L’accueil des migrants dans le Var

Focus

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La question de l’accueil des migrants est au cœur de l’actualité. Dans le Var, partenaires associatifs, institutionnels et particuliers se mobilisent. Nous avons tenu à faire le point sur ce sujet. L’occasion de donner la parole à une experte de terrain, de présenter le parcours du demandeur d’asile et de donner différents contacts pratiques.

Pour commencer, rencontre avec Catherine Martinez, l’une des personnes ressources sur la question de l’accueil des étrangers, au sein du réseau de l’Union Diaconale du Var. Avec elle, nous faisons le point sur la question des migrants dans le Var.

  1. Catherine, on te présente souvent comme étant une spécialiste de l’accueil de l’étranger, qu’est-ce que cela t’inspire ?

En effet, j’ai cette réputation d’être une personne ressource sur le thème de l’accueil de l’étranger. Pour être précise, je préfère parler d’hospitalité plutôt que d’accueil. L’hospitalité ça t’implique : tu ouvres ta maison, tu reçois l’autre chez toi, tandis que l’accueil c’est un mot un peu galvaudé, aujourd’hui on le met à toutes les sauces ! Et puis dans l’accueil tu as la charge de quelqu’un, tandis qu’avec l’hospitalité tu reçois, c’est une notion plus positive et très biblique ! Enfin dans l’hospitalité l’accueillant et l’accueilli portent le même nom : hôte. Je suis ton hôte, tu es mon hôte, l’un et l’autre se reçoivent et sont au même niveau, c’est la réciprocité !

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Catherine Martinez, une femme engagée.

  1. Peux-tu nous expliquer ce qui t’a donné le goût de l’autre ?

Cela est lié à plusieurs choses. Dans mon histoire familiale on a été des réfugiés. Pendant la dernière guerre, ma famille a quitté l’Alsace pour aller se réfugier dans une ferme du sud-ouest. Ma grand-mère était d’origine tzigane et elle a dû fuir les persécutions. Sa porte était toujours grande ouverte et cela s’est transmis dans la famille. Tu témoignes de l’attention envers l’étranger car tu sais ce que c’est d’être étranger. La transmission du goût de l’autre, ça peut sauver des vies ! Et c’est enrichissant ! Quitter son pays ce n’est jamais facile, et être accueilli quelque part, par quelqu’un, ne pas se sentir rejeté, c’est hyper important ! Je crois que c’est une mémoire familiale qui s’est transmise, qui fait qu’on a toujours ouvert la porte à l’autre.

  1. Cette mémoire familiale t’a donc poussé à t’engager ?

Oui, je suis convaincue que tout être humain qui se présente devant ma maison pourra y entrer. Ainsi, j’ai participé à fonder l’association Femmes dans la cité (voir l’encadré), dans le quartier Berthe, à La Seyne-sur-Mer en 1993. Nous avons fait cela avec des femmes de toutes origines. Le cœur du projet était de s’associer pour créer un vivre-ensemble, développer les échanges interculturels, promouvoir le respect des différences, la promotion de la femme et l’engagement… Nous avons développé l’alphabétisation dans un centre social du quartier Berthe. Des liens d’amitié se sont créés, ainsi que tout un réseau d’amis. J’ai aussi rencontré « Mado », que je considère comme étant ma fille (Marie-Madeleine, originaire du Sénégal, est aujourd’hui médiatrice de quartier au sein du réseau de l’UDV). En rencontrant les femmes de la cité Berthe, je me suis mis à m’intéresser à l’aspect administratif : la clef c’est le papier !  Le papier (les documents administratifs, les titres de séjours etc.) est nécessaire à un moment donné, pour vivre. Ça permet de dénouer un certain nombre de choses et de régulariser les situations des personnes venant de pays étrangers.

  1. On nous parle beaucoup de crise migratoire : quelle différence fais-tu entre un migrant et un réfugié ?

Migrant est un terme générique : cela signifie migrer, quitter son pays. Pour quelles raisons les personnes quittent-elles leur pays d’origine ? Elles sont multiples. Celles qui fuient leur pays demandent l’asile : elles demandent ainsi la protection du pays dans lequel elles arrivent. Un arsenal législatif aide alors à vérifier l’authenticité de la demande. Lorsque les personnes effectuent cette démarche et demandent à être protégées, elles passent alors du statut de migrant à celui de réfugié. Etre réfugié est un statut : c’est la reconnaissance statutaire de la protection française pour les personnes victimes de persécutions. Et il est temps de tordre le coup à une image d’Epinal : les migrants ne sont pas forcément pauvres ! Le travailleur expatrié français qui œuvre dans un pays étranger est aussi un migrant ! L’étudiant qui effectue une année Erasmus à l’étranger est un migrant ! Je crois fondamentalement que l’hospitalité elle est pour tous. Cela me fait penser à cette boutade qui dit que l’étranger qui vient travailler en France est un immigré, tandis que le Français qui va travailler ailleurs est un coopérant !

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  1. Selon toi, quel est l’enjeu des migrations de demain ?

