Un séminaire pour « construire l’UDV de demain »

Focus

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Vendredi 12 octobre, près d’une centaine de personnes se sont retrouvées au domaine de La Castille, à La Crau, près de Toulon, pour « Réfléchir, Construire, se Projeter, Prendre du recul, Décider, mieux se Connaitre, Bref construire l’UDV que nous voulons pour demain ! ». Retour sur les temps forts de cette réunion de la « grande famille UDV ». 

Vendredi 12 octobre, domaine de la Castille, aux alentours de 9h du matin… On arrive, seul ou en covoiturage, on se reconnaît, on se retrouve ! C’est subtil ce parfum de rentrée qui flotte dans la grande allée où le soleil commence à jouer avec les feuilles des platanes, ces magnifiques platanes centenaires qui nous regardent sereinement !

Et l’on se dirige tout doucement vers la salle de réunion, celle qui donne sur la terrasse devant le château. Les « hôtesses » de l’UDV, que nous croisons habituellement dans les couloirs du Secrétariat général, sont déjà en poste, prêtes à servir thé, café en attendant l’ouverture de la journée, toujours avec le même sourire et la même gentillesse que derrière leurs bureaux !

Et chacun pose son sac et ressort sur la terrasse pour partager ce thé/café de l’amitié.

Le domaine de La Castille, un endroit propice à la prise de recul et la réflexion…

Parfum de « rentrée »

Oui, nous gardons tous au fond de nous un petit air de rentrée des classes ! Et ce n’est pas plus mal !!!

9h30 : allez, on rentre ! Et bien entendu… personne ne se précipite… on aurait encore bien des choses à se raconter et l’on n’a fait que commencer…

Après les interventions de Thierry O’Neill, Ludovic Teillard, Jasmine de Dreuzy, Gilles Rebêche, le partage en tables rondes se fera dehors, calmement, comme pour ne pas déranger la nature.

Une journée comme celle-ci, faite de retrouvailles, de rencontres, le tout assaisonné de la poésie ambiante des lieux et de la nécessité de regarder devant soi le déroulement de l’année, une telle journée se révèle indispensable pour tous les acteurs de la famille UDV.

Le temps de l’été  – peut-on parler de vacances eu égard à nos « publics » ? – a été vécu différemment de celui de l’année : souffler un peu, faire les choses autrement, rencontrer, retrouver, découvrir… Une sorte d’entracte dans la frénésie de toute une année. Le cœur et la tête ont besoin de pauses pour reprendre les chemins divers, inattendus, inouïs même avec les plus fragiles.

Une belle journée fraternelle pour recharger les batteries, se dire qu’on n’est pas tout seuls. Comme jadis aux jours de rentrée, les encriers sont pleins et les cahiers ouverts à la première page : l’UDV est une histoire sans fin à écrire avec application et enthousiasme…

Un mot dont Gilles Rebêche, diacre et animateur de la Diaconie du Var donnera la définition :

« L’enthousiasme, c’est comme les essuie-glace : ça n’empêche pas la pluie de tomber, mais ça permet de continuer à voir la route. »

Réalisations phares

Après un mot d’accueil de Thierry O’Neill, président de l’UDV, ce fut au tour de Ludovic Teillard, secrétaire général, de présenter un diaporama montrant les réalisations phares du réseau de l’UDV depuis 5 ans, caractérisées par 3 mots clefs : créer, animer et consolider.

Cliquez ici pour le visionner

Plan pauvreté

Ensuite, Joaquim Gonzalez, ancien directeur adjoint de la Direction Départementale de la Cohésion Sociale (DDCS), a livré son analyse des grandes lignes du plan pauvreté, présenté par le président Emmanuel Macron en septembre dernier.

Joaquim Gonzales, fin connaisseur des politiques publiques de lutte contre la pauvreté.

Voici le résumé de son intervention :

« Plan pauvreté : des engagements à traduire concrètement

Moins de cinq ans après le lancement du premier « Plan national de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale », le président de la République vient de décider d’initier un nouveau plan, pluriannuel, qui doit durablement permettre de faire reculer les exclusions.

