Accorderie : et si notre vraie richesse était le temps ?

L’accorderie en Provence Verte fête ses 2 années d’existence. Initiée par une poignée de personnes, l’association rassemble aujourd’hui plus de 300 accordeurs et s’étend sur le territoire. D’inspiration québécoise, ce système d’échange de compétences et de services basé sur le temps, et non sur l’argent, permet de lutter contre la pauvreté, redonne du pouvoir d’agir aux habitants et contribue au vivre ensemble.

François Fil, son président, nous explique les raisons d’être et les facteurs de réussite de l’accorderie.

Pouvez-vous vous présenter ?

« Je suis avant tout un accordeur ! Je donne et je reçois : covoiturage, jardinage, aide pour compléter les papiers administratifs, cuisine, accueil, amener des personnes à leurs RDV etc.

Je donne et je reçois

Je suis aussi engagé comme président de l’Accorderie en Provence Verte et j’ai fait partie de l’équipe fondatrice. Par ailleurs, je suis très impliqué dans la vie associative et les solidarités sur le territoire de la Provence verte. »

Pourquoi l’accorderie a-t-elle été créée ?

« Elle est née des besoins des habitants du territoire : elle est partie de la base, du terrain et n’a pas été décrétée d’en haut. Les personnes accueillies qui fréquentaient Promo Soins Brignoles, et qui avaient récupérées leurs droits fondamentaux, se posaient la question de l’après : certaines étaient au chômage, d’autres étaient mal-logées ou souffraient de solitude, bref elles vivaient des situations de précarité au sens large.

Ces personnes fragilisées par les accidents de la vie souhaitaient avoir des relations avec les autres et surtout elles voulaient pouvoir se rendre utiles

C’est pour pallier à leur solitude et leur permettre d’exercer leurs talents ou leurs compétences que l’accorderie a été créée. Elle couvre tous les champs d’activités et de services ou presque : coiffure, garde d’animaux, garde de maison, aide au déménagement ou administrative, bricolage, jardinage, informatique…

La palette des échanges est immense ! Enfin nous sommes reconnus comme un acteur relevant du champ de l’ESS ».

Notre monnaie ce n’est pas l’argent, c’est le temps !

Et visiblement ça marche ?

« En effet : créée il y a tout juste 2 ans par un groupe « d’Habitants » du territoire, l’Accorderie est aujourd’hui victime de son succès et c’est tant mieux ! Elle rassemble à ce jour plus de 300 accordeurs, et 2 relais se  développent à Bras et Saint-Maximin. Cela permet de toucher environ 800 personnes sur le territoire.

L’accorderie est gérée par, pour et avec les habitants

Sa force ? C’est qu’elle est gérée par, pour et avec les habitants. Les tâches administratives relèvent du Conseil d’Administration mais la vie de l’accorderie incombe au Conseil des accordeurs. Nous fonctionnons grâce à un réel mode participatif : personne n’est propriétaire de l’accorderie si ce n’est les accordeurs, c’est-à-dire les habitants ! »

Qui sont les accordeurs ?

« Les profils sont très variés : tous les habitants du territoire sont les bienvenus, quels que soient leurs milieux sociaux ou culturels. La porte de l’accorderie est grande ouverte : on cherche à n’exclure personne, et nous attachons une attention toute particulière à la qualité de notre accueil et à la convivialité.

Ici nous expérimentons une réelle mixité sociale intergénérationnelle et interculturelle. Cette grande diversité fait la richesse de l’accorderie : c’est tout sauf un club de bobos ou un salon de thé pour personnes âgées…

Il y a la une réelle visée émancipatrice !

Environ 40% des accordeurs ont des revenus inférieurs à 10.000€ par an. Ainsi, on n’oublie pas notre vocation première : lutter contre la pauvreté, l’exclusion, la solitude, le sentiment d’inutilité, et aussi permettre de redonner du pouvoir d’agir aux personnes de toutes conditions. »

Œuvrez-vous en partenariat ?

Nous sommes membre du Réseau national des Accorderies de France qui fédère 36 accorderies en France et bien sûr nous sommes adhérents à l’Union Diaconale du Var (UDV).

Nous travaillons aussi avec l’ensemble du tissu associatif et les institutions liés à la solidarité en Provence Verte : Secours Catholique, Maison des initiatives sociales, Résidence St Christophe des Apprentis d’Auteuil, Promo Soins, CCAS de Brignoles et de Bras… et aussi avec les villes de Brignoles et de Bras, la Communauté d’agglomération Comté de Provence, la Maison de retraite de l’hôpital « La Source », la Caf, l’Etat etc. »

Il est essentiel d’œuvrer en réseau, sans jamais oublier que le cœur et la raison d’être de notre réseau, ce sont les accordeurs, c’est-à-dire les habitants !

Propos recueillis par Christophe Parel, responsable communication de l’UDV

Pour aller + loin

Visionnez le film « Le temps, une richesse » :

 

Consultez l’article que nous avions publié en 2015, à la naissance de l’Accorderie en Provence Verte

Consultez la brève consacrée à l’ouverture d’un relais à Bras

Vous voulez-vous aussi devenir accordeur ? Trouvez les contacts de l’association sur la page internet


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