Les salades de Janine

« En célébrant mardi dernier, dans la cathédrale de Toulon, les obsèques de Janine, la célèbre maraîchère et revendeuse du cours Lafayette, j’ai été impressionné de voir la foule de Besagne, unie dans une même émotion pour rendre hommage à celle qui enchantait le cœur de ville de sa gouaille et de ses réparties joyeuses.

Elle était devenue une icône de Toulon et savait réunir dans une même symphonie locale le stade Mayol, l’hôtel de ville, la cathédrale et le marché du cours Lafayette … Autant dire qu’elle avait le goût et le sens des relations, l’intuition sur les personnalités des uns et des autres et l’intelligence de l’ à propos. Avec la même fulgurance, elle mémorisait les prénoms de chacun, valorisait notre territoire provençal et notre culture méditerranéenne, savait promouvoir une alimentation saine …mais plus encore elle avait le don de mettre en lien des hommes et femmes de tous horizons : sportifs, « petites gens », politiques, clients, commerçants, touristes, jeunes et vieux, ecclésiastiques et bouffe curés…avec une gaité toute méridionale.

Rendue célèbre dans les médias nationaux par sa répartie à un ancien premier ministre qui la questionnait sur son activité « Eh bien, on fait le même métier tous les deux… on vent des salades mais les miennes sont bonnes pour la santé !», elle avait ainsi conquis l’audience des spectateurs.

Tous les matins je la voyais, avant que la maladie ne la terrasse, venir prier dans la cathédrale et confier au Ciel ses soucis, ses mercis et ses intercessions. J’ai vite compris que la prière et l’amour des autres étaient son énergie et son ressort. Elle m’encourageait souvent avec affection pour mon ministère dans la Diaconie, au service des plus démunis. Même si parfois elle trouvait « que certains exagèrent » !

En découvrant dans ce numéro de IOTA un article sur la démarche participative et un autre sur le projet TABGHA qui entreprend une concertation sur la qualité de l’aide alimentaire, je n’ai pas pu m’empêcher de repenser à Janine : elle a fait partie de ces belles personnes qui aident à croire à l’aboutissement de telles démarches. Par leur enthousiasme contagieux, par leur goût pour une alimentation saine et par leur sens des autres : c’est ce genre de témoin du Vivant qui donne une âme à une ville et à un territoire. Puissions nous, nous aussi, ne pas nous contenter de vendre des salades fussent elles associatives et caritatives mais surtout continuer de donner du sens et de la joie partagée à tous nos projets… Et pourquoi pas un peu d’amour !

Bel été à tous et à chacun. »

Gilles Rebèche, diacre délégué diocésain à la solidarité dans le Var, fondateur de l’UDV.


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