Deuxième plan qui poursuivra les actions du précédent ou nouvelle approche des questions de précarité ? Il est prématuré pour le dire, mais on note d’ores et déjà des tendances qui ne s’éloigneront pas de la logique du précédent plan lorsqu’il sera question de traduire la volonté nationale en actions concrètes.

Rappelons quelques évidences :
  • un plan se définit par des orientations qui doivent être déclinées en actions opérationnelles. En matière d’inclusion sociale, ces actions seront nécessairement de responsabilité locale, en s’adaptant aux réalités de chaque territoire (le travail actuel autour de la territorialisation, lancé au sein de l’UDV, ne pourra qu’y aider).
  • les opérateurs locaux seront tributaires des moyens que les collectivités publiques consacreront aux actions de terrain. A ce stade, les moyens financiers sont peu connus.

Les orientations nationales sont d’ores et déjà fixées et traduites dans cinq engagements qui relèvent de trois logiques : trois de ces engagements portent sur l’accompagnement de l’enfant jusqu’à sa vie d’homme, de la crèche à la formation professionnelle, on entend clarifier les droits sociaux et médicaux, le dernier est axé sur l’emploi comme priorité.

Si on ne connait encore ni les budgets annuels qui seront alloués, ni le calendrier précis de mise en œuvre de ces engagements, rien n’interdit de réfléchir sans attendre à ce que chaque association peut faire pour s’inscrire dans la mise en application concrète de ce plan. »

Pour en savoir + sur les grandes mesures du plan pauvreté, cliquez ici pour lire l’article des Echos.

Témoignages

4 acteurs du réseau UDV ont ensuite été appelés « à la tribune » pour témoigner de leur engagement et des ressorts de leur ressourcement : Hanina Es Salki (assistante au service formation), Isabelle Cesana (agent de développement au sein de Provence Verte Solidarités), Catherine Devraigne (bénévole à MLH et membre de la Fraternité Saint-Laurent), André Gillet (chargé de mission immobilier).

Tous étaient interviewés par Jasmine de Dreuzy, journaliste bénévole à RCF et Iota, également voisine solidaire aux Favières avec son mari et leurs 3 enfants.

Voici quelques pépites extraites de ces témoignages :

«  A l’UDV, je vis des valeurs d’amitié et de fraternité. Je suis ici pour tendre la main aux plus pauvres et cheminer avec eux. Il s’agit de faire avec et non pas pour… Quelle richesse de pouvoir côtoyer des bénévoles de haut-vol ! Mon travail a un sens, ses valeurs sont la solidarité, la fraternité, la diversité, la convivialité et l’esprit de famille, ses richesses sont les rencontres et le ressourcement spirituel.

Ce qui me ressource : la persévérance et la motivation, je suis fan du Pape François, la qualité des relations humaines, on est riche de ce qu’on échange avec les autres, l’action, prendre du recul…

A la « tribune », les 4 témoins ont joué le jeu de l’interview et ont accepté de se « livrer ».

Une question me taraude : comment être signe auprès des jeunes ? Comment préparer la relève ?

Ce qui m’enrichit : l’horizontalité et la qualité des relations humaines, l’impact social de nos actions auprès des plus démunis ».

A la surprise générale et de l’intéressée elle-même, Thierry O’Neill a ensuite pris la liberté « d’interroger l’intervieweuse », Jasmine de Dreuzy, en lui posant à son tour les mêmes questions.

Voici les grandes lignes de sa réponse : « Avec mon mari Aymeric et nos enfants, nous avons décidé de nous mettre en famille au service des plus pauvres. Cette posture de service nous permet de casser les clivages sociaux. Nous goûtons pleinement la joie d’être ensemble et de partager cela avec nos 3 enfants ».

A l’issue des témoignages, un temps de partage en petits groupes a été proposé à tous et où chacun s’est posé les mêmes questions que celles posées aux témoins.

