Maison Bethléem : la joie de la vie naissante

Noël approche. Comme chaque année, la période de l’Avent invite à se préparer pour accueillir la joie. Joie de l’émerveillement, joie de la gratitude que suscite l’arrivée d’un nouveau-né, petit être mystérieux, porteur de tant d’inconnus,  mais aussi de tellement d’espérances. Cette joie de la vie naissante se vit toute l’année dans la Maison Bethléem de Toulon.

La découverte d’une grossesse est un bouleversement dans la vie d’une femme, parfois heureux  d’autres fois éprouvant, voire les deux en même temps.  Lorsqu’une grossesse s’annonce de manière imprévue, elle fait souvent naître un sentiment de panique. Une panique à laquelle s’ajoutent des pressions : pression d’un père – pas toujours favorable – pression de la famille – quand la situation ne semble pas idéale – pression des délais – pour une Interruption Volontaire de Grossesse (IVG). La panique se trouve alors doublée d’un sentiment d’urgence : il faut prendre une décision, vite, celle de garder ou non cet enfant.

Autoriser et apprivoiser les émotions de la grossesse, qu’elle soit désirée ou non, demande du temps. Un temps qui s’oppose à l’urgence d’une décision à prendre. Un temps propre à chacun, puisque le temps de la mère n’est pas le même que celui du père, et diffère encore du temps de l’entourage. Aujourd’hui en France, si de nombreuses structures accompagnent la décision d’un avortement, il en existe peu qui accompagnent la poursuite d’une grossesse.

Toute naissance est joie, cadeau de Dieu pour les croyants !

C’est dans ce contexte que s’inscrit l’action des Maisons Bethléem, association membre de l’Union Diaconale du Var (UDV). Créée en 2004 sous l’impulsion de Monseigneur Rey, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon, la Maison Bethléem a pour objectif d’offrir à des femmes en détresse une alternative à un avortement contraint par un contexte défavorable.

L’association dessine un horizon dans une impasse où se trouvent de nombreuses femmes, en proposant une aide matérielle, psychologique et spirituelle. Elle permet ainsi à des femmes de mener à bien leur grossesse, et/ou d’accueillir leur bébé, dans un environnement chaleureux et sécurisant, malgré les ruptures, l’isolement, la précarité ou l’insécurité.

L’association accompagne ainsi toute femme, enceinte ou jeune mère, majeure et résidant légalement sur le territoire, qui en éprouve le besoin, sans distinction de nationalité, d’âge, de religion ou de situation sociale. Il peut s’agir de femmes ayant déjà des enfants ou une famille, comme de jeunes femmes seules. Toutes les activités sont faites pour accueillir, rassurer, écouter, consoler et accompagner.

Au cœur de la ville

C’est au cœur de la vieille ville de Toulon, dans une ruelle étroite, que se trouve la Maison Bethléem. Elle dispose de six studios et d’une pièce de vie collective. A celles qui y frappent, la porte s’ouvre justement sur cet espace commun, chaleureux, coloré et plein de vie. Chaque femme bénéficie d’un studio individuel dans lequel elle réside le temps nécessaire pour retrouver une situation stable, une condition cependant : que les règles de vie soient respectées ; celles-ci sont au service de la protection et de l’équilibre de chacune.

En revanche les modalités d’accueil sont souples, une femme peut être admise quasi immédiatement, et peut également repartir d’un jour à l’autre. La Caisse d’Allocations Familiales (CAF) finance une partie du loyer pour chaque locataire, les charges sont réglées individuellement selon les ressources des mamans, si besoin le complément (et souvent la totalité) est financé par les Maisons Bethléem. L’association ne vit que de dons privés.

Les moments conviviaux ponctuent la vie de l’association.

Les bénéficiaires viennent de toute la France, le plus souvent elles ont connu la maison par le biais d’internet. Elles savent rarement qu’il s’agit d’une mission catholique. Elles sont accueillies par le sourire et la douceur de Sophie Galloy, unique salariée  de l’association, qui en est la directrice depuis quelque mois. Dynamique quarantenaire, Sophie est institutrice de formation, sans expérience particulière du secteur social.

Avec ces accueillies, elle plonge dans de nouveaux univers. Celui de la grande précarité – à travers les situations de pauvreté que vivent ces mamans – mais aussi celui de la maternité – puisque Sophie est laïque consacrée [1]. Elle apprécie cette attention donnée à chaque femme, « nous ne sommes pas envahis par la foule. A Bethléem on fait du « one by one » ! Mais on se démène pour UNE maman. »

Sophie exprime sa préoccupation face à la détresse et l’isolement de certaines mamans, mais elle partage surtout son émerveillement devant leur courage et leur volonté malgré les embûches rencontrées. Sophie se dit édifiée par ces femmes qu’elle côtoie au quotidien, elle en parle d’ailleurs avec admiration : « Elles sont ouvertes, joyeuses, satisfaites de leur sort alors qu’elles ont connu des situations terribles (violences, viols, abandons) et vivent dans des petites espaces de 8 mètres carrés ». 

