A Toulon, le patronage St Joseph fait grandir les enfants

Toulon, quartier du Pont du Las… Quittons l‘agitation et le vacarme des grandes avenues pour entrer dans la rue Sagnes. Quand le portail s’ouvre, c’est une vraie découverte. On rencontre ainsi dans les grandes villes des oasis de petits bonheurs où calme et joie sereine s’approchent de vous sans bruit. Quelque chose qui fait un peu penser aux cours de récréation des « petits Pagnol », Marcel et Paul. Ici, le domaine de la Bastide, propriété de la paroisse Saint Joseph, est un vaste parc arboré qui met en contact avec la nature.

Petit retour en arrière : le patronage a fait son apparition dans la deuxième moitié du XIXè siècle ; c’était une organisation paroissiale placée sous la protection d’un saint patron, d’où le nom, et destinée aux enfants des milieux populaires. Proposant jeux, sports, puis cinéma paroissial , c’est après la 2ème guerre mondiale que le « PATRO » connaît son apogée. Actuellement, les centres aérés sont en partie considérés comme leurs successeurs.

Salle d’activités

L’accueil du Directeur du Patronage Saint-Joseph, Gabriel de Fleurieu, est à l’image du paysage : souriant et calme. Il nous fait faire « le tour du propriétaire » : tout ici est simple, voire un peu hétéroclite… la vraie vie, quoi ! Le bâtiment où se retrouvent jeunes et animateurs pour le soutien aux devoirs et les activités, le mur d’escalade où chacun veut aller toujours plus haut (tout un symbole !), le poulailler, le potager où chacun voit pousser ce qu’il a semé, la terrasse avec sa grande table, signe du « être ensemble », enfin le bureau du directeur, chaleureux, à l’image du reste : on sent que tout ici est vivant, habité.

Bâtiment principal

Ouvert en septembre 2016, le patronage est une œuvre de l’Association d’Education Populaire St Roch qui offre aux enfants de 6 à 14 ans du quartier du Pont du Las et de ses environs un accueil péri et extra scolaire.  « Association laïque, mais qui se reconnaît dans les valeurs chrétiennes à l’origine de sa création. »

Gabriel de Fleurieu est salarié en CDI à temps plein ; autour de lui, une éducatrice (salariée à mi-temps), 2 jeunes en Service civique et une vingtaine de bénévoles de tous âges et de toutes provenances : mères de famille, étudiants, prof de français, retraités… Une Charte du Bénévole a été établie : même si le bénévole peut faire des propositions au niveau du travail, il lui est indispensable de connaître le projet et les attentes correspondant à son engagement : « Tout travail éducatif est fondé sur une vision de l’homme » qui commence par un comportement exemplaire de la personne qui souhaite donner du temps à cette mission. (Par exemple, si le portable est interdit pendant les activités, celui du bénévole l’est également !)

Chaque soir, de 15 à 19 heures, c’est l’aide aux devoirs ; le mercredi, il a été créé des cours de chant, de théâtre, d’escalade. Pendant les vacances, les jeunes sont inscrits à la semaine. Ils sont une quarantaine, de diverses provenances :  de l’émigration,  surtout du Maghreb et sont musulmans pour la plupart,  de la paroisse St Joseph, et d’autres différentes origines. Le Mercredi et pendant les vacances, chacun vient avec son pique-nique. Cela donne l’occasion de découvrir les habitudes alimentaires des autres, de partager une culture différente… et aussi de voir quelques surprises dans le contenu des sacs.  Dans ce domaine, il y a de l’éducation à faire…

 

Dans les activités, on ne fait pas de groupes d’âges, mais au contraire on les mélange afin que chacun découvre la vraie vie dans le respect de l’autre quel qu’il soit : le plus petit, le plus faible, le différent…. La mission des bénévoles est donc très importante : adhérer au projet pédagogique du patronage, pour aider l’enfant à progresser tout en gardant un lien solide avec les familles.