Partage des valeurs

Ensuite, le diacre Gilles Rebêche et José Gadéa, médecin du Rugby Club Toulonnais (RCT), ont livré une intervention à 2 voix sur le sens donné à nos actions, le souffle que nous donnent nos valeurs et notre inscription dans la Diaconie.

José Gadéa a filé la métaphore rugbalistique pour définir les ressources de l’engagement :

« Bien jouer, bien vivre et bien se préparer sont les conditions du succès, les fondamentaux. Au-dessus il y a les valeurs. Vous êtes engagés à l’UDV car vous avez un profond désir de servir. N’oubliez pas de vous ressourcer ! Dans une équipe il y a une place pour chacun, il est nécessaire d’accepter nos différences.

Une équipe est en berne lorsqu’il y a des chapelles en son sein qui créent des divisions, et quand il n’y a pas ou plus de partage des valeurs. Il est essentiel et nécessaire de partager les valeurs, et ce malgré nos fragilités. »

Retrouvez l’intégralité des propos de Gilles Rebêche dans l’encadré en fin d’article intitulé « La source et le chemin ».

 

Pour couper la journée, les participants se sont vus offrir un déjeuner convivial, propice aux échanges.

Orientations stratégiques 2019-2022

Après un déjeuner sympathique et animé, l’après-midi a été consacré à travailler sur des orientations stratégiques communes à toutes les associations pour les 4 prochaines années. Il s’agissait de préciser les orientations du projet associatif de l’UDV qui a été écrit en 2016 et qui ne donnait qu’un objectif général et 4 axes de travail. Ce travail de précision avait été recommandé par l’audit réalisé par le cabinet Panama en début d’année.

Thierry O’Neill et Ludovic Teillard ont donc commencé par rappeler le contenu des orientations stratégiques du Projet associatif de l’UDV. Ainsi l’objectif général et les 4 axes de travail ont pu être explicités et il a été présenté tout ce qui a déjà été fait dans ce sens depuis 2016.

De nombreux acteurs de terrain ont ainsi pu faire le point sur des réalisations : éco-hameau St Francois à Draguignan, sauvetage de l’Epafa à Fréjus, convention de financement  avec l’Agence Régionale de Santé (ARS), lancement du projet Ictus en Provence verte, lancement de la Maison des familles portée par Isa à Hyères, démarrage du projet de Ressourcerie de la rade sur l’aire toulonnaise, etc.

Ensuite 4 sous-groupes se sont réunis pour retenir des projets précis, structurants et ancrés sur un territoire que les participants souhaitent voir inscrits comme une déclinaison des orientations stratégiques de l’UDV pour les prochaines années. La réflexion est lancée, les projets retenus.

Le Conseil d’administration de l’UDV, qui se réunit début décembre, devra valider ces propositions. Le plus dur restera ensuite à faire car il s’agira de retrousser nos manches et mettre en œuvre ces orientations de manière concrète. C’est là que l’esprit de famille UDV et la complémentarité de tous les acteurs engagés se fera ressentir.

En conclusion

La journée fut belle et dense. Le réseau de l’UDV a montré son dynamisme et son fourmillement d‘idées nouvelles. Reste à savoir, si toutes ces beaux projets qui ne dépendent pas que de nous, pourrons être mis en œuvre avec les personnes accueillies dans nos structures et avec les partenaires.

Voilà la restitution des propos de Gilles Rebêche :

La source et le chemin

Deux thèmes vont être abordés :

« La source :

Il faut apprendre à se ressourcer, c’est-à-dire remonter à la source de notre engagement, de notre motivation… et vérifier malgré tout qu’elle n’est pas trop entartrée !  Ni dans mon agenda, ni dans mes problèmes.

