Lycée Bonaparte : à l’école de la rue !

Insertion Le 4 novembre, la Fédération des Œuvres Laïques (FOL) et l'UDV avisent des lycéens de Bonaparte de l'économie sociale et solidaire

Le 4 novembre, la Fédération des Œuvres Laïques (FOL) et l’UDV avisent des lycéens de Bonaparte de l’économie sociale et solidaire

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En novembre, la France célèbre le mois de l’économie sociale et solidaire. L’occasion de sensibiliser les lycéens aux actions de lutte contre l’exclusion sociale menées par les associations. Et de casser les idées reçues sur la pauvreté. Immersion à Bonaparte.

Mardi 4 novembre. Toulon. Lycée Bonaparte. L’émotion gagne les élèves de Première ES, puis laisse place à des applaudissements sincères. Debout, devant eux : William, 33 ans. Cet homme au franc sourire vient de déclamer un poème de sa composition, écrit alors qu’il « zonait dans la rue« …

« Je n’ai pas eu à mes côtés ce qui aurait pu m’assurer. Je désire me libérer. et j’ai peur d’y arriver. J’ai envie malgré tout de chanter à la liberté, à l’égalité sans oublier la fraternité. Je suis en recherche d’identité. J’en ai marre de me faire frapper. Mais j’ai l’impression d’avoir besoin de ça pour exister. »

William est venu témoigner de sa dure existence. Mais aussi de l’immense espérance que « tout le monde peut s’en tirer », notamment grâce à l’action des associations de solidarité. Enfant de la DDASS, il est placé en maison d’accueil puis en foyers de jeunes majeurs, où il connaît la maltraitance et la violence. Un jour, il se retrouve à la rue. « Je passais mon temps avec une feuille et un stylo. L’écriture m’a empêché de tomber dans l’alcool et la drogue. Elle m’a permis de m’évader, de mettre ma souffrance par écrit », raconte-t-il.

Après de longs séjours en psychiatrie, il rencontre quelques mouvements qui le remettent sur pied. Dont l’association socio-culturelle Kaïré, à Toulon. Au menu : arts plastiques, théâtre et spectacles de clown. « J’ai appris à vivre en collectivité. J’ai commencé à prendre confiance en moi. Je suis désormais satisfait de ce que je fais. Je me sens bien dans mes pompes. Même dans le milieu de la précarité, il y a des gens biens « 

Écouter William sur RCF

« L’amour, ce n’est pas se sauter dessus pour faire des bébés. Ça en fait partie, mais il y aussi une place pour la tendresse. Pour l’acte gratuit dans l’accompagnement. » Piero va droit au but. Ancien chanteur de punk à la cinquantaine, il a le look qui détonne : crâne rasé, piercings et tatouages, longue barbe blanche. Les jeunes ont l’air captivé et boivent ses paroles.

Fin 80. Sa femme et lui apprennent leur séropositivité. Sa compagne, Géraldine, contracte une maladie psychiatrique due au sida. « J’ai dû signer un accord d’internement pour mon épouse. Dès lors, je l’ai accompagnée jusqu’à sa mort. C’est là que j’ai compris le sens du mot amour. Sans m’en rendre compte, j’étais déjà à l’écoute d’une personne en grande précarité. » Au décès de Géraldine, Piero s’engage au Secours Catholique, « en manque d’être utile ».

Fort de 30 ans d’expérience, le chanteur livre alors, aux lycéens, ses secrets pour aider les personnes en difficulté :

  • changer de regard sur la pauvreté
    « Il ne faut pas oublier que les gens en situation de précarité ont été des enfants, des jeunes, des bébés. Des gens comme vous et moi. »
  • considérer nos proches dans tous les aspects de leur personnalité
    « J’aime prendre l’exemple d’un vieil arabe, syndiqué, fan de raï et supporter de foot. On peut le voir comme un vieil homme ou comme un arabe ou comme un syndiqué ou comme un amateur de musique ou comme un fan de foot. Mais en fait, il est tout ça à la fois. »
  • reconnaître ses pauvretés
    « On ne connaît pas forcément la misère sociale ou économique, mais on a tous des pauvretés qui nous pèsent. »
  • se reconsidérer soi-même
    « J’ai appris à m’apprécier pour pouvoir aider les autres. »
  • Être présent à chaque instant
    « Le compagnon, c’est celui qui partage le pain. Il y a le pain blanc, les bons moments, comme le pain noir, les mauvais moments. »
  • Faire avec et non faire pour
    « On va même plus loin, on fait à partir des charismes et des talents de chacun, pour pouvoir créer des projets ensemble. On est ainsi sorti de l’assistanat en permettant aux gens d’être acteurs de leur propre redressement. »
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Changer de regard sur la pauvreté, une invitation lancée aux élèves du lycée Bonaparte

« Faut que les paroles soient suivis d’actes », conclut Piero devant des adolescents séduits, habitués à entendre parler de capitalisme, de productivité et de rentabilité financière. « J’ai voulu poser des actes en devenant bénévole. On peut devenir un pro de l’accompagnement de personnes en difficulté : travailleur social, éducateur, etc. On peut aussi être bénévole. En italien, bénévole se traduit par « te benevolo », « je te veux du bien ». C’est important de garder ça en tête. C’est assez cool comme projet de vie. » À bon entendeur.

Qu’est-ce que l’économie sociale et solidaire ?

L’économie sociale et solidaire désigne le secteur d’activités fondées sur la solidarité, l’utilité et l’innovation sociale. Les bénéfices sont strictement encadrés : le profit individuel est proscrit, les résultats réinvestis dans des actions plaçant l’homme au centre.

Ce secteur rassemble des entreprises organisées sous forme d’associations, de mutuelles, de coopératives et de fondations. Elles adoptent toutes des modes de gestion participatifs.

L’économie sociale et solidaire pèse dans l’économie de la France : avec 200 000 entreprises et 2,36 millions de salariés, elle représente 10% du PIB et près de 12% des emplois privés dans l’hexagone. Les effectifs les plus importants interviennent dans les domaines de l’action sociale, des activités financières et d’assurance, de l’enseignement et de la santé.


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