Pourtant, tout n’est pas simple dans la vie des enfants qui arrivent ! Gabriel de Fleurieu cible en premier « le manque de papas » et les difficultés d’existence des familles monoparentales où l’enfant dont la mère travaille dans des conditions souvent difficiles (de nuit, par exemple) se retrouve livré à lui-même avec pour seule compagnie celle d’un écran : télévision, jeux vidéo, réseaux sociaux, etc… ou bien celle de copains de la rue, pas plus rassurante. Sans le montrer, les enfants souffrent de ce vide. Telle la réflexion faite par l’un d’eux à Gabriel de Fleurieu : « T’es un vrai homme, toi ! ».

Il faut parler également des grandes différences entre les enfants : certains accusent un net retard mental, une pauvreté culturelle : ils ne connaissent ni les saisons, ni les mois de l’année. Et bien d’autres choses qui nous semblent tellement simples et normales et que nos propres enfants apprennent de nous sans s’en rendre compte !

Et puis, il y a aussi la pression des parents qui ont quitté leur pays pour offrir une vie meilleure à leurs enfants. Les sacrifices qu’ils ont ainsi faits sont autant de reproches adressés à leur progéniture lorsque surviennent des difficultés à l’école (intégration, mauvaises notes, etc…).

Gabriel et Mathilde de Fleurieu (à droite) avec les participants au Patronage

 

Allez, après cela, chercher en chacun ce qui pourra le faire grandir, lui donner confiance en lui pour qu’il prenne petit à petit la vraie place qui sera la sienne. Par le jeu, par la découverte de ce qui est beau, par les échanges avec les adultes, même si les résultats sont difficiles à percevoir dans l’immédiat, l’enfant évolue, voit ses actes valorisés et avance à petits pas.

Gabriel de Fleurieu est dans son élément ; il parle d’abondance de cœur de ce supplément de vie, de vie plus heureuse, que lui et ses collaborateurs mettent toute leur énergie à donner sans compter à des jeunes qui n’en soupçonneraient même pas l’existence. Il a la passion de ce qu’il fait, il sait la transmettre autour de lui, cela se voit. De sa part comme de celle des animateurs, l’engagement est fort qui vise à faire découvrir à l’enfant le « vivre ensemble » ; il faut l’avoir déjà découvert soi-même. Ce qui est touchant également, c’est son humilité lorsqu’il dit se sentir tout petit par rapport à d’autres structures de l’UDV, et ne faire que de toutes petites choses. Mais ces petites choses « faites avec beaucoup d’amour » comme l’ont souligné Mère Teresa ou Desmond Tutu, ce sont elles qui modèlent silencieusement la face du monde…    Ce qui est fort ou ce qui est faible, ce qui est fou ou ce qui est sage, qui parmi nous peut en juger ?…

Statue de la Vierge

Discrètement, la statue de la Vierge qui nous a accueillis nous laisse quitter ces lieux. A ses pieds, une prière de Louis-Marie Grignon de Montfort. Nous ne rentrerons pas chez nous comme avant, « la valeur même de nos actions » prend un autre visage après ce que nous avons découvert.  Dans ce cadre empreint de simplicité, c’est un autre regard sur la vie qui s’offre à ces enfants, un regard  où l’on perçoit tendresse et joie, accueil et partage…  comme dans le Trio des Ismaëlites de l’Enfance du Christ de Berlioz , ces ismaëlites qui accueillent la Sainte Famille après sa fuite en Egypte :

« Prenez vos instruments, mes enfants : toute peine cède à la flute unie à la harpe thibétaine. »

Aline RACHEBOEUF, reporter bénévole pour IOTA

Dernière heure : Un petit Savio vient de naître, mardi 21 mai, au foyer de Gabriel et Mathilde de Fleurieu. Le nouveau papa me dit ce que cette naissance va apporter au Patronage : joie partagée avec tous et toutes, bien sûr,  et supplément d’âme, celle d’une vraie famille à regarder vivre.

Samedi 15 JUIN : Kermesse tout l’après-midi. Les jeunes la préparent activement, les mamans aussi. Alors, pourquoi ne pas aller y faire un petit tour ?


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