Les nouveaux défis de la pauvreté

Focus

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Le mensuel diocésain « Eglise Fréjus-Toulon » nous a demandé de rédiger un dossier sur les « Nouveaux défis de la pauvreté ». Celui-ci sera publié dans l’exemplaire papier en décembre. Nous avons décidé d’en faire profiter nos lecteurs IOTA en publiant également ce dossier sur notre site.

Nous avons choisi de traiter 3 angles d’attaque, écrits par 3 contributeurs différents : la 1ère Journée mondiale des pauvres créée par le Pape François, la pauvreté des familles et la question des Mineurs non-accompagnés, plus connus sous le nom de « MNA ».

François crée la Journée mondiale des Pauvres

Nombre de Chrétiens se souviennent avec émotion du rassemblement Fratello, à Rome, en novembre dernier : ce fut le Jubilé des pauvres entourant le Pape et priant pour et avec lui. Peu après, il a  institué une Journée mondiale des Pauvres, le 33ème dimanche ordinaire, avant la fête du Christ-Roi, qui est tombé le 19 novembre cette année.

Voici l’essentiel du message de cette journée :

« Petits enfants, n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais en actes et en vérité. »

Reprenant les paroles de Jean dans toute leur tendresse et leur gravité, François nous redit le commandement du Christ, nous appelle à mettre notre vie en mouvement pour entendre le cri du pauvre. Car c’est ainsi que la communauté chrétienne s’est présentée aux yeux du monde, dès les origines de l’Eglise : le service des plus pauvres.

Et depuis 2000 ans, tant de pages ont été écrites par des chrétiens qui ont mis leur imagination au service de la charité !

La délégation Varoise, pour Fratello, à Rome, en novembre 2016. Christophe Parel / UDV

Le message du Pape est empli de paroles fortes, d’où la tendresse divine n’est jamais exclue :

« Ne pensons pas aux pauvres uniquement comme destinataires d’une bonne action de volontariat une fois par semaine (…) Nous sommes appelés à tendre la main aux pauvres, à les rencontrer, à les regarder dans les yeux, à les embrasser pour leur faire sentir la chaleur de l’amour qui rompt le cercle de la solitude. Bénies les mains qui apportent l’espérance,  qui s’ouvrent sans rien demander en échange, sans si, sans mais et sans peut-être (…) Dieu a créé le ciel et la terre pour tous ; Ce sont les hommes qui ont créé les frontières, les murs, les clôtures (…) N’oublions pas que le Notre Père est la prière des pauvres, une prière qui s’exprime au pluriel », ce qui sous-entend le partage.

Toutes ces paroles martèlent que « la misère n’est pas une fatalité ». Il semble plus que jamais nécessaire et évangélique d’inclure cette préoccupation dans les communautés paroissiales, en faisant vivre cette Journée mondiale des pauvres voulue par le Pape !

Et le Pape François de dire devant la FAO (l’organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) :

« Serait-ce exagéré de parler d’amour ? Conjugué à la gratuité, l’égalité, la solidarité, la fraternité, la miséricorde ? Ces mots qui sont aujourd’hui résumés par le terme « humanitaire »

Alors, à nous de « passer outre ou de nous approcher ».

Cliquez-ici pour lire l’intégralité du message du Pape

Aline Racheboeuf, auteure bénévole à IOTA

Quelle vie pour les familles pauvres ?

Les chiffres devraient nous alerter : 14 % de la population française vit sous le seuil de pauvreté et 1 enfant sur 5 est concerné. C’est dire combien les familles et plus particulièrement les enfants sont impactés par la montée de la précarité.

Les familles monoparentales sont particulièrement vulnérables. La proportion de ces familles rencontrée au Secours Catholique est trois fois plus importante que dans la population française. Mais l’association constate que la crise de 2008 a participé à l’appauvrissement des familles avec enfants bien au-delà des seules familles monoparentales…

Jeune maman avec enfant dans une Maison de la famille. Gaël Kerbaol / Secours Catholique

La pauvreté, la précarité, l’insécurité que vivent ces enfants et ces familles ont des conséquences très graves pour leur stabilité, leur capacité à s’intégrer ou à s’épanouir, à grandir et se construire un avenir.