Dans une source, les bassins peuvent déborder les uns dans les autres. Par exemple :

A Assise, avec la rencontre de François d’Assise : « Vas et rebâtis mon Eglise ». Après Vatican II, on a eu besoin d’espaces concrets pour que les gens puissent renaître à leur propre parole, en dehors de lieux spécifiques d’Eglise. C’est cela une Eglise non repliée sur elle-même, qui s’ouvre, se décentre. Rebâtir l’Eglise en gardant les yeux fixés sur les plus pauvres.

A Taizé, lieu d’initiative protestante, puis œcuménique. Roger Schütz, le fondateur, disait en 1979 : «  Nous devons être un peuple de chrétiens, qui s’élargit à d’autres que nous et où des non-croyants puissent trouver leur place. » Pasteur toujours en retrait, il pensait que dans l’Eglise, il devait y avoir des personnes qui signifient que la communion n’est pas encore totalement réalisée.
Avec le P. Joseph Wresinski, à ATD Quart-Monde : on ne peut pas construire un projet sans les plus pauvres, il faut faire avec eux

« Les pauvres dans l’Eglise sont nos maîtres » : Mgr Barthes a eu cette intuition de la Diaconie sur son lit d’hôpital : « J’aurais dû remettre des médailles à tous ceux qui supportent qu’on s’occupe d’eux. » Et l’UDV a été créée : une Eglise qui arrive à vivre avec les institutions, une œuvre d’Eglise qui se met en chemin avec des gens divers et non pas qu’avec des catholiques. Ce rapport à l’Eglise est pour le moins « original ».

Le chemin :

Quel est le chemin ? Et je trouve la source sur mon chemin ! On trouve la route en marchant, ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est la difficulté qui est sur le chemin !

Ecouter sa conscience

Comme les Mages venus d’Orient. « Suis l’étoile », devise de Mgr Barthes, c’est accepter de ne pas rester enfermé dans ses préoccupations.

Accepter de se mettre en route

Prendre le risque de se mettre sur un chemin où l’on ne sait pas où l’on va. Pour le croyant, c’est accepter de mettre un pas dans une aventure dont on ne sait pas où elle va nous mener. Il y a eu un colloque fraternel : trois personnes qui venaient de pays lointains se sont retrouvées à la croisée des chemins et vont se mettre ensemble pour poursuivre : voilà ce qui se passe dans nos associations ! Tout ce petit monde vient et se retrouve dans un colloque fraternel.

Se mettre en route avec d’autres.

Jérusalem, lieu institutionnel… Etoile perdue…

Prendre le temps de la réflexion

Demander des indications… et quand tout paraît construit, c’est là que tout se casse la figure !

Cinquième étape : Bethléem

Lieu d’une crèche, d’une « maison du pain », lieu de misère…. Pensons au restau social, avec des gens qui insultent, où cela ne sent pas toujours bon… Que suis-je venu faire dans cette galère ? C’est dans ce lieu, genou fléchi et mots qui touchent : misère, fragilité, petitesse, confrontation à ce qui est fragile, expression de la réalité avec les plus pauvres. Alors, il n’y a plus rien à dire ni à calculer… être là tout simplement dans une attitude d’alliance : « parce que c’était lui, parce que c’était moi. ». Rebâtir l’Eglise avec des lieux fragiles.

Se débarrasser de tout ce qui nous encombre

Or, encens, myrrhe. On se dégage de toute la mondanité, de sa carte de visite. Et ce qui te rend apte à le faire, ce sont tes propres limites qui te mettent en compétition avec les plus démunis. « Je viens avec mes limites, mes fragilités, dépossédé de certaines attitudes.

Repartir par un autre chemin :

C’est là la conversion, le changement de mentalité ! Après ces découvertes, ces recherches, les Mages repartent joyeux, invités à suivre l’Etoile. Quand il y a un problème dans les Conseils d’Administration… je retrouve la pêche en retrouvant les fondamentaux !

Bravo d’être comme les Mages d’Orient ! Bon GPS ! »

Article écrit à « plusieurs mains » : Aline Racheboeuf, Christophe Parel et Ludovic Teillard. Merci à Marie Monnoyeur pour sa prise de notes !


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