Accorderie : une “première” en Paca !

Insertion L'accorderie est un système d'échange local qui promeut la solidarité et le lien social

L’accorderie est un système d’échange local qui promeut la solidarité et le lien social

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L’accorderie ou « la richesse c’est le temps » : ce concept solidaire né au Québec vient de naître sur Brignoles dans le sillon du Pôle territorial de l’UDV, porté par l’association Provence Verte Solidarités. Enquête sur cet outil innovant de lutte contre la pauvreté et visant à favoriser la mixité sociale, par Aline Racheboeuf, reporter bénévole pour Iota

Il y a chez nos amis canadiens des réminiscences d’un vieux français oublié par nous depuis bien longtemps, de ces mots qui sonnent joyeusement et sont surtout si évocateurs.  En 2002, au Québec, naquit une idée originale pour essayer de lutter contre la pauvreté et l’exclusion : les Québécois auraient pu appeler cela entraide… échanges… partages… Mais ils préférèrent  un synonyme d’harmonie : l’accord, c’est-à-dire l’art de mettre des instruments de musique au même diapason. Et là, les instruments furent remplacés par ces choses impalpables – mais bien réelles – que sont le savoir-faire, l’habileté, l’art, l’ingéniosité,  la connaissance, doublés du désir de se rendre utiles.

L’accorderie était née

L’orchestre au diapason se constituait d’habitants d’un même quartier, devenus accordeurs, regroupés pour échanger des services sans aucune contrepartie financière. Le  temps passé par l’un à la disposition de l’autre  devenait alors un « crédit de temps » à utiliser selon ses besoins, si divers soient-ils. « Ton heure devient mon heure, quel que soit ton savoir-faire et mes moyens » Et ce concept connut tout de suite un grand succès. Les gens comprenaient qu’il ne s’agissait pas d’une bienveillante utopie, mais de quelque chose de plus profond : chacun se voyait reconnu, utile à son niveau, il n’y avait pas de compétence supérieure à une autre.

La grande innovation, c’est justement l’égalité de tous devant ce facteur temps.

Ainsi, l’heure de cours de latin aura exactement la même valeur que l’heure du manœuvre qui balayera les feuilles mortes de votre jardin. Une heure de service rendu vaut une heure de service reçu.

Par exemple : M. Dupont (passionné d’oiseaux) a besoin d’un mécanicien pour dépanner sa voiture. C’est M. Dubois qui vient. Mais lui a besoin d’un jardinier. Alors M. Durand va tondre la pelouse, et c’est lui qui donnera à M. Dupont des conseils pour ses oiseaux.  Les heures passées par chacun sont gérées par une sorte de Banque de Temps, comme un compte en banque ordinaire.

Naissance d’un projet collectif

Au-dessus de tout ce qui est talent ou bonne volonté, c’est le lien humain qui apparaît et qui, insensiblement, recrée du lien social et de la convivialité. Du respect, également. L’accorderie est un projet collectif, il concerne les habitants et les acteurs d’un même territoire. On y croise des milieux sociaux différents, des personnes de tous âges, de toutes situations, vie active ou non, retraite ou chômage.

Mais attention : il s’agit d’un échange et non de bénévolat. A notre époque, où l’on serait tenté d’aller au plus court et au plus rapide, là, on prend le temps de chercher dans un répertoire de services proposés celui qui correspond au besoin du moment. Et comme il n’y a plus de talents cachés, on découvre un éventail immense de services parfois insoupçonnés, voire inattendus. L’imprévu est parfois au rendez-vous.

La découverte de l’AUTRE et de son savoir-faire est synonyme de rencontre, d’accueil, de partage avec des personnes auxquelles il ne nous serait pas venu à l’idée de demander quelque chose. Cette reconnaissance du talent (si minime soit- il)  enlève toute velléité de jugement et ressemble à une leçon d’humilité, de simplicité. « A l’accorderie, on ne consomme pas, on s’entraide… on dépense de la motivation, du vouloir partager » dit un accordeur canadien.

Voir le film Le temps, une richesse 

La relation humaine dénuée du rapport d’argent devient beaucoup plus naturelle et renoue les fils dans les villages, les quartiers. Pour les personnes isolées, c’est un bienfait à l’heure où tant de familles sont éparpillées par les aléas de la vie.

En 2011, ce système d’échange de temps commence à arriver en France, et à ce jour on dénombre 22 accorderies. En région Paca, Brignoles sera la première, avec déjà 250 accordeurs potentiels.

Tout ceci grâce au travail de l’association « Provence Verte Solidarités », qui a accompagné ce projet depuis l’origine et permis la création de l’association « Accord’heures en Provence verte » (AHPV) qui porte désormais ce projet sur le territoire.

Il existe maintenant une Charte des accorderies françaises.

Chaque accorderie est animée par un responsable de projet, ce qui facilite la mise en relation des personnes, la prise en charge du service et la gestion du temps.

 Par Aline RACHEBOEUF et Christophe PAREL

Lien vers le site Internet des accorderies

 

Pour en savoir plus : lire l’article de Var Matin du 8 octobre 2015

article Var Matin 8 octobre 2015

 


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