Rencontre avec Benjamin Rosier, nouveau délégué du Secours Catholique dans le Var

Benjamin Rosier est le nouveau délégué du Secours Catholique dans le Var. Auparavant rédacteur en chef Actualités au sein de la  rédaction nationale de la radio RCF, à Lyon, il occupe ce poste important depuis le début de l’année. Nous avons tenu à le rencontrer pour vous le présenter.

Bonjour Benjamin, peux-tu nous dire d’où tu viens, ce que tu as fait jusqu’à aujourd’hui et ce qui t’a amené dans le Var ?

« J’ai beaucoup vadrouillé pendant mon enfance, j’ai vécu dans le Sud-Ouest mais aussi à Paris où j’ai rencontré ma femme. Nous nous sommes mariés en 2008 et nous sommes parents aujourd’hui de deux enfants, une fille et un garçon âgés de 9 et 6 ans. Ma famille vit pour le moment à Lyon et viendra me rejoindre cet été.

Côté études, je suis titulaire d’une maîtrise d’histoire religieuse contemporaine, obtenue à Pau. Mon mémoire portait sur la fondation au XIXème siècle de la congrégation des Prêtres du Sacré Cœur de Jésus de Bétharram, dont le nom est emprunté à celui d’un village des Pyrénées Atlantiques signifiant « beau rameau ».

J’ai ensuite fait le choix du journalisme : j’ai intégré l’IEP de Rennes en 2e année où j’ai suivi la filière Politique et Société (POSO), avec une spécialité journalisme. A la fin de mes études, j’ai souhaité vivre une expérience humanitaire et j’ai réalisé un stage de 6 mois dans une ONG péruvienne, Takiwasi, qui vient en aide aux personnes toxicomanes.

J’ai été éduqué dans la foi catholique, puis je me suis peu à peu éloigné de cet héritage durant mon adolescence. J’ai retrouvé la foi lors des JMJ 1997 qui se sont tenues à Paris avec le pape Jean-Paul II, grâce à une amie qui m’y avait invité. De retour à Pau, j’ai intégré l’aumônerie étudiante ainsi qu’un groupe de prière.

J’ai peu à peu remis mes pas dans ceux du Christ, ce fut le début d’un chemin de foi, de conversion, d’unification et aussi de guérison qui continue aujourd’hui.

Puis je me suis retrouvé sur le marché du travail. J’ai démarré ma vie professionnelle au sein d’Actuagri, une agence de presse basée à Paris et spécialisée sur la politique, et l’économie agricoles, au sein de laquelle j’ai travaillé pendant 6 ans. J’ai réalisé à cette époque plusieurs reportages en Afrique au sujet de la sécurité alimentaire, après les émeutes de la faim de 2008.

Je faisais également des piges pour d’autres journaux comme le Télégramme ainsi que des chroniques bénévoles pour Radio Notre-Dame, dans lesquelles je me suis particulièrement intéressé à l’encyclique Caritas in Veritate de Benoit XVI, et à la doctrine sociale de l’Eglise.

Avec mon épouse, nous avons voulu quitter la région parisienne. Notre souhait s’est réalisé quand j’ai occupé le poste de rédacteur en chef Actualités au sein de la rédaction nationale de RCF, à Lyon, pendant près de 6 ans, de 2011 à 2017.

Ces années ont été marquées par une actualité riche et dense à la fois : mariage pour tous, débats autour de la fin de vie, conflits irako-syrien, question des chrétiens d’Orient, attentats, forte émergence en 2016 de la question des abus sexuels dans l’Eglise… Un travail passionnant et éprouvant !

Puis, j’ai eu envie de goûter autre chose.

Après ces années RCF, tout en présentant en free-lance le magazine mensuel de KTO « Hors Les Murs », les premiers mois de l’année 2018, j’ai souhaité être davantage acteur de la société, autrement que par l’information, la couverture et l’analyse de l’actualité…

J’ai redécouvert une fibre sociale en moi : j’avais été bénévole au Secours Catholique lorsque j’étais étudiant et jeune professionnel… A 41 ans, j’ai voulu me mettre au service des plus démunis, à la suite de l’enseignement du Christ serviteur.

J’ai donc postulé au poste de délégué du Secours Catholique dans le Var. Ma candidature a été retenue et je suis en poste depuis le 2 janvier 2019.

Peux-tu nous dire en quoi consiste ta mission de Délégué du Secours Catholique dans le Var ?

J’ai avant tout conscience de travailler pour un service d’Eglise, acteur de l’action sociale et de participer à la grande aventure de la Diaconie dans le Var.

Ma mission de Délégué est de piloter la délégation en lien avec un bureau et une présidente : animer la vie de la délégation, manager une équipe de 7 salariés composée de 3 salariés administratifs, et 4 animateurs de réseaux de solidarité, qui accompagnent au plus près les bénévoles de nos équipes locales, orchestrer la mise en œuvre du projet de délégation pour les 5 ans à venir, veiller à la gestion immobilière et budgétaire de la délégation, assurer une mission de communication interne et externe, développer les partenariats, les relations extérieures en lien avec la présidente…

Le tandem délégué/présidente est essentiel car c’est lui qui conduit la réflexion stratégique avec le reste du Bureau. Le délégué est membre à part entière du bureau avec une voix délibérative : il est investi d’une fonction stratégique, d’appui à la décision et d’une fonction opérationnelle.

