Sortir de l’exclusion spirituelle

La pauvreté est en elle-même un défi pour la raison. Elle véhicule avec elle la cohorte des questions non résolues : injustice, inégalités sociales, discriminations, difficultés du quotidien (mal logement, mal nutrition, manque de revenus, surendettement, précarité, santé malmenée, accès à la culture, à l’éducation…).

Le Père Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde, répétait qu’en fait, ce qui caractérise le monde de la misère, c’est la honte. Et pour lui, le plus grand défi de la pauvreté, était de libérer ceux qui étaient  victimes de ce sentiment de honte, en les aidant à retrouver la fierté de leur dignité, leur capacité à exprimer leurs rêves et leurs projets, leurs pensées et leur expertise, sur les problèmes de la société.

Redonner aux pauvres leur capacité d’agir et de s’exprimer reste le vrai défi à l’échelle planétaire.

Le Père Joseph Wresinski rejoignait en ce sens la pensée du brésilien Paolo Freire « Personne ne se libère seul, personne ne libère autrui, on se libère ensemble ! », mais aussi la pensée du sud-africain Nelson Mandela « Tout ce que tu fais pour moi, si tu le fais sans moi, tu le fais contre moi ! » Plus encore, il se faisait l’écho de l’exultation de Jésus : « Père, je te rends grâce, parce que ce que tu as caché aux sages et aux intelligents, tu l’as révélé aux pauvres et aux petits ».

Chaque jour, le bon Pape François nous invite à mieux discerner ces nouveaux défis de la pauvreté qui prennent les habits de l’exil et de la migration, mais aussi ceux de la solitude des vieillards et des personnes que l’on considère comme inutiles pour l’économie et le progrès.

Pire encore, l’exclusion de la vie spirituelle, parfois au sein même des communautés croyantes est une des discriminations les plus terribles dont souffrent les pauvres lorsque ils sont réduits à n’être plus que des objets de la charité et de la compassion, et ne sont plus considérés comme des frères sur le chemin de la foi et de l’espérance.

Les nouveaux défis de la pauvreté restent les mêmes que les anciens : être capables de communion, de considération et de respect, pour ceux qui cumulent tous les handicaps de la vie.

Les Universités de la Diaconie, début novembre à Lourdes, ont démontré qu’il est possible d’y croire et de le mettre en oeuvre.

Thérèse, une femme du Quart Monde, nous confiait son témoignage à l’heure des bilans de l’université : « On m’a enlevé mes enfants quand j’étais jeune en me disant que j’étais une mauvaise mère, on m’a enlevé des parties de mon corps quand je suis tombée malade, mais on n’a jamais réussi à m’enlever l’espérance ».

Puisse ces paroles éclairer notre chemin vers Noël !

Gilles Rebêche, diacre et délégué diocésain à la solidarité


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