Elle est émerveillée par leur courage et leur détermination pour affronter et surmonter toutes les difficultés liées à l’arrivée d’une vie nouvelle (perte d’emploi, menaces, abandon par le conjoint, rejet par la famille…) mais aussi par les relations qui se tissent entre ces femmes accueillies, si différentes mais liées par leur maternité.

Une école de gratitude

Outre créer un environnement serein et convivial, Sophie est chargée de l’admission de chaque femme, et des démarches administratives que cela sous-entend tout au long de l’accueil. Elle s’occupe également de récupérer les dons de matériel, qu’elle trie et redistribue. Elle recrute et accompagne des bénévoles. Elle a particulièrement à cœur de se rendre disponible aux mamans, d’être à leur écoute, de les soutenir dans leurs difficultés, d’être présente toute en délicatesse, de leur (re)donner confiance.

Repos de l’enfant, regard de compassion de la maman.

Sophie propose des activités pour que les mamans puissent se réunir et s’épauler. Des anciennes accueillies fréquentent encore la maison après leur « envol », et il y a « comme un relais qu’elles se passent les unes aux autres, le relais de la maternité et de la victoire. Elles partagent leurs doutes, leurs questions, leurs expériences. Et surtout elles témoignent que, même dans la galère, c’est beau de garder son enfant ». Cette expérience est pour Sophie une véritable école de gratitude.

Sophie désire faire de la Maison Bethléem un lieu ouvert pour toutes les femmes et les enfants qui le désirent, et pas seulement pour les hébergées. « Un lieu de fête, de rencontre, de partage, de brassage, mais aussi un endroit reconnu pour être un lieu d’entraide » où puissent se mélanger des personnes de toutes sortes. Elle met ses nombreux talents au service de ce projet : musique, chant, pédagogie, catéchisme…

Sophie a plus d’une corde à son arc, sans oublier sa patience et son sourire ! Les voisins du quartier sollicitent déjà son aide pour des démarches administratives, du soutien scolaire, ou encore des cours de musique. Elle emploie des méthodes d’apprentissage « alternatives » : «  par le jeu, par le chant, par la joie » particulièrement adaptées pour les enfants ou adultes qui peinent à adhérer aux méthodes scolaires.

Venez, un trésor vous attend !

Pour mener à bien les missions qui lui sont confiées, Sophie est entourée par les administrateurs de l’association, tous investis bénévolement. Elle est soutenue tout particulièrement par le Président Xavier Magne, retraité de la Marine et bénévole depuis 3 ans, il se charge de trouver de nouveaux donateurs; par le trésorier Eric Jammot qui gère les relations avec la CAF et les questions financières avec les accueillies, ainsi que son épouse qui s’occupe de la communication et de la collecte des dons également, et enfin par Sybille de Kerros, la secrétaire.

Joie de la vie naissante, joie de l’enfance aussi !

Sophie fourmille de mille autres idées : des groupes de parole, d’entraide ou de partage, des après-midi jeux, des soirées films, des soirées débats, des goûters animés, des après-midi en musique… Sophie est une chercheuse, elle cherche des perles… de celles qui se cachent en chacun de nous… Alors si vous ne connaissez pas encore les Maisons Bethléem, n’hésitez plus ! Allez pousser la porte du numéro 25 de la rue de la Glacière. Un trésor vous attend !

« Vous trouverez un nouveau-né, couché dans une mangeoire » Saint Luc.

Par Jasmine de Dreuzy, reporter bénévole pour IOTA.

En janvier, débutera un groupe de parole ouvert à toutes les mamans qui souhaiteraient vivre des fins de journée en famille de manière apaisée. Ce groupe sera animé par une psychologue formée au Mouvement Mondial des Mères [2] (Alix Putz). Le but est de créer un lieu d’écoute et d’échanges pour des mamans. Une série de 4 rencontres de 2h, 1 fois/semaine. Une participation de 5€  sera demandée et une garde d’enfants proposée.

Pour aider les Maisons Bethléem, tous vos dons sont les bienvenus : présence, finance ou matériel.

Contact : Maisons Bethléem – 25, rue de la Glacière – 83 000 Toulon – 04 94 24 97 10 [email protected]

[1] Communauté Notre-Dame de Vie de Venasque.

[2] La mission du Mouvement Mondial des Mères est de faire valoir et soutenir le rôle essentiel des mères pour le développement économique, social et culturel de la société. MMM affirme que les mères font partie de la solution à bien des problèmes quand elles sont soutenues, reconnues, informées, motivées à agir.

Pour aller plus loin : retrouvez notre précédent article publié en octobre 2016. 


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