avec une sage-femme de l’Hôpital Sainte-Musse pour des consultations gynécologiques.
  • Un accompagnement vers l’emploi : c’est le point le plus difficile. L’insertion professionnelle des accueillis est un sujet délicat. En 2018, seule 1 personne a accédé à un dispositif d’insertion par l’activité économique. Un atelier visant à apprendre aux personnes accueillies à créer leur CV a été mis en place.

Bus de nuit

Marie-Hélène et Julie, salariées, ont ensuite pris la parole pour parler de l’action du Bus de nuit. Elles ont rappelé que « rien ne se ferait sans les bénévoles ». En 2018, certaines étapes du parcours du Bus ont été modifiées et testées, et ce pour s’harmoniser avec les autres associations qui font un travail similaire sur l’agglomération toulonnaise.

Le 19 novembre, le nouveau Bus a été livré : un véhicule de marque Peugeot, flambant neuf, particulièrement bien adapté à la mission spécifique du Bus de nuit, car les bénévoles peuvent se tenir debout à l’intérieur du véhicule. Le 28 mars de cette année ce nouveau véhicule a été inauguré.

Inauguration du nouveau véhicule du Bus de nuit, dans la cour de Jéricho. 

Le logiciel Ariane, développé par Pierre, l’informaticien bénévole, permet d’assurer une bonne planification des tournées du Bus. Pour sa part, le logiciel Evidence, également créé par Pierre, permet le recueil des données de l’accueil de jour ainsi que de l’antenne RSA.

Ateliers

L’accent a été mis par Barbara sur les différents ateliers d’animation proposés à Jéricho :

  • Informatique avec Amadou, ouvert tous les matins.
  • Alphabétisation avec Marie, le mercredi.
  • Pâtisserie avec Baptiste et Alessia, une fois par mois.
  • Modelage avec Amerga.

Ceux-ci permettent de valoriser les personnes accueillies qui, au travers de ce qu’elles réalisent, montrent ce qu’elles sont capables de faire.

Grâce à une aide de la Fondation de France, les Amis de Jéricho ont servi en fin d’année un repas de Noël à plus de 400 personnes !

Insertion par l’Economie Sociale et Solidaire

Karim Bouzar a ensuite présenté les activités d’insertion par l’Economie Sociale et Solidaire (ESS).

Le jardin solidaire de La Castille, à la Crau, mis à disposition de Jéricho par la Fondation de La Castille, dépendante du diocèse de Fréjus-Toulon, est une parcelle sur laquelle 1200 m2 de terre sont exploités. Encadrés par Julie, technicienne en permaculture, les accueillis jardiniers en herbe y cultivent des fleurs et des légumes de saison, tout cela dans une ambiance de partage et de convivialité. Les accueillis viennent de l’accueil de jour de Jéricho ou d’autres structures sociales de la métropole.

Au jardin solidaire de La Castille, tout le monde met la main à la pâte ! 

Pour accomplir sa mission, Julie est soutenue par des jeunes en contrat de service civique. En 2018, plusieurs jeunes se sont investis dans cette mission : Claude-Eric, Zoé et aujourd’hui Ophélie. Des bénévoles s’investissent également sur cette action.

Ophélie a pris la parole pour détailler une journée type au jardin : départ de Jéricho à 9h, accueil café sur place puis matinée de travail, pause repas puis reprise des activités jusqu’à 15h, et enfin retour à Jéricho.

Les fruits et légumes récoltés sont servis au restaurant du domaine de La Castille ainsi qu’au restaurant social de Jéricho. Quatre « garden-party » ont été organisées en 2018 : ces journées ouvertes à tous permettent de faire découvrir le jardin et de susciter des vocations chez les bénévoles ou des responsables de structures sociales qui souhaiteraient proposer l’activité aux personnes accueillies dans leurs établissements.

Un raccordement au canal de Provence a été réalisé pour permettre une meilleure irrigation du jardin. Le label agriculture biologique a été obtenu au début de cette année.

En 2018, ce sont quelque 450 kg de légumes et 200 kg de fruits (des figues principalement) qui ont été récolés sur la parcelle !

Un atelier de confiture de figues a permis de confectionner plus de 530 pots !

L’association a le projet de mettre en place un tunnel de culture.

Sports solidaires

Malek, éducateur sportif aux Amis de Jéricho, a ensuite présenté les activités de sports solidaires mises en œuvre par l’association. Selon lui, ces activités permettent de mêler « le social et la santé » : elles contribuent à remobiliser les personnes accueillies en développant leur pouvoir d’agir, et contribuent à leur remise en forme.

