Les exclus du Var ont rencontré le Pape François !

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Fratello, qui signifie « petit frère », a été l’événement de clôture de l’année de la miséricorde souhaitée par le Pape François. Du 11 au 13 novembre dernier, 3500 pèlerins Européens dont 2300 vivent dans la rue ou ont connu des situations de grande précarité, se sont réunis à Rome. Épaulés par 1200 « accompagnants », ils ont répondu à l’invitation du « Pape des pauvres ». Et les Varois étaient présents !

En effet, le diocèse de Fréjus-Toulon et la Diaconie ont répondu présents et d’une belle manière, puisque 90 pèlerins Varois ont participé à cette rencontre, ce qui en a probablement fait une des plus importantes délégations diocésaines du rassemblement ! Elle était conduite par le père Alexis Wiehe, curé de la Cathédrale de Toulon et responsable de l’animation pastorale de la diaconie du Var. L’évêque Dominique Rey a participé à ce pèlerinage, ainsi que le diacre Gilles Rebêche, délégué diocésain à la solidarité.

A travers ce reportage, nous souhaitons vous faire partager ce qui s’est vécu lors de cet extraordinaire moment d’Eglise et de fraternité avec les plus démunis.

Un moment d’Eglise et de fraternité exceptionnel

A l’image d’un Pape exceptionnel, le rassemblement Fratello a lui aussi été exceptionnel ! C’est la première fois dans l’histoire de l’Eglise moderne qu’un pape invite autant de sans-abris ou de personnes ayant connu des situations de grande pauvreté autour de lui, à Rome ! Cette originalité est la marque de François, celui qui veut une « Eglise pauvre pour les pauvres », et désire s’adresser en priorité aux périphéries existentielles : c’est à dire toutes celles et ceux qui sont en marge de nos sociétés. Fratello avait pour objectif de montrer comment mettre les pauvres au cœur de l’Eglise et du monde, le challenge est désormais d’arriver à le vivre de façon réelle et concrète !

Les organisateurs avaient défini quatre grandes lignes qui ont donné le ton des 3 journées  : accueillir avec bienveillance, ouvrir les portes de l’Eglise aux pauvres, vivre un temps extraordinaire et témoigner de l’espérance chrétienne. Conçu comme un triptyque, le programme était à l’image de ce qui peut être vécu lors d’une retraite spirituelle : « Dieu console, Dieu pardonne, Dieu espère ».

Sur place, les participants ont vécu différents temps forts : catéchèse du Pape dans l’immense salle Paul VI de 10.000 places, démarches jubilaires au Vatican, visites de sites emblématiques de la « ville éternelle », rencontre avec des grands témoins, procession aux flambeaux et veillée miséricorde, messe avec le pape dans la basilique Saint-Pierre…

Un des moments les plus marquants de Fratello restera certainement celui de la « prière pour le Pape ». A la fin de la catéchèse, et bousculant le protocole à l’invitation du Cardinal Archevêque de Lyon Mgr Barbarin, 12 pèlerins se sont réunis autour de François et ont prié pour lui pendant de longues minutes, certains posant même leur tête sur son épaule ! Une scène digne de l’Evangile et prophétique, illustrant cette proximité extraordinaire entre le pape et les personnes vulnérables…

Les pèlerins de Fratello, dont la plupart ont vécu dans la rue ou traversent de graves difficultés, ont prié pour le pape. © Olivier Jobard / M.Y.O.P. pour La Vie

© Olivier Jobard / M.Y.O.P. pour La Vie

« Les pauvres sont des frères qui nous évangélisent »

Voici le témoignage du Père Alexis Wiehe, responsable de la délégation du Var. Il raconte comment il a vécu Fratello.

« Ce pèlerinage a été l’occasion de faire une belle expérience de la providence de Dieu qui guide les choses. Nous étions un grand groupe de 90 personnes, dont certaines porteuses de grandes fragilités. Comme organisateur, j’ai dû accepter que des choses m’échappent, je ne pouvais pas tout maîtriser. J’ai réalisé que nous faisons notre possible, ensuite c’est Dieu qui fait l’impossible ! J’ai aussi apprécié que notre groupe reflète la diversité de notre diocèse : communautés, paroisses, mouvements et associations…

J’ai eu la joie de serrer la main du Pape, ce qui n’était pas prévu. Cette rencontre m’a été donnée ! Lorsqu’il m’a salué, j’ai senti de sa part une grande présence et une disponibilité. Je lui ai dit que j’accompagnais un groupe de pèlerins du Var. Il m’a écouté puis m’a simplement demandé de prier pour lui.  Ce moment d’échange a été bref, mais très intense !

Service de presse du Vatican, droits réservés

En fait, ce rassemblement nous met en route pour l’avenir. Organisé au terme de l’année de la miséricorde, il n’a pourtant pas été un événement de clôture. C’est même l’inverse, Fratello est un commencement ! C’est un moment fondateur pour l’Eglise et pour le monde : il nous montre le chemin d’une nouvelle manière d’être, où l’on arrête de considérer les pauvres comme étant uniquement des bénéficiaires de notre charité. Les pauvres sont des frères qui nous évangélisent. C’est une réalité, pas seulement un slogan ! »

Pierre, qui a connu la rue, a retrouvé la foi à Rome

Pierre a 38 ans et il vit avec sa compagne à la résidence solidaire Les Favières, à Toulon, une des maisons de la Diaconie diocésaine qui héberge les Sans-Abris. Après une séparation, il s’est retrouvé pendant plusieurs mois à la rue. Après avoir rejeté l’existence de Dieu, il témoigne avoir retrouvé la foi à Rome, pendant la rencontre Fratello.