Un enjeu important est de maintenir et développer le lien avec les près de 500 bénévoles du Secours Catholique dans le Var, répartis dans une trentaine d’équipes locales présentes sur les 4 territoires du Var : l’Ouest-Var, l’Est-Var, le Sud-Ouest du Var et le bassin toulonnais, le Sud-Est du Var.

Benjamin Rosier est convaincu que le projet de "révolution fraternelle" est porteur de sens pour notre société. Crédit photo : Christophe Parel.

Benjamin Rosier est convaincu que le projet de « révolution fraternelle » est porteur de sens pour notre société. Crédit photo : Christophe Parel.

Peux-tu nous dire quelles sont les spécificités du Var en matière de pauvreté et quels sont les axes stratégiques développés par le Secours Catholique pour tenter d’y remédier ?

Il me semble important de prêter attention à l’envers de la « carte postale ».  Ce département est magnifique à tous points de vue : la luminosité, le relief, la végétation, la côte, la mer, on ne peut qu’y admirer les merveilles de la création !

Il y a bien sûr des personnes qui vivent avec de très hauts revenus dans le département, mais il y a aussi de très nombreuses personnes qui vivent des situations de grande pauvreté.

Face à un certain nombre de champs de pauvreté repérés, la mission du Secours Catholique est d’agir pour le changement social, avec pour pédagogie le vivre-ensemble et la participation des personnes en précarité jusque dans la gouvernance de nos groupes, équipes et délégation.

In fine, notre but est de contribuer à une transformation de notre société, pour la rendre plus juste et plus fraternelle. En ce sens, nous n’hésitons pas à plaider en faveur d’une révolution fraternelle !

4 domaines de pauvreté ont été repérés dans le Var :

  • Le racisme et le difficile accueil de « l’autre différent » : face à cela, nous devons répondre par le dialogue, la rencontre interculturelle et la reconnaissance des talents ; Nous avons le projet de créer un espace phare à Toulon qui serait un Espace interculturel-talents.
  • L’isolement et l’affaiblissement du lien social, au sein des quartiers urbains et en milieu rural. Le mouvement des gilets jaunes sur les ronds-points a rappelé les fractures sociale et territoriale au sein de notre société ; Nous avons le projet de créer un espace phare qui se déplacerait en milieu rural dans l’Ouest Var pour recréer du lien social et accompagner les personnes rencontrées.
  • Le chômage et l’inactivité qui génèrent un sentiment d’inutilité sociale, problématique face à laquelle nous voulons répondre en créant un 3ème espace phare, un Espace emploi, à Draguignan.
  • Les familles précaires livrées à elles-mêmes et démunies dans l’éducation de leurs enfants : ici, nous souhaitons diffuser dans le Var des Espaces famille constitués de groupes d’entraide entre parents, arrimés aux équipes locales du Secours Catholique. Nous sommes convaincus que la famille reste la cellule de base de la société.

Ces 4 domaines de pauvreté ont été repérés comme étant prioritaires dans le Var aujourd’hui. Ils  orientent les actions de notre projet de délégation 2018-2023 intitulé « Au secours ! Je vis l’alliance », qui s’enracine dans le projet national 2016-2025 du Secours Catholique-Caritas France.

Le projet associatif du Secours Catholique est fondé sur l’Evangile, le service de la charité et du frère. Le Secours Catholique est ouvert à tous, dans la diversité des cultures et des religions, au service de l’avènement d’un monde juste et fraternel.

Y-a-t-il d’autres choses qui te tiennent particulièrement à cœur et que tu souhaiterais nous faire partager ?

Le réseau de l’UDV est un partenaire incontournable au service de la solidarité dans le département du Var. Le Secours Catholique et l’UDV sont des acteurs de la Diaconie du diocèse de Fréjus-Toulon et des acteurs de la transformation de notre société.

Notre projet de créer les 4 espaces phares évoqués est ambitieux. Nous y parviendrons en renouvelant nos manières d’être, penser et agir. Des changements internes parmi lesquels :

  • Un partage des responsabilités entre tous.
  • Une culture de la rencontre.
  • La mise en œuvre de réseaux apprenants.
  • Une communication qui relie entre eux les acteurs de notre réseau et notre réseau avec nos partenaires extérieurs.
  • Le souci du développement durable et intégral au sens de l’encyclique « Laudato si » du pape François.

Le projet de révolution fraternelle que nous portons est très ambitieux, je suis convaincu qu’il est porteur pour notre société et notre Eglise en crise d’une contribution à faire société autrement, à faire Eglise autrement, à faire société en frères, à être frères en Eglise !

 

Propos recueillis par Christophe Parel, responsable communication de l’UDV.

 


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