Les activités proposées sont : la remise en forme, les balades santé du jeudi, la rando solidaire une fois par mois, une équipe de foot qui a atteint la performance de se hisser en demi-finale de la Coupe du district du Var en championnat loisir, des journées multisports une fois par mois, une initiation au judo le vendredi…

Entourés par les bénévoles et les personnes accueillies, Malek a raconté la semaine qu’une petite délégation de Jéricho a passé du 17 au 21 juin à Sète, dans le cadre des Rencontres Nationales du Sport Solidaire, rebaptisées « Sète à toi !», organisées par la Fondation Abbé Pierre.

La délégation de Jéricho présente à la rencontre sportive "Sète à toi ! " prend la pose.

La délégation de Jéricho présente à la rencontre sportive « Sète à toi !  » prend la pose.

Enfin, Alain, animateur sportif bénévole, ancien professeur de sport, a souligné les « valeurs de coopération » qui sont développées entre les personnes dans le cadre des activités sportives, et qui parfois nous font défaut dans nos relations quotidiennes avec les autres.

Orientations 2019

Après que Farhat, trésorier bénévole de l’association, a exposé le rapport financier 2018, le président Patrick Borot a repris la parole pour fixer les orientations 2019.

Jéricho souhaite alerter ses partenaires financiers car la baisse des subventions de la Région et de TPM notamment, mettent en danger l’équilibre financier de la structure. Des activités pourtant nécessaires aux personnes accueillies pourraient s’arrêter si le budget ne revenait pas à l’équilibre…

P. Borot a rappelé que les Amis de Jéricho sont un maillon essentiel de la lutte contre l’exclusion sur le territoire de la métropole Toulon Provence Méditerranée (TPM). Les membres de l’association restent déterminés pour poursuivre leurs actions et ce malgré les difficultés rencontrées.

Parmi les projets, la structure souhaite revisiter son projet associatif, repenser son Conseil de Vie Sociale (CVS), développer davantage les liens avec les habitants de l’immeuble Providence et s’impliquer fortement dans le projet d’aide alimentaire Tabgha (à découvrir dans notre journal IOTA du mois prochain).

L’association lance également un appel aux candidats bénévoles pour qu’ils viennent épauler et renforcer l’équipe salariée dans la mise en œuvre de ses missions.

« Jéricho souhaite garder son âme originelle et poursuivre sa route tout en s’émerveillant de ce qui est fait » a insisté P. Borot.

Nouveautés 2019

Juste avant l’Assemblée Générale Ordinaire (AGO), l’association avait organisé une Assemblée Générale Extraordinaire (AGE). Au cours de celle-ci, de nouveaux statuts ont été adoptés, l’association s’appelle désormais « Les Amis de Jéricho – UDV », et un projet de logo renouvelé est à l’étude.

Autre signe de nouveauté, de nouveaux membres ont intégré le Conseil d’Administration (CA) : Denise Deschamps, religieuse du Bon Pasteur et éducatrice spécialisée de formation, Mariette Clavieras, ex avocate, Pierre Foucaud, le « bénévole informaticien », et Frédéric Sanoner, officier de marine et bénévole au bus de nuit.

Les mots de la fin ont été donnés à Jean-Marc Lainé, aumônier de Jéricho, ainsi qu’à Antoine Carli, le doyen de l’assemblée avec ses 70 années de sacerdoce !

Jean-Marc a rappelé avec conviction que tout ce qui avait été évoqué lors de cette Assemblée Générale forçait le respect et l’admiration, et que le cœur de Jéricho était non pas les accueillis dans leur ensemble, mais bien chacun d’eux en particulier, en tant que personne unique et irremplaçable.

Par Christophe Parel, responsable du service communication de l’UDV.

Retour sur les rencontres sportives « Sète à toi ! »

Témoignage d’Agnès, accueillie aux Amis de Jéricho, qui a participé à l’événement du 17 au 21 juin à Sète.