« J’ai eu une éducation catholique puis j’ai fait quinze ans d’armée, pendants lesquels j’ai notamment été commando. En voyant la misère dans les pays d’intervention, et aussi tout le mal que je faisais en combattant, j’ai peu à peu perdu la foi. Je me demandais : pourquoi Dieu n’agit pas ? Est-ce qu’il existe ? Par la suite, je me suis retrouvé à la rue après que ma compagne m’a mis dehors. Heureusement j’ai pu intégrer Les Favières, où je suis par ailleurs bénévole en cuisine. Un jour, Sœur Stefania – de la congrégation Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur – avec qui je cuisinais, m’a invité à venir à Fratello. Et j’ai accepté, comme si quelqu’un m’avait poussé à dire oui…

Quand je vivais dans la rue, j’étais déjà dans l’entraide, mais j’ai vraiment retrouvé la foi à Rome ! J’ai senti l’amour de Dieu revenir pendant la veillée miséricorde à Saint-Paul hors-les-murs. Là, dans le silence et le recueillement, une force m’a poussé à me confesser et je me suis senti soulagé de tout le mal que j’avais fais. Ensuite, j’ai pu mettre une bougie en pensant à toutes mes connaissances vivantes et disparues, comme mes proches et ceux que j’ai connu lorsque je vivais dans la rue.

Fratello a été un moment extraordinaire ! J’ai pleuré lorsque j’ai vu le pape étreindre un Sans-Abri, lui-même envahi par les larmes. Ça a été très fort de voir le représentant de Dieu sur terre, se montrant si humble, attentif et humain. J’ai l’impression d’avoir accompli un double pèlerinage : en allant à Rome j’ai retrouvé la foi, et j’y ai aussi retrouvé ma compagne qui est italienne. Ce pèlerinage de la foi et de l’amour va d’ailleurs porter du fruit car avec elle, on a décidé d’avoir un enfant ! »

Le pape a demandé pardon aux pauvres

Enfin, il nous a semblé intéressant de compiler les phrases marquantes prononcées par le Pape François pendant Fratello.

« Je vous demande pardon si parfois je vous ai offensé par mes paroles et pour ne pas avoir dit ce que j’aurais dû dire. Je vous demande pardon pour toutes les fois où nous chrétiens, nous détournons le regard devant une personne pauvre ou une situation de pauvreté. Votre pardon pour des hommes et des femmes de l’Eglise qui ne veulent pas regarder ou n’ont pas voulu regarder est une eau bénite pour nous. C’est nous aider à croire à nouveau que dans le cœur de l’Evangile il y a la pauvreté, et que nous devons former une Eglise pauvre pour les pauvres.

Service de presse du Vatican, droits réservés

Ne cessez pas de rêver. Vous devez nous apprendre, à nous tous qui avons un toit, à ne pas être satisfaits. Seul celui qui sent qu’il lui manque quelque chose regarde vers le haut et rêve. Celui qui a tout ne peut pas rêver !

Pauvre oui mais pas esclave, pauvre oui mais pas exploité. La pauvreté est dans le cœur de l’Evangile, pour être vécue. L’esclavage n’est pas dans l’Evangile pour être vécu mais pour en être libéré.

Dans votre pauvreté, dans votre situation, vous pouvez être des artisans de paix. Nous avons besoin de paix dans le monde ! Nous avons besoin de paix dans l’Eglise.

Il faut s’inquiéter, lorsque la conscience est anesthésiée et ne prête plus attention au frère qui souffre à côté de nous.

Avant de subir un atroce martyr par amour pour le Seigneur, Saint-Laurent a distribué les biens de la communauté aux pauvres, qu’il a qualifiés de vrais trésors de l’Eglise. Que le Seigneur nous accorde de regarder sans peur ce qui compte, de diriger notre cœur vers lui et vers nos vrais trésors. »

La « Journée Mondiale des Pauvres »

Fruit immédiat de Fratello et dernier signe concret de l’année de la Miséricorde, François a décrété que le 23ème Dimanche du Temps Ordinaire sera la Journée Mondiale des Pauvres.  Selon lui, cette journée « aidera les communautés et chaque baptisé à réfléchir sur la manière dont la pauvreté est au cœur de l’Evangile et sur le fait que, tant que Lazare gît à la porte de notre maison, il ne pourra y avoir de justice ni de paix sociale.

De plus, elle constituera aussi une authentique forme de nouvelle évangélisation par laquelle se renouvellera le visage de l’Eglise dans son action continuelle de conversion pastorale pour être témoin de la miséricorde. »

Par Christophe Parel, envoyé spécial à Fratello, responsable communication et recherche de fonds privés de l’UDV

Pour aller + loin : 

Contact si l’après Fratello vous intéresse : [email protected] et 04 94 92 28 91

Revivez le rassemblement Fratello en vidéos !

Reportage de la chaîne KTO : http://www.ktotv.com/video/00108736/fratello-2016-le-festival-de-la-joie-et-de-la-misericorde

Audience aux personnes en situation de précarité dans la salle Paul VI :

La Messe pour le rassemblement des personnes en situation de précarité dans la basilique Saint-Pierre :

 

 


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