Aujourd’hui de nombreuses personnes fuient la guerre et leur pays car ce n’est pas vivable chez eux. Il s’agit de l’exode comme nos grands-parents l’ont connu. Ces gens partent pour sauver leur vie, celle de leurs proches, de leurs enfants parfois. Mais il faut savoir raison garder. Nous sommes effectivement face à un flux important de personnes qui fuient la guerre, et la moindre des choses est de voir comment nous pouvons nous organiser pour les accueillir. D’ailleurs, ces personnes n’ont pas forcément vocation à s’installer durablement chez nous, et pourront repartir chez elles lorsque la situation sera revenue à la normale. Et nous devons tout mettre en œuvre pour les aider à atteindre la paix dans leurs pays. La raison profonde de ces migrations est l’instabilité politique et l’état de guerre qui sévit dans de nombreux pays du globe. Et mince, quand allons-nous réaliser que nous vivons sur la même planète ! Tout le monde a droit à sa part du gâteau ! Quand donc émergera une réelle volonté mondiale d’équilibre ? Je plaide pour une vraie vision humaine de notre planète.

  1. N’y a-t-il donc personne qui, au niveau international, porte cette vision ?

Si bien sûr, je crois que le Pape François incarne cette vision là ! Ce soir (l’interview a été réalisée le jeudi saint),  il va laver les pieds de migrants et de réfugiés. N’oublions pas qu’une de ses premières visites a été réalisée à Lampedusa, en Italie, haut-lieu des migrations internationales ! De plus, certaines ONG, telles que le CCFD Terre-Solidaire, font un travail remarquable. Je trouve que la chancelière allemande Angela Merkel est courageuse ! On a accueilli 6000 Kosovars en France (dont 400 dans le Var), en 1999,  tandis que plusieurs dizaines de milliers étaient accueillis en Allemagne ! Je me répète : les personnes étrangères peuvent être accueillies chez nous pendant une période transitoire.

  1. Pour finir, un petit mot sur l’accueil des étrangers dans le Var ?

Contrairement à ce que certains pensent, dans le Var, nous ne sommes pas envahis par les étrangers ! Le flux est tout à fait gérable. Par contre, je regrette qu’on ait beaucoup de mal à coordonner les moyens d’actions et donc qu’on n’arrive pas à mettre en œuvre dans un vraie politique d’accueil de l’autre. Cela manque d’une vision globale de la part des différents acteurs impliqués : partenaires publiques, associatifs, particuliers… Ça fait des années que je me bagarre pour ça, ce n’est peut-être tout simplement pas possible… Selon moi, il serait logique que la Diaconie du Var en soit l’un des pilotes, mais je ne sais pas si nous sommes prêts. J’aimerais que nos compatriotes soient convaincus que l’accueil des étrangers peut être une chance de comprendre le monde dans lequel nous vivons ! L’accueil de l’autre ouvre à une dimension universelle qui permet de saisir le monde dans lequel on vit ! Etre ouvert sur le monde, je l’ai transmis à mes enfants. C’est une richesse insoupçonnée, et désormais dans notre famille, cela va de soi !

Catherine Martinez, une femme engagée

Mère de 3 enfants et grand-mère avec 6 petits enfants : 3 chrétiens et 3 musulmans ! Présidente de l’association Femmes dans la cité, basée dans le quartier populaire de Berthe, à La Seyne sur Mer. Présidente de l’A.V.I.E, association porteuse du restaurant d’insertion Le Petit Prince. Chef de chœur de la chorale Chœur Espérance, de la Fraternité Saint-Laurent. Présidente du Secours Catholique du Var de 2002 à 2008. Présidente de l’association Sichem (membre de l’UDV), de 2009 à 2012.

Présentation vidéo de Catherine Martinez

Voici maintenant, sous forme de schéma explicatif, le parcours classique et celui du demandeur d’asile qui s’apparente souvent à un « parcours du combattant », et requiert beaucoup de patience et de ténacité de la part des demandeurs :
demande de titre de séjour

Parcours classique

demande d'asile

Demande de la protection de la France

Pour en savoir plus sur les migrants :

Les acteurs pour l’accueil et l’accompagnement des migrants dans le Var

Points d’entrée :

  • Demandeurs d’asile : France Terre d’Asile -> pré-accueil : guichet unique.
  • Autres demandeurs : Secours Catholique (04.94.89.72.00.).

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Sur la plateforme de la préfecture pour :

Santé

  • Hôpital le plus proche : Permanence Accès Soins Santé (PASS)
  • 5 Promo Soins à Toulon, Draguignan, Fréjus, Brignoles et Hyères

Hébergement

  • Service Intégré de l’Accueil et de l’Orientation (SIAO) -> urgence 115 et parcours d’accès au logement
  • 2 Centre d’Accueil des Demandeurs d’Asile (CADA) -> Aire Toulonnaise, France Terre d’Asile ([email protected]) et Est Var, SEV ([email protected])
  • Réseau Welcome

Accueils de Jour

  • Toulon -> Les Amis de Jéricho, Archaos
  • Hyères -> En Chemin
  • Fréjus -> Les Amis de Paola
  • La Seyne, Draguignan et Brignoles -> AVAF

Par Christophe Parel, responsable communication à l’UDV

Schémas réalisés par Delphine Dumont, chargée de communication.


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