« Nous étions une délégation de 7 personnes de Jéricho, 5 accueillis et 2 encadrants, coach Malek et Evgueni, volontaire européen d’origine Russe. Nous avons logé dans le village vacances du Lazaret, à Sète, les pieds dans l’eau. Dans un cadre de verdure de 5 hectares, les massifs de fleurs jouaient la mise en scène des couleurs : lavande, oliviers, ombrage des arbres, pins, sapin centenaire, hêtres…

Nous avons réalisé de nombreuses activités : balade en catamaran sur l’étang de Thau, découverte des élevages de moules, huîtres, et à bord du voilier nous avons appris les règles de la navigation à voile. Mais ce n’est pas tout, nous avons aussi fait de l’apnée, des balades en vélo, de la pêche, la pétanque, le foot, des balades les pieds dans l’eau, nous nous sommes baignés et avons bronzés.

Je n’ai qu’un seul regret : le séjour était trop court, la prochaine fois on aimerait bien rester aussi le week-end ! ».

Quant à « coach Malek », il a pour sa part souligné les nombreux bienfaits qu’a eu ce séjour sur les personnes accueillies : rupture avec le quotidien, un bon bol d’air pur, un moment de rencontre et de convivialité.

Témoignage « Au cœur d’une tournée du Bus de nuit »

René et Régine sont tous les deux bénévoles au Bus de nuit. Pour le journal des bénévoles appelé « Pleins phares », ils ont écrit un texte qui témoigne de leur vécu lors des tournées, nous avons souhaité vous le partager dans nos colonnes.

« Les personnes qui font la queue pour recevoir de quoi manger et qui espèrent aussi parfois quelque chose pour se prémunir du froid sont souvent bien heureuses de nous  voir arriver… Le plus souvent la file d’attente se forme dans le respect de la hiérarchie des demandeurs… Quelques fois ce sont des femmes et des enfants qui ouvrent la file… Là, on comprend que le groupe informel attend « pour voir »…  Ou qu’il se sent en sécurité.

Chacun attend comme une « manne bénéfique » un bon repas ! Mais aussi d’être « reconnu » comme un habitué ou un « demandeur  admis » qui peut compter sur ceux qui lui rendent visite ainsi dans la rue… Chacun attend « comme un sourire aussi en remerciement… Le sourire, qu’il soit reçu ou donné, est comme une lumière qui égaie et éclaire les vivres donnés par les uns et reçus par chacun…

Grâce au sourire, donner devient un acte de bonté gratuite de la part des uns, même s’ils ne peuvent pas satisfaire complètement  la demande. De la même façon, remercier en souriant de la part de ceux qui reçoivent, c’est aussi accorder plus d’importance à la relation humaine qu’à la simple satisfaction des besoins : c’est reconnaitre l’autre comme un frère !

Ne pas pouvoir satisfaire une demande, ce n’est pas grave si on le fait en s’excusant. Dire « non ce que vous voulez nous ne l’avons pas ce soir, alors prenez ce que l’on vous donne » ! Cela, c’est réduire à nouveau la personne à ses incapacités ! Cela revient à nier la personne dans ses désirs !…

C’est comme éteindre les lumières qu’on a tenté d’allumer en venant offrir de la nourriture… Alors méfions-nous du « principe d’autorité »…

Nous le savons tous par expérience, ce que nous donnons est comme une lumière qu’on allume pour un ami : et toute personne  est un frère, un ami ! Alors efforçons-nous de ne pas « rester sur nos gardes » lorsque nous sommes en situation de pouvoir aider et surtout soyons indulgents ou compréhensifs envers ceux qui peuvent être déçus.

Essayons de nous rappeler que l’essentiel de ce que l’on donne vaut par le respect dont on l’accompagne : c’est cela qui illumine le don que l’on peut faire. Ce que nous donnons vaut par les qualités humaines qui le portent. Mais celui qui reçoit ne reçoit pas seulement de la nourriture, il justifie par son acceptation la générosité de celui qui donne… Et en donnant de la reconnaissance, il devient le faire-valoir de son donateur !…

Rappelons-nous aussi : ce n’est pas tant du travail que nous faisons en nos qualités de bénévoles, c’est de la fraternité vivante… Alors osons-la… Comme nous agrémentons nos tables de fête par des lumières, des fleurs, des décors qui nous font mieux apprécier le repas… et qui valorisent chaque mets… Ainsi agrémentons nos démarches d’amitié et de sourires… Mais chacun le fait déjà… Alors merci à vous tous et à chacun !

René et Régine, bénévoles au Bus de nuit. Texte publié dans l’édito de Pleins phares, le journal des bénévoles du Bus de nuit, le 6 novembre 2018.

Bravo à Bruno, volontaire civique au service com, pour sa belle illustration inspirée de Jéricho !

Bravo à Bruno, volontaire civique au service com, pour sa belle illustration inspirée de Jéricho !


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