Aujourd’hui beaucoup d’enfants sont menacés d’insécurité affective et physique. La précarité, une vie à l’hôtel ou dans un logement trop petit ou insalubre, la peur d’être expulsés du logement ou du territoire français quand les parents sont des étrangers sans papier, ont des conséquences sur la vie de famille et sur la santé.

L’angoisse des parents recherchant désespérément un emploi ou se débattant dans d’importantes difficultés se transmet aux enfants. Une des plus grandes peurs des parents est que leurs enfants leur soient retirés. Plus de la moitié des décisions de placements sont liées à la situation économique précaire de la famille.

Quelle vie pour ces familles ? Quel avenir prépare-t-on aux enfants ?

Quelle que soit la nature des familles, les soutenir est un véritable défi pour les associations. La question d’un revenu décent se pose. Et au-delà, relever ce défi passera par une prise de conscience des savoirs éducatifs de chaque personne, par l’expérience de liens sociaux positifs et par une reconnaissance par la société et les institutions des parents et enfants quels qu’ils soient.

Jeune maman avec enfants dans une Maison de la famille. Gaël Kerbaol / Secours Catholique

Ceci s’appuiera sur le développement de lieux de fraternité, d’entraide et de coconstruction avec les familles, parents et enfants, ainsi qu’un plaidoyer en faveur d’un droit effectif à l’éducation pour tous.

Ludovic de Lalaubie, délégué du Secours Catholique du Var

Les Mineurs Non Accompagnés ou la vulnérabilité au quotidien

Selon l’Unicef, il y aurait environ 10 000 mineurs isolés étrangers en France. Plus connus sous l’appellation de « Mineurs Non Accompagnés ou MNA », ces jeunes font partie des migrants dont on parle beaucoup dans les médias.

Dans Le Var, Apprentis d’Auteuil est particulièrement mobilisé pour les accompagner.

Atelier accueil et accompagnement. Xavier Schwebel / Secours Catholique

Ces jeunes sont influençables face aux sollicitations et aux promesses d’un monde « meilleur » qui leur semble facile et accessible. Ils sont pourtant porteurs d’un potentiel positif qu’il est à chaque fois urgent de faire émerger : ils deviendront ainsi des atouts pour la société.

Cependant, au-delà de l’apparence trompeuse de leur maturité, leurs souffrances et leurs fragilités les rendent particulièrement vulnérables.

Lors de son arrivée en France, le jeune a besoin :

  • D’être protégé en éloignant tout environnement à risque (délinquance, drogue…).
  • D’un cadre accueillant et sécurisant : suppléance (et non substitution) à l’absence familiale pour les besoins physiologiques et la pose d’un cadre.
  • D’un projet scolaire, professionnel ou d’insertion adapté à son âge, à ses désirs et à ses capacités, pour l’aider à préparer un avenir professionnel, une autonomie réelle et une réussite sociale.
  • De continuer à se construire autour de la notion de projet personnel : satisfaction des besoins affectifs et sociaux, besoins de réalisation et de dépassement de soi…

Pour l’heure, un nombre important de ces jeunes est accueilli en hôtel ou en maison d’enfants à caractère social, ce qui ne correspond pas à leurs besoins essentiels d’alternatives dans leurs parcours de vie.

S’ils ne sont pas dignement accompagnés, d’autres malheureusement le feront, qu’il s’agisse des réseaux de délinquance, des formes d’engagements religieux fondamentalistes ou de la prostitution.

Pièce de théâtre montée par des migrants sur leur migration. Steven Wassenaar / Secours Catholique

Les Apprentis d’Auteuil sont en recherche  de solutions alternatives s’ouvrant à toutes formes de  bonnes volontés : logements collectifs, familles relais agréées, lieux de vie….

Contact des Apprentis d’Auteuil à Toulon : 04 94 92 75 85 ou 06 60 58 81 33

Frédéric Baudot, directeur de la MECS La Valbourdine à Toulon

Nous le rappelons, vous pourrez retrouver ce dossier en version « papier » dans le numéro de décembre du mensuel diocésain varois « Eglise Fréjus-Toulon ».

Dossier coordonné par Aline Racheboeuf, auteure bénévole à IOTA et Christophe Parel, responsable communication de l